Assurance vie : Perspectives sombres pour le marché français
L’environnement de taux bas continuera de peser sur le marché de l’assurance vie français en 2021, et cela malgré les efforts des assureurs et des épargnants, selon un rapport de l’agence de notation AM Best.
L'agence de notation, AM Best, a publié le 27 avril son rapport sur l'avenir du marché de l'assurance vie française en 2021. Dans un contexte de crise sanitaire, les ménages français ont épargné environ 16% des revenus disponibles en 2020. Alors que l’assurance vie est traditionnellement un placement privilégié, la tendance a changé, illustré par le recul du volume des primes en assurance vie de 20% sur un an. Le marché de l'assurance vie a enregistré une décollecte nette sur l’année 2020. Une première depuis 7 années consécutives. Selon le rapport d’AM Best, l’environnement de taux d’intérêts bas « détériorera la rentabilité des contrats à capital garanti » sur le marché de l’assurance vie française en 2021.
« Les rendements des obligations assimilables au Trésor à dix ans ont encore diminué en 2020 et ont terminé l’année à un plancher historique de -0,34%. La conjoncture de taux d’intérêts bas à réduit les revenus d'investissement des assureurs vie, les obligations arrivant actuellement à maturité étant réinvesties aux taux actuels, qui sont significativement inférieurs à ceux pratiqués précédemment », indique le rapport. L’ACPR a annoncé un taux garanti moyen de 0,41% sur le marché, alors qu’un quart des assureurs vie enregistraient un taux à 0,92% en 2020. « Même si les effets varient d’un assureur à l’autre, AM Best prévoit que l’impact négatif sur la rentabilité va augmenter à moyen terme, avec des rendements des portefeuilles qui continueront de chuter et avec une proportion supérieure de contrats à capital garanti qui tomberont au niveau de garantie minimum », précise l’agence de notation.
Le rapport pointe une « pression négative » des taux bas, sur les ratios de solvabilité des assureurs vie français. Bien que les bilans aient affiché des ratios « solides » en 2020, la volatilité des actifs et la baisse des taux d’intérêt ont fragilisé les assureurs. « Les contrats à capital garanti tendent à avoir une durée de vie bien plus longue que les actifs qui les soutiennent. Ce décalage signifie que la chute des taux d’intérêts engendre une détérioration des ratios de capital de solvabilité requis », indique le rapport d’AM Best. L'arrêté publié en 2019, a tenté de compenser cette baisse en permettant d’inclure une partie des provisions pour participation aux bénéfices dans les fonds propres.
L'épargne des français redonne de l'espoir
Malgré la tendance des Français à se tourner vers des produits d’épargne plus liquides, les assureurs vie bénéficient tout de même d’environ 40% de l’épargne des ménages, selon la FFA. Le rapport montre que la pandémie a eu un effet positif sur les épargnants qui ont mis de côté jusqu’à 25% des revenus disponibles bruts, au trimestre 2, de l’année 2020. « De plus, les contrats d’assurance offrent des caractéristiques privilégiées par les épargnants français, qui apprécient le profil de risque bas et les garanties d’accumulation des contrats à capital garanti. Ces facteurs devraient soutenir la position du segment sur le marché de l’épargne à moyen terme », indique le rapport.
Les assureurs prennent des mesures
De leurs côtés, les assureurs tentent de « rééquilibrer leurs stratégies » pour l’année 2021. Ils tentent de favoriser des contrats en unités de compte, moins consommateur de capitaux propres. « Cette évolution réduit le profil de risque du segment car les risques liés aux investissements sont transférés aux titulaires des polices », précise AM Best. Quant aux offres à capital garanti, les assureurs tendent à garantir les nouveaux contrats à un taux proche de zéro. « AM Best voit ces développements sous un jour positif et prévoit que ces caractéristiques deviendront plus courantes puisque les assureurs devraient continuer à adapter leur offre à la conjoncture actuelle des taux d’intérêts », indique la note de l’agence de notation. Les stratégies devraient également être soutenues par les plans d’épargne retraite lancés en 2019.
Renforcement de Solvabilité II
L’autorité européenne des assurances (Eiopa) a proposé en décembre 2020, de revoir les directives pour le calcul du taux ultime (UFR), dans le cadre de l’examen continu de solvabilité II. Selon AM Best, l’initiative pourrait être un facteur venant fragiliser les assureurs. « Si ces nouvelles directives sont adoptées, elles devraient augmenter les exigences en capital et donc avoir un effet négatif sur les niveaux de solvabilité réglementaires des assureurs vie », indique le rapport.
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