Carnet de voyage : Learning expedition à la Silicon Valley et Las Vegas

jeudi 26 janvier 2017
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La commission numérique de la Fédération française de l’assurance a organisé un voyage d’étude à la Silicon Valley et au salon Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas début janvier. Une quinzaine de chief digital officers de différentes compagnies d’assurance et mutuelles ont expérimenté sur le terrain les dernières innovations en matière d’intelligence artificielle, objets connectés et big data. Retour d’expérience avec plusieurs participants.

Deux ans après le lancement de la commission numérique de la FFA, la présidente de la commission numérique, Virginie Fauvel et le président, Bernard Spitz, ont souhaité organiser cette learning expedition. Au total, deux jours dans la Silicon Valley et deux jours au salon CES de Las Vegas. Les enjeux du numérique sont tellement transversaux qu'une partie du voyage s’est fait conjointement avec le Médef et Pierre Gataz.

Se rendre à la Silicon Valley et échanger avec les géants du numérique et des start-ups à la pointe de l’innovation c’est un rituel bien connu des directeurs de l’innovation et du digital des compagnies d’assurance. Mais y aller ensemble avec ses concurrents, c’était inédit. « Bien sûr que l’on peut voir le numérique comme un sujet concurrentiel et compétitif. Je crois que nous réussissons à dépasser ces enjeux de compétition pour voir comment notre métier va évoluer et comment ensemble nous allons faire avancer la profession pour qu’elle réponde aux attentes et aux usages de nos clients. », affirme Virginie Fauvel, Présidente de la commission numérique de la FFA et membre du Comité Exécutif d’Allianz France en charge du Digital et du Market Management.

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Des coups de cœur très intelligents

Parmi les start-ups rencontrées dans la Silicon Valley, les innovations en matière de voiture connectée ont marqué les esprits des assureurs participants. « J’ai été impressionnée par la société Nauto qui développe des caméras à l’intérieur et à l’extérieur de la voiture. Les caméras à l’extérieur analysent les comportements de conduite des véhicules autour et du propre véhicule et la caméra à l’intérieur filme le conducteur et détecte s’il est apte à conduire, s’il est déconcentré parce qu’il est sur son Smartphone par exemple, s’il est en phase d’assouplissement... En fonction de ces éléments, il donne des indications au conducteur. En cas d’accident, ces données peuvent être utilisées pour déterminer qui est responsable », pointe Virginie Fauvel.

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Maud Duval, directrice générale adjointe du Groupe Matmut, en charge de l’organisation et des systèmes d’information, retient la visite chez X-Brain, une start-up qui a une solide réputation dans l'usage de l'intelligence artificielle. Uniquement avec la voix, le conducteur peut échanger avec un assistant personnel intégré dans la voiture. Indiquer un itinéraire, passer un coup de fil, programmer un rendez-vous ou bien écouter de la musique, les échanges avec l'assistant personnel vont au-delà de la simple conduite.

Un autre participant partage son inquiétude par rapport au respect de la vie privée de certains objets connectés dans le domaine de la domotique. Par exemple, des caméras et des capteurs dans la maison permettront demain de savoir si vos enfants sont bien rentrés ou de connaître en temps réel dans quelle pièce ils se trouvent.

Autre coup de cœur de plusieurs participants, la société Smart car, qui a conclu des accords avec certains constructeurs automobiles dont elle refuse de dévoiler le nom. « Avec Smart car, on peut savoir sur son smartphone quel est le niveau de son réservoir d’essence et quand il reste moins de 10%, le téléphone envoie un sms à une société qui, à distance, peut ouvrir votre véhicule, remplir le réservoir et vous rendre votre véhicule. Je trouve ça assez fascinant », affirme la présidente de la commission numérique de la FFA.

L’expédition des assureurs français a également visité les sièges de Google et Facebook. Les échanges avec les géants du numérique sont dans une logique de coopération ou de compétition potentielle ? Pour Maud Duval, "Il est vraisemblable que Google ou Facebook ne seront jamais assureurs au sens 'compagnie d'assurance' mais personne ne peut affirmer qu'ils ne seront pas des distributeurs d'assurances. Ils se positionnent en tant que prestataires de services. Le véhicule et son usage étant amenés à subir de profondes évolutions, l'assurance pourrait devenir un service comme un autre". Pour sa part, Virginie Fauvel considère qu'« aujourd’hui, nous ne pouvons pas imaginer de faire notre business seuls. Nous sommes toujours dans une logique de partenariat. Quand nous rencontrons les Gafa, ils ne sont ni des amis ni des ennemis, ils sont des partenaires ».

CES de Las Vegas : Faire le tri entre le gadget et l’innovation disruptive

Au Salon Consumer Electronic Show de Las Vegas, les participants ont vu visiter des bâtiments entiers dédiés à l’automobile ou à la santé. "Au CES de Las Vegas, j'ai été marquée par l'essor des assistants personnels comme Alexa, l'assistant personnel d'Amazon. Demain on aura des logiciels intégrés dans la voiture qui réagissent à votre voix et qui apprennent en fonction de vos habitudes", anticipe M. Duval qui rajoute : "Il reste à trouver le modèle économique de toutes ces innovations. Qui est prêt à payer pour ces services ?".

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Des balances connectés, aux bikinis connectés pour éviter les coups de soleil en passant par des slips connectés, comment faire le tri entre ce qui représente une vraie innovation de rupture et ce qui relève du gadget ? "J'ai vu des objets connectés qui peuvent apparaître gadgets, comme par exemple une valise connectée. Mais le lendemain un assisteur annonçait avoir conclu un accord avec cette start-up pour intégrer ce service dans son offre d’assurance voyage", partage M. Duval.

« Le plus difficile dans une stratégique numérique c’est de faire les bons choix. Il y a énormément d’innovations et des sollicitations. Une transformation numérique réussie c’est savoir dire non. Mon métier c’est souvent de donner un cadre pour développer ce qui me paraît essentiel », confesse Virginie Fauvel.

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Le risque pour des sociétés d’assurance traditionnelles est de se faire dépasser par des start-ups plus agiles, plus innovantes qui remettent en question l’assurance telle quelle on la connaît aujourd’hui. « J’ai été très intéressée de voir que Polaroid, qui a eu quelques difficultés par le passé, avait un stand très moderne, très ludique et attractif, avec beaucoup de visiteurs. C’est une façon de montrer à la profession que de très belles entreprises traditionnelles réussissent le virage digital, même après un passage difficile, et deviennent très innovantes », se réjouit Virginie Fauvel.

« Si je devais retenir un élément principal de ce voyage, ce serait l’état d’esprit. À chaque fois que nous allons aux Etats-Unis, nous revenons avec une énergie incroyable. Il y a une volonté de changer le monde, de se relever quand il y a des difficultés, un enthousiasme qui est vivifiant. Au-delà de la technologie, ce que nous devons apprendre et retenir de cette partie du monde c’est l’optimisme », complète la présidente de la commission numérique.

Crédits photos : Matmut / FFA

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