La mobilisation des établissements et services de soins mutualistes est générale, mais elle prend des formes différentes en fonction des régions et de l’intensité de la pandémie.
Mi-mars, comme les autres assureurs, les mutuelles se sont mises au télétravail généralisé… Et comme les autres acteurs du système de santé, elles se sont mises en ordre de marche pour aider le secteur public à prendre en charge un afflux de patients inédit. Vu de l’assurance, on oublie que chez certains mutualistes, les établissements et services de soins pèsent lourd, et représentent parfois beaucoup plus d’effectifs que les activités assurantielles. « Dans nos cliniques, après avoir déprogrammé l'activité chirurgicale non urgente, nous avons préparé dès la mi-mars des zones spécifiques, dédiées à la prise en charge des patients, Covid ou non, en provenance des hôpitaux », explique Philippe Cotta, directeur général délégué du groupe Vyv.
Toutefois, comme la grande majorité des établissements sanitaires de VYV est implantée dans des régions relativement préservées comme le Grand Ouest et la Gironde, « nous sommes plutôt en position d'attente », indique ce dernier.
A l’inverse, Eovi MCD a été mobilisé avant le confinement. « En Auvergne Rhône Alpes, nous avons travaillé avec le CHU de Saint-Etienne dès le début du mois de mars pour préparer l’accueil des patients. La conversion de nos salles de bloc opératoire et de réveil en lits de soins critiques nous a permis d'augmenter la capacité d'accueil de 8 à 29 lits. Nous avions 25 patients le 10 avril. Nous avons une unité Covid pour les patients qui ne nécessitent pas de réanimation », détaille Rémi Bouvier, directeur général d’Eovi Santé et Services. Autre région, autre ARS, à Perpignan et Montpellier, le rôle des cliniques Eovi MCD, dotées de lits de réanimation, a été de prendre en charge les patients non Covid nécessitant une chirurgie, ce qui permet aux structures publiques de se focaliser sur les malades touchés par le virus.
« Dès la mi-mars, les établissements hospitaliers de la MGEN ont libéré des places pour accueillir des patients non Covid venus du public. On a ensuite aménagé des services dédiés au Covid pour prendre en charge des sorties de réanimation. Depuis le 23 mars, nous accueillons des patients atteints du Covid qui viennent directement des services d'urgence, et qui sont placés sous surveillance médicale poussée, mais pas en réanimation », explique Stéphanie Roger, vice-présidente de la MGEN. La mobilisation des établissements mutualistes va donc au-delà des établissements disposant de réa, notamment dans les régions sous tension.
Ainsi, l’établissement MGEN de La Verrière, dans les Yvelines, qui ne dispose pas de réa, compte à lui seul 80 lits pour des patients Covid venus des urgences.
Dans l’Ouest, comme il n’a pas fallu remplir les lits Covid ouverts par VYV dans ses cliniques, une trentaine de médecins et d'infirmiers anesthésistes sont allés prêter main forte dans le public. Des médecins du groupe mutualiste qui sont aussi allés suppléer les effectifs de MesDocteurs, la start-up entrée dans le groupe en 2019, et qui a vu le volume de ses téléconsultations exploser, comme tous ses concurrents.
Une mobilisation au-delà du pic épidémique
Autre forme de mobilisation chez VYV au Mans, à Angers et à Nantes, où les ambulances du groupe ont contribué au transfert des patients arrivés par TGV jusque dans les services hospitaliers d’accueil. Les véhicules sanitaires se font taxi et transportent des personnels soignants qui utilisent d'habitude les transports collectifs.
La mobilisation ira au-delà de la gestion du pic épidémique. « Notre réflexion porte aujourd'hui sur la prise en charge post réanimation. Les patients affaiblis par le virus et par un long séjour en réanimation vont nécessiter une rééducation et une réadaptation avant d’envisager leur retour à domicile. Il faudra trois à six mois de soins pour certaines personnes pour se remettre sur pied. Nous avons pu mettre en place un service de six lits », annonce Rémi Bouvier. « Dans notre établissement de rééducation de Kerpape, nous avons ouvert 30 lits pour accueillir des patients handicapés atteints du Covid », précise de son côté Philippe Cotta.
Enfin, les mutualistes gestionnaires d’EHPAD sont aussi mobilisés sur ce front-là, mais relativement épargnés pour le moment. Alors qu’au niveau national, 45% des EHPAD ont des pensionnaires contaminées par le Covid-19, parmi les 160 établissements de VYV 3, un peu plus d’une quinzaine sont concernés. L’implantation géographique, majoritaire dans l’Ouest de la France, a probablement joué favorablement. « Avant le confinement, les visites dans les EHPAD étaient déjà très restreintes, comme nous le faisons habituellement en période d'épidémie de gastro et de grippe », explique Stéphanie Roger.
Toutefois, un établissement de la MGEN, dans le Val d’Oise, laisse craindre un foyer. Avec deux établissements en Ardèche où de nombreux pensionnaires ont contracté le Covid. Eovi-MCD est en revanche plus touché. Dans tous les cas, la campagne de dépistage annoncée par le gouvernement, réclamée par les gestionnaires d’établissements, est en cours de déploiement.
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