Solvabilité 2 et ses obligations en matière de reporting poussent les assureurs à développer le Big Data à des fins commerciales et de réorganisation interne.
Solvabilité 2 dont l'entrée en vigueur se rapproche n'est pas vécue comme une simple contrainte réglementaire pour les assureurs. Les exigences techniques en matière de reporting, de collecte de données ou d'ORSA ont ouvert la voie à des opportunités de business via le Big Data (la collecte massive de données et leur traitement automatisé).
L'état d'esprit des compagnies a progressivement changé. « Solvabilité 2 a d’abord été vécu à ses débuts comme un sujet très actuariel, puis il s'est opéré un basculement, les directions générales se sont progressivement emparées du sujet, comprenant qu'il était transverse, et qu'il devait transformer les organisations au-delà de son caractère réglementaire », explique Redouane Bellefqih, Associé IT Advisory - Secteur financier chez Deloitte. Solvabilité 2 et le Big Data vont sensiblement de pair. « On voit clairement que les grands groupes s'interrogent sur la façon dont ils peuvent capitaliser sur Solvabilité 2 et la construction d'entrepôts de données pour bâtir d'autres grands sujets sur le digital ou le Big Data », souligne Jimmy Zou, associé partner chez PriceWaterhouseCoopers.
Ainsi, chez Allianz, Alain Burtin, directeur marchés, intelligence clients & services au sein de l’unité Digital et Market Management explique que Solvabilité 2 et le développement du Big Data permettent « d'établir de nouvelles corrélations sur les données collectées ou de réaliser des tarifications plus précises ». A terme, le sujet devrait devenir un véritable avantage concurrentiel dont même certaines mutuelles se saisissent. « Au départ, nous avons construit notre entrepôt de données comme une sorte de 'commande' liée à Solvabilité 2 puis nous l'avons pensé de manière beaucoup plus large pour nous permettre de mieux segmenter, tarifer, connaître la clientèle et nos sociétaires, de façon à optimiser la marge de l'entreprise », raconte Anne-Sophie Fraissinet de Clerq, directeur financier et des risques de la Mutuelle de Poitiers (330M d'euros de CA, 446.000 sociétaires).
La quantité de données collectées par le biais de Solvabilité 2 et la création d'entrepôts de données permettent non seulement de travailler de nouvelles méthodes de tarification, d'affiner la connaissance comportementale des clients, d'optimiser les campagnes de pub, de renforcer la sécurité des données, et de réduire le risque de fraude grâce à des algorithmes puissants sur des zones dites « sous-exploitées », mais aussi d'optimiser l'organisation interne.
« Les assureurs profitent de Solvabilité 2 pour rationaliser les systèmes d'informations ainsi que les plateformes utilisées: c'est à dire redéfinir les rôles de chacun en terme de gouvernance des données, mettre en place des nouveaux référentiels et dictionnaires de données, engager des chantiers pour refondre les architectures et règles d’urbanisation, établir des dispositifs de contrôle interne en terme de qualité des données et s'équiper d'outils progiciel pour le reporting de la qualité de données », décrit Redouane Bellefqih, chez Deloitte. Solvabilité 2 poussent les assureurs à s'approprier les données externes et internes et à mettre en place de nouvelles stratégies, et, contre toute attente à se créer des opportunités commerciales.
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