La décision a été rapide. Le Tribunal de Commerce de Paris n’a pas jugé possible le redressement d’Assor et a annoncé sa liquidation judiciaire.
Convoqué ce jeudi 27 juin au Tribunal de Commerce de Paris, après sa déclaration de cessation de paiement, Assor a finalement été mis en liquidation judiciaire, selon nos informations. Le jugement a été rendu cet après-midi.
Un administrateur sera chargé de la liquidation qui doit intervenir lundi 1er juillet à minuit. Le juge a rendu sa décision rapidement, au vu de l'important passif du courtier. Stéphane Verdeil, dirigeant d'Assor, a pourtant essayé de demander un redressement judiciaire en présentant à ses salariés un plan de continuation, assorti du licenciement du plus grand nombre.
Mais les salariés, désabusés, se sont prononcés eux-même pour la liquidation judiciaire. Ils l'ont fait savoir au juge par l'intermédiaire d'un représentant présent à l'audience. Cela a pu peser dans la balance.
Les salariés se prononcent pour la liquidation judiciaire
Sur le site de Monteux (Vaucluse), les collaborateurs, récemment expulsés de locaux, ne mâchent pas leurs mots. "C'est un grand soulagement, nous sommes ravis que cela se finisse, nous en avions assez d'Assor et de Stéphane Verdeil qui a coulé une entreprise qui marchait", nous dit -on.
L'éventualité d'un redressement judiciaire accompagné d'une période d'observation d'un mois faisait craindre aux salariés une attente intenable et une reprise d'activité dans un projet qu'ils ne portent plus. "Nous n'y croyons plus, ni dans Assor ni dans la parole de Stéphane Verdeil. Les salariés, sur la partie opérationnelle, ont dû gérer au téléphone ou sur le site les récriminations des assurés, très en colère, alors qu'ils ont, eux, bien fait leur travail. Nous sommes dans un situation atypique où les salariés veulent partir au plus vite", explique sans détour un cadre d'Assor à Paris.
Mais c'est aussi un important sentiment de gâchis qui domine. "Assor, Assurama, Gras Savoye Particuliers étaient trois structures qui fonctionnaient bien. Stéphane Verdeil a tout bradé en 2-3 ans! Plus aucun porteur de risque ne veut désormais travailler avec nous", ajoute-t-il.
Stéphane Verdeil en conflit avec Pasteur Mutualité
Dans un mail de Stéphane Verdeil adressé aujourd'hui à ses salariés, ce dernier fait part de sa reconnaissance aux salariés et explique "que la résiliation brutale de tous les contrats par Pasteur Mutualité à la fin de l'année 2012 et les conséquences sur l’activité d’ASSOR France dans son ensemble ont été déterminantes dans le jugement de ce matin". Il ajoute à propos de Groupe Pasteur Mutualité: "Je me suis retrouvé face à un mur. C’est maintenant sur le terrain judiciaire que l’affaire se règlera."
Groupe Pasteur Mutualité avait déjà réagi à ces propos, jugeant que "depuis plus d’un an, Assor avait cessé de régler les prestations d’assurance aux adhérents des compagnies d’assurance qui lui avaient confié un mandat de gestion".
États des lieux
Pour les 118 salariés du groupe en France qui seront bientôt licenciés économiques, l'assurance de garantie des salaires (AGS) doit prendre en charge le paiement des salaires et indemnités de départ.
Le liquidateur nommé par le tribunal devra faire un état des lieux de l'entreprise pour essayer d'éponger au mieux ses dettes. De nombreux nantissements de fonds de commerce des Urssaf, des caisses de retraites et des partenaires d'Assor ont été enregistrés depuis plus d'un an.
Mais Assor risque fortement de ne pas pouvoir honorer ses dettes aux compagnies et aux mutuelles. Les prestataires d'Assor et son réseau de courtiers (qui ne reçoivent plus de commissions depuis septembre-octobre 2012) risquent aussi d'être perdants. Les dossiers des assurés qui n'ont reçu plus aucune prestation depuis août-septembre 2012, ont été repris par les porteurs de risques.
L'avenir des filiales d'Assor en Espagne, Italie, Russie se posent également après la liquidation d'Assor France qui réalisait 90% du chiffre d'affaires.
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