Contraints d’annuler leur festival musical à cause du coronavirus, les organisateurs du Hellfest mettent en cause l'assureur Albingia qui refuse de les indemniser. Ces derniers envisagent d’interpeller l’ACPR et de monter une action de groupe.
Pour sa 15e édition, le Hellfest aurait espéré meilleur anniversaire. Prévu les 18, 19 et 20 juin prochain, le festival musical qui se tient chaque année à Clisson (44) ne pourra finalement pas avoir lieu à cause du coronavirus. Contraints d’annuler l’évènement, les organisateurs de la manifestation ont publiquement mis en cause leur assureur Albingia qui refuse de les indemniser.
Dans un communiqué publié sur son site, l’association Hellfest Productions explique avoir contracté auprès de la compagnie une garantie lui permettant d’être couvert en cas d’annulation de l’évènement. Selon nos informations, le montant de la prime souscrite par le Hellfest - environ 172.000 euros - porte sur un montant maximal de garanties couvrant l’ensemble des frais et charges d’exploitation du festival, soit 21M d'euros.
Fin de non-recevoir
« Ce même contrat d’assurance stipule clairement que seront prises en charge les pertes pécuniaires dues à d’éventuelles pandémies à condition que le contrat ait été signé avant l’apparition et la reconnaissance de cette pandémie par les autorités françaises ou par l’OMS. Notre contrat a été signé le 17 décembre 2019, soit avant l’apparition officielle du virus en Chine », peut-on lire dans le communiqué du Hellfest. « Albingia nous a adressé une fin de non-recevoir sous prétexte que ce 'type' de pandémie ne rentrait pas dans les termes de notre police d’assurance. Nous contestons évidemment cette lecture et cette prise de position », indiquent ensuite les organisateurs.
Toujours selon nos informations, la réponse qu’Albingia donne aux organisateurs du Hellfest indique : « en effet, votre contrat stipule bien que demeure expressément exclus tout cas de pneumonie atypique engendrant un syndrome respiratoire aigu sévère […] Il ne peut être contesté que le virus SARS-COV de 2003, le virus SARS-COV 2 de 2019 ainsi que tout autre virus susceptible dans l’avenir de provoquer un syndrome respiratoire aigu sévère demeurent bien exclus ».
Contacté par News Assurances Pro, Benjamin Barbaud, le directeur du Hellfest explique, « si le Sras fait bien partie des pandémies exclues du contrat, il n'en est pas de même pour le Covid-19. Notre lecture est différente de celle d’Albingia. Nous ne sommes pas médecins, mais Albingia non plus et nous ne sommes pas les seuls à considérer que le Covid-19 n’a rien à voir avec les épidémies que nous avons connues entre 2002 et 2004. Il suffit de lire les rapports de l’OMS, de l'institut Pasteur et du ministère de la Santé et des Solidarités. Pour eux, le Sras n'est pas le Covid-19 et je crois plus ces institutions qu'Albingia. Nous considérons donc l’approche de la compagnie comme malhonnête ».
Solutions nationales
Si le courtier du festival, que nous avons contacté à plusieurs reprises, n’a pour l’heure pas répondu à nos sollicitations, Albingia, par l’intermédiaire d’une agence de communication de crise, indique regretter l’annulation du Hellfest et partager la déception des festivaliers.
« Nous avons des échanges avec les organisateurs par l'intermédiaire de leur courtier et de leur avocat et ils se poursuivront. La crise que nous traversons est inédite et violente pour tous, de par son ampleur et de par sa nature, et contrairement à ce qui a pu être indiqué ce type de risque est exclu par nos contrats. Cependant, nous sommes un assureur responsable et entendons demeurer aux côtés de nos clients dans cette période difficile. Le secteur des grands évènements culturels sera particulièrement impacté et nous pensons que des solutions nationales doivent être trouvées, à court terme comme pour l'avenir, ce travail de réflexion est mené par l’État et les représentants du secteur », explique la compagnie.
ACPR et action de groupe
Alors que l’assureur a demandé par voix d’avocat à ce que Hellfest Productions retire son communiqué, les organisateurs du festival, eux, s’appuient depuis quelques jours sur le soutien d’autres professionnels du spectacle.
« Un nombre incalculable de collègues et de confrères organisateurs de festivals ont souscrits le même contrat que nous auprès d’Albingia. Ils sont aujourd'hui très inquiets et prêts à nous suivre dans une action groupée », explique Benjamin Barbaud. « Nous allons également interpeller l’ACPR et nous avons bon espoir que notre dossier les interpelle. Depuis le début du confinement et des échanges de mails entre notre courtier et l’assureur, Albingia indique qu’il refuserait de nous couvrir. Si c’est le cas une fois que nous leur aurons fait parvenir notre déclaration de sinistre, nous porterons l’affaire en contentieux », conclut le patron du festival.
Lors de son édition 2019, le Hellfest avait enregistré une fréquentation de 60.000 festivaliers par jours et accueilli près de 150 groupes musicaux pour un chiffre d'affaires de plus de 27M d'euros.
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