La Grameen Bank est la référence du micro-crédit. Fondée en 1976 au Bangladesh, l’établissement a depuis distribué près de 5 milliards de dollars de prêts dont le taux de remboursement avoisine 97%. Plus généralement, la micro-finance actuelle se différencie de l’offre financière classique par son montage financier. Seule la prime de risque compose la tarification, la prime commerciale perçue par l’établissement est supprimée.
Un contexte réglementaire incitatif à la prise d’initiatives envers les plus démunis
L’évolution de la Loi Bancaire impose désormais aux établissements un plafonnement systématique des frais prélevés aux clients en difficulté financière. Cette loi vise aussi à encadrer le processus d’entrée en relation : les établissements financiers ne peuvent refuser un client pour des motifs de précarité (évolution du droit au compte; les établissements LCL et Société Générale ont chacun été sanctionnés d’une amende de 2 millions d’euros, respectivement en 2013 et 2014). D’autre part, la charte de l’inclusion bancaire impose aux établissements de mettre en place un reporting permettant d’identifier et de suivre, par des critères de leur choix, leur population de clients dits « fragiles ». Enfin, il est demandé aux établissements de mettre en place des mesures d’aide à l’accès aux services bancaires.
Les opportunités liées à l’offre de micro-assurance en France
Moins connue que son grand frère le micro-crédit, la micro-assurance peine encore à s'imposer dans le paysage de la finance. Or, on estime aujourd’hui à 500 millions le nombre de bénéficiaires d’un contrat de micro-assurance dans le monde, et ce chiffre devrait doubler d’ici 2020 d’après l’Organisation internationale du travail (OIT). En France, alors que 99% de la population française est bancarisée, l’accès aux services financiers ne concernerait que 15% des clients. Il inclue les personnes en précarité extrême (revenus très faibles), les personnes ayant subi un accident de la vie (décès, chômage), un évènement peu ou mal anticipé (retraite, études supérieures).
La micro assurance : un business à saisir ?
Pour un assureur qui entendrait développer une offre, les perspectives de rentabilité seraient à envisager sur le long terme. L’effet de levier de la micro-finance est basé sur une fidélisation avérée du client à son établissement. Ainsi, la proportion de pertes générées par les entrepreneurs disposant d’un micro-crédit est bien inférieure à celle des emprunteurs ordinaires. L’enjeu pour les assureurs repose sur la perception de l’environnement culturel, social et géographique, au sein duquel ces offres vont être lancées. Les circuits de distribution devront être repensés pour s’adapter à ce segment de clientèle. Aussi, l’enquête REFLEX de la Banque Postale révèle que le démarchage est inutile et que le client doit être à l’initiative de la démarche. Une économie bien précieuse au regard des investissements à engager pour l’acquisition de nouveaux clients. D’autre part, l’accompagnement est un facteur clé de succès pour le processus de bancarisation. En effet, le dénominateur commun de ce segment de clientèle est la forte carence en matière d’éducation budgétaire. La mise en place de ce type d’offre, incluant un service d’accompagnement, est une véritable opportunité pour les établissements financiers qui, d’une part, peuvent intervenir dans le domaine de l’ « économie réelle » et, d’autre part, peuvent rétablir progressivement une relation de confiance avec le client, altérée dans le contexte actuel de crise financière.
Matthieu Henry d’Aulnois, Manager Solucom Lucie Porcher, Consultante Solucom
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