Carol Etchebarne : "En France, le modèle TPA est relativement récent"
INTERVIEW - Carol Etchebarne, directrice générale de Sedgwick France, fait le point sur l’activité du spécialiste de l’expertise. Entre rééquilibrage des activités et nouvelle feuille de route, la dirigeante évoque également sa stratégie de gestion de sinistres déléguée (TPA).
Comment se porte Sedgwick France aujourd’hui ?
Nous sommes en ligne avec notre plan stratégique 2019-2022. Pour retrouver le chemin de la rentabilité, Sedgwick France s’est tout d’abord recentré sur la gestion de sinistres et la compétence métier expertale, puis nous avons entamé notre transformation digitale et technologique. Nous rééquilibrons nos activités entre risques de fréquence et risques techniques et d’entreprise et réalisons aujourd’hui 46% de nos activités sur le marché du professionnel et de l’entreprise.
Nous avons accéléré le développement de notre activité de gestion pour compte. Exclusivement destinée au marché de l’entreprise, elle progresse d’environ 30% sur un an. Sur ce segment, qui concerne les grands comptes et les assureurs spécialistes, nous gérons les sinistres dommage, RC, les recours ou les dossiers corporels. Nous avons récemment lancé une solution flotte auto, notamment pour accompagner les programmes internationaux.
En expertise, l’activité RC en progression de 25% sur l’année, est elle aussi en forte croissance, impulsée par sa forte corrélation avec la gestion déléguée. Enfin, nous renforçons trois lignes que sont l’agro, la marine et la protection juridique.
Avec quels types de clients travaillez-vous ?
Nous travaillons avec la plupart des assureurs grands risques, des assureurs généralistes, des banques, assureurs ou des mutuelles. Nous opérons avec le grand courtage, et le courtage local, dans le cadre de relations tripartites avec les assureurs.
Bien sûr, nous expertisons des sinistres de particuliers. En effet, notre suite de solutions digitales rend aujourd’hui nos activités plus fluides et efficientes. Les parcours assurés que nous désignons en partenariat avec nos clients génèrent un niveau de satisfaction élevé.
La gestion de sinistres déléguée est-elle une pratique démocratisée en France ?
En France, le modèle TPA est relativement récent. Sur les grands risques, la gestion pour compte est totale et se fait souvent en marque blanche. Cela va du pilotage des réserves au règlement, en passant par la gestion du fond de roulement.
Depuis 2 ans, les niveaux de couverture d’assurance suscitent de la part des risques managers un intérêt manifeste et croissant pour la gestion pour compte par un prestataire spécialisé et autonome. Nous leur offrons des solutions externalisées et modulables ainsi que des outils de pilotage et reporting répondant parfaitement à leurs besoins.
Comment accompagnez-vous les entreprises françaises à l’étranger ?
Sedgwick compte des experts dans 65 pays et dans toutes les disciplines. Nous sommes dotés d’équipes de coordination de programmes et accompagnons ainsi nos clients français partout à l’étranger en cas de sinistre.
Au-delà, nous disposons aujourd’hui de 10 hubs dédiés au TPA dans le monde. Cette expertise fait notre force à l’international. Aucun de nos concurrents ne dispose de cette capacité à opérer partout sur le globe.
Quels sont aujourd’hui vos objectifs de développement ?
Notre feuille de route s’articule autour de 3 axes essentiels :
Nous souhaitons intensifier la digitalisation de nos process front et back office. Ainsi, grâce à des solutions digitales couplées à des programmes d’intelligence artificielle, nous développons aujourd’hui l’automatisation de toutes les tâches en amont des opérations de l’expert.
Nous déployons des solutions présentes dans le portefeuille de services du groupe tels qu’à titre d’exemple : la brand protection (gamme de services de retrait de produits et de protection de l’image de marque), le Forensic financier ou en recherche de cause, la gestion de la fraude…
En tant que leader mondial du TPA, nous avons également agrégé une très grande quantité de données. Nous sommes ainsi en mesure de fournir des analyses raffinées sur les portefeuilles de risque que nous gérons de même qu’une analyse des risques par industrie ou encore zones géographiques.
Êtes-vous intéressés par de la croissance externe ?
Nous sommes acheteurs de solutions de services, bureaux d’études ou d’expertises que nous pouvons ensuite intégrer à nos activités.
En France, nous avons intensifié nos démarches d’acquisition, soit de cabinets de spécialités (en responsabilité civile, expertise marine, agro, fine art ou forensic) soit d’entreprises dédiées à l’ingénierie. Nous sommes actuellement en discussion avec plusieurs cibles.
On reproche souvent aux experts de ne pas être assez nombreux sur le marché. Que répondez-vous à cela ?
Il est vrai que la demande est supérieure à l’offre dans notre industrie. Former un expert de fréquence prend plus d’un an. Cela peut prendre 2 à 3 ans pour les experts de sinistres complexes ce qui explique cette situation de pénurie sur le marché. Nous sommes également dans une période comptant de nombreux départs à la retraite ou d’experts qui hélas quittent le métier. Il nous faut donc miser sur de nouveaux profils, non experts et les former. Sedgwick s’appuie pour cela sur son propre organisme de formation Sedgwick Campus.
Quel est aujourd’hui votre maillage dans l’Hexagone ?
Le groupe a réengagé il y a déjà trois ans un travail sur le maillage territorial afin de permettre à nos experts de trouver le bon équilibre de vie et d’éviter de trop longs déplacements ou trop d’isolement. Nous renforçons également la proximité avec nos clients essentiels dans notre métier.
Depuis un an et demi, nous ouvrons des zones d’implantations locales (Gap, Montpellier, Corse, Saint-Etienne, Chartres, etc) et nous avons déplacé certains de nos locaux, notamment ceux de Lyon, de Marseille ou de Bordeaux afin d’améliorer le cadre de travail de nos collaborateurs. Plusieurs autres nouveaux bureaux vont voir le jour en 2022.
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