Christian de la Brélie : « La transformation de Klesia passe par la rationalisation »

mardi 23 octobre 2018
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INTERVIEW – Christian Schmidt de la Brélie, directeur général de Klesia, précise sa stratégie pour parvenir à réduire un point de frais de gestion par an pendant cinq ans. Cela passe notamment par une baisse d'effectifs.

Quels sont les projets en cours chez Klesia ?

Notre plan stratégique Ambition Klesia 2021 vise à accélérer la transformation du groupe en amplifiant sa croissance et en rationalisant ses dépenses. A défaut de pouvoir réaliser des marges techniques eu égard à une concurrence forte, à défaut d'avoir des produits financiers eu égard à des taux d'intérêt bas, c'est bien la baisse des frais de gestion en assurance de personnes qui permet de mieux assurer l'autofinancement.

Quel est votre objectif de baisse de frais de gestion ?

Nous avons commencé par baisser nos frais de fonctionnement en 2016. En assurance de personnes, nous avons prévu de baisser nos taux de chargement d'un point par an pendant 5 ans, pour aboutir à un taux cible de 18% à horizon 2021.

Comment allez-vous y parvenir ?

La première étape a consisté à supprimer des opérations devenues inutiles. Par exemple, nous avons désengorgé nos centres d'appels grâce à la digitalisation de l'envoi des déclarations fiscales de rente pour les retraités. Cela représente une économie de 1,6 million d'euros sur la gestion externe de nos centres d'appels. Les deux tiers des économies proviendront de simplifications de nos process. Le tiers des économies restantes est issu de l’anticipation de certains sujets. Nous avons ainsi rationalisé nos implantations en Ile-de-France. Nous étions sur plusieurs sites avec des surfaces par salarié qui étaient relativement larges. Après consultation des instances représentatives du personnel, nous allons libérer 4 étages d'un de nos immeubles aux Batignolles au premier semestre 2019. Cela représente 7 millions d’euros de loyers par an économisés.

Comment parvenez-vous à libérer autant de place ?

Pour le confort de nos salariés d’Île-de-France, nous avons toujours privilégié des implantations sur Paris intra-muros, ou en bordure de périphérique. La disposition de nos locaux actuels est très au-dessus de la moyenne en matière de m2 par salarié. Nous avons donc préféré rationaliser nos espaces, plutôt que de s’éloigner de nos sites historiques.

Est-ce que vos effectifs vont évoluer à la baisse ?

Dans cette logique de rationalisation, nous avons regardé quels seront les métiers de demain. Nous allons renforcer notre cœur de métier, la gestion de la prévoyance lourde. A l'inverse, la généralisation du tiers payant, l'automatisation progressive des prises en charge en dentaire et en hospi et le reste à charge zéro, feront que les lignes traitées manuellement vont profondément diminuer. Si aujourd'hui 80% des flux sont traités de façon automatisée, demain on pourrait passer à 90%. Cela veut dire qu’il faudra réduire de moitié le nombre de gestionnaires. Soit on ne fait rien aujourd’hui, ce qui nous conduirait à déclencher un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) dans quelques années, soit on propose de nouvelles solutions à nos salariés, que ce soit en matière de changement de métier, changement d’employeur ou formation pour les préparer aux métiers de demain.

Qu'allez-vous donc faire de vos gestionnaires ?

Environ 80 salariés vont partir dans le cadre d'un transfert, avec des garanties supérieures à ce que prévoit l’article L. 1224-1 du Code du travail. Nous avons lancé une consultation des instances représentatives du personnel en ce sens. Ensuite, nous allons organiser un appel d'offres pour choisir un opérateur de gestion déléguée qui va reprendre le personnel. 160 autres salariés vont changer de métier, au sein même de Klesia, sur un effectif global de 3 500 salariés. Enfin, un plan de formation de grande envergure a été mis en place par notre équipe des Ressources Humaines, afin de préparer l’ensemble de nos collaborateurs dans la transformation profonde que vit Klesia.

Quels sont les résultats en 2018 ?

Nous sommes une structure qui, dans son activité multi-professionnelle, a enregistré de bons résultats, avec un taux de résiliation deux fois inférieur à la moyenne interprofessionnelle du marché. Nous avons réalisé une très bonne année 2018 (pour 2019) : nous avons déjà dépassé nos objectifs, notamment grâce à la coassurance de la branche intérim en prévoyance, sur laquelle nous avons le plaisir d'avoir été co-sélectionnés avec Apicil.

Quelle est votre stratégie de distribution ?

Nous avons un réseau interne qui nous permet d’être présent auprès des entreprises qui ont besoin d’expert. Mais 90% de nos clients sont des TPE, nous avons donc besoin d’une présence terrain très importante pour pouvoir assurer le service que nos clients sont en droit d’attendre. Nous ne pouvons évidemment pas recruter 500 commerciaux. Nous avons donc choisi de renforcer des partenariats existant tels que celui que nous avions historiquement avec Generali, et nous en avons créé d’autres, notamment avec la CNP en 2016, et avec Allianz cette année. Grâce à ces réseaux, nous souhaitons défendre nos portefeuilles et distribuer des garanties supplémentaires, notamment des contrats sur-complémentaires individuels.

Est-ce que Klesia est dans une logique de rapprochement ?

Nous comptons mener le plan stratégique Ambition 2021, en restant maître de notre destin dans le temps, ce qui n'empêche pas de nouer des partenariats. Nous avons la taille suffisante pour affronter les contraintes règlementaires et il n'y a pas de projet de rapprochement sur la table à ce stade. Pour être compétitif demain, il faut avoir la solidité financière et la capacité à avoir les femmes et les hommes qui répondront aux exigences du client et aux exigences règlementaires.

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