Cédrick Rougeron : "Le réseau Aviva France n’est pas inquiet et il est motivé"
INTERVIEW – Pour News Assurances Pro, le président du Snaga (le syndicat des agents généraux Aviva France) revient sur l’état d’esprit du réseau au lendemain du rachat de la compagnie par Aéma Groupe. Entre dialogue avec la nouvelle direction générale, orientations tarifaires ou risques climatiques, Cédrick Rougeron n’oublie pas le sujet de la retraite complémentaire des AGA.
Dans quel état d’esprit sont les agents généraux d'Aviva France au lendemain de sa cession effective à Aéma Groupe ?
Le réseau n’est pas inquiet et il est motivé. La finalisation de la cession est une bonne chose car même si les discussions n’ont duré qu’une année, la crise sanitaire a rendu la période difficile. Les agents se sont tenus à l’écoute de l’avancée des négociations, tout en restant mobilisés sur leurs activités.
Le réseau sera-t-il en concurrence avec les autres entités d’Aéma, notamment la Macif ?
La grande majorité du business de Macif est réalisée sur le particulier. De son côté, Aviva France fait 55% de son chiffre d’affaires sur le particulier contre 45% sur le pro et l’agricole. Nous ne pouvons donc pas dire que nous sommes en frontal. Pour l’heure, les agents généraux continuent d’être proactifs. De son côté, Aéma ne devrait pas être intrusive et laissera Aviva travailler ses produits et ses marchés. Si ce n’est pas encore à l’ordre du jour, intégrer un grand groupe mutualiste pourrait nous permettre dans les prochaines années de bénéficier d’une offre plus étoffée.
Quid de la réassurance ? Bénéficiez-vous de celle du groupe mutualiste ?
Pour l’heure, nous ne sommes pas passés sous la réassurance d’Aéma Groupe et Aviva France continue de gérer ses propres sujets de réassurance.
Comment s’orientent les discussions sur la politique tarifaire 2022 d’Aviva France ?
Nous sommes en relation avec Aéma depuis près d’un an et nous n’avons pas attendu l’officialisation de la cession pour discuter de ce sujet avec la direction générale.
L’ensemble du marché fait face à une explosion du coût moyen des sinistres, que ce soit en automobile, en corporel ou en construction. Dans ce marché dommages haussier, nous devons être responsables tout en gardant en tête qu’il n’est pas concevable pour les assurés de subir de nouvelles hausses de tarifs brutales. Dans ce contexte, nous souhaitons des majorations tarifaires qui s’inscrivent dans la mesure et il nous semblerait déplacé de devoir annoncer des hausses supérieures à celle de l’an dernier alors que nous venons d’intégrer un groupe mutualiste.Qu’attendez-vous aujourd’hui de la nouvelle direction générale d’Aviva France ?
Notre nouveau directeur général doit s’installer, prendre ses marques. Nous avons évidemment convenu de nous voir de manière régulière et nous souhaitons garder cet accès direct à la DG, comme avec la précédente équipe. Nous devons ensemble rediscuter de nos ambitions, nous remettre au travail pour continuer de performer et croître sur nos marchés. Notre ambition commune est de continuer à faire un travail partagé et profitable pour tous.
Le risque agricole est-il en péril au sein de votre réseau ?
Nous avons un sujet climatique sérieux pour lequel nous devons revoir nos modèles, notamment de par notre forte représentation sur le marché. Ce sujet est d’ailleurs scruté de près par le président de la République puisqu’il a formulé dernièrement des propositions en ce sens.
Nous faisons désormais face à des épisodes climatiques comme la grêle, les inondations ou même la sécheresse, qui ne sont plus aléatoires. Nous devons donc réagir face à ces phénomènes devenus prévisibles en étant responsables. Sur ce point, nous avons par exemple demandé à être associés – aux côtés d’Agéa - aux groupes de travail mis en place par la FFA sur ces sujets.
Votre entrée au sein d’Aéma Groupe remet-elle en question le développement du réseau d’agents généraux ?
Le nombre d’agents généraux Aviva a été en croissance tous les ans sur ces derniers exercices et il y n’y a pas de volonté de la nouvelle direction générale de mettre un frein à cette dynamique. Il faut garder en tête qu’Aéma Groupe a racheté 100% des parts d’Aviva France pour continuer à développer les performances de l’entreprise. Chacun va donc poursuivre ses activités et il n’est pas question pour notre nouveau actionnaire de « casser le jouet ».
Comment allez-vous gérer le futur changement de marque pour le réseau ?
Le changement de marque n’a jamais été le souci principal de cette opération. Selon moi, la communication autour de la marque n’est pas un élément déterminant dans la notoriété des agents généraux. Les assurés viennent d’abord voir les AGA pour leur nom, leur notoriété, leur implication sur le terrain ou leurs actions locales. Arborer une nouvelle marque ne sera donc pas un problème pour le réseau.
La future AG du Snaga se tiendra en décembre prochain. Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Il s’agira bien évidement d’une Assemblée Générale statutaire, mais nous avions envie cette année d’un rassemblement différent, convivial et festif. C’est la première fois depuis plus de 18 mois que les agents vont pouvoir se retrouver ensemble et cela doit être une fête. Ce sera également le bon moment pour montrer à notre nouvelle direction générale notre volonté, notre implication, et pour elle de faire passer les bons messages pour que l’on puisse repartir « boostés » tous ensemble.
Pour conclure, quelle est votre position sur la volonté des assureurs de vouloir se retirer du financement du régime de retraite des agents généraux ?
J’ai été interpelé par cette initiative menée de front par la FFA alors même que les assureurs ont été aux abonnés absents lors du 1er confinement. Les agents généraux ont été en première ligne en tenant les clients et le business. Leur faire le coup de ne plus participer à leur régime de retraite au sortir de cette période difficile est une décision qui n’est pas à la hauteur.
Cette position est peu flatteuse pour la FFA qui se doit de redorer son blason. Je suis donc en colère d’autant que la participation des compagnies mandantes au régime des agents n’impacte en rien leur bilan. J’ajoute que les deux compagnies les plus virulentes sur le sujet sont celles qui souhaitaient quelques mois plus tôt faire l’acquisition d’Aviva France : preuve que les agents généraux sont importants à leurs yeux. Le sujet semble revenir sur un bon axe. Il aura fallu faire intervenir les élus, mais aussi les hautes sphères de l’État. Mais quelle image….
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