Chronique : Comment la crise liée au Covid-19 pourrait peser sur la solidité des assureurs
Le secteur de l’assurance continue de bénéficier au global d’un niveau de solvabilité élevé qui devrait lui permettre d’éviter un abaissement généralisé de ses notations en réaction à la crise actuelle.
Toutefois, cette dernière devrait exacerber les points faibles de certains acteurs et c’est pourquoi nous ne pouvons exclure certaines actions à la baisse concernant aussi bien les notations que les perspectives dont elles dont assorties. Plus précisément, la volatilité observée sur les marchés de capitaux devrait affecter en priorité les assureurs vie qui y sont plus naturellement exposés au travers de leurs investissements mais aussi en fonction de la nature des garanties octroyées aux assurés.
Au-delà de son impact sur l’économie dans son ensemble, la crise actuelle devrait peser sur la solidité financière du secteur de l’assurance de différentes manières. La conjonction d’un environnement de taux bas persistant, d’une hausse attendue des défauts d’émetteurs obligataires et enfin d’une baisse significative des marchés d’actions va incontestablement affecter la rentabilité des assureurs mais aussi diminuer leur solvabilité.
De plus, une détérioration de la qualité de crédit des portefeuilles obligataires pourrait aussi peser sur les exigences de fonds propres. A ce titre, nous sommes particulièrement attentifs à l’importance relative dans les portefeuilles des obligations notées en catégorie BBB à ce stade mais dont la notation pourrait être abaissée en catégorie spéculative. Par ailleurs, les effets négatifs devraient se faire sentir sur l’activité de souscription des assureurs sous forme de moindre primes encaissées à la suite du fort ralentissement attendu de l’économie ainsi que d’une hausse significative de la sinistralité dans certaines branches. Cela pourrait notamment être notamment le cas en assurance crédit mais aussi en prévoyance, même si au global nous considérons que les pertes devraient être supportables pour le secteur dans son ensemble.
Enfin, nous estimons que l’exposition des assureurs aux pertes d’exploitation devrait rester limitée dans la mesure où ces dernières ne sont généralement couvertes que si elles résultent d’un dommage matériel. Toutefois, nous sommes attentifs à l’impact que pourraient avoir le versement d’indemnisations extra contractuelles consenties aux assurés ainsi qu’aux mesures contributives exceptionnelles mises en place par les pouvoirs publics.
Marc-Philippe Juilliard, directeur, S&P Global Ratings
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