Covid-19 : Le groupe Vyv détaille l’impact économique sur ses activités

mardi 30 juin 2020
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La crise sanitaire de la Covid-19 aura un impact de 650 millions d’euros et de 10 points de solvabilité pour le groupe Vyv.

« Nous avons largement les épaules pour encaisser un choc de cette nature », indique Stéphane Dedeyan, directeur général du groupe Vyv. A la fois complémentaire santé et opérateur d’offre de soins, le groupe mutualiste a été « en première ligne » dans la gestion de la crise sanitaire.

La chute des marchés financiers, la hausse des spread et les risques de faillite auront un impact d’environ 650 millions d’euros sur le bilan du groupe Vyv. Le ratio de solvabilité, à 178% en 2019, devrait être dégradé de 10 points, selon Stéphane Dedeyan, qui indique que le choc serait moindre pour le groupe Vyv que pour d’autres acteurs plus exposés aux risques longs.

Après un exercice 2019 déficitaire à -48,5 millions d'euros, le groupe s’attend à enregistrer à nouveau des pertes en 2020. Sur le résultat d'exploitation, le groupe anticipe une augmentation des prestations prévoyance et des prestations santé liées à la portabilité des droits. Le groupe prévoit également une réduction de son chiffre d’affaires liée aux défauts de paiement des entreprises et à la baisse du nombre de personnes assurées, suite aux suppressions de postes. Les activités d’offre de soins et de services de Vyv3 devraient clore l’exercice 2020 avec un déficit compris entre 70 et 100 millions d’euros, suite à la fermeture des centres optiques, dentaires et auditifs pendant la crise.

Des gains incertains

Stéphane Dedeyan a également évoqué d'éventuels gains, et notamment une baisse des prestations cumulées de 16% de janvier à mai. Cette chute des prestations, qui a atteint 30% pendant le confinement, va-t-elle durer ? Le directeur général du groupe Vyv n'est pas de cet avis. Il évoque des reports des soins et l’aggravation de l’état de santé suite au renoncement aux soins. « Au final, ce sont des pertes certaines et des gains incertains. Si gains il y a et que l’on nous oblige à les donner à la Cnam, ces gains vont se traduire en pertes », déclare-t-il.

Le groupe se questionne également sur temps nécessaire pour « reconstituer ce matelas de sécurité ». Pour ce faire, Vyv souhaite se développer sur de nouveaux marchés comme la retraite, faire des économies grâce aux outils du groupe comme Mutex en prévoyance ou Egamo en gestion d'actifs et enfin investir sur les systèmes d'information pour gagner en efficacité. « Il faut se préparer à encaisser des chocs de ce type dans les années à venir, comme sur les catastrophes naturelles. Il y aura une augmentation de la fréquence de ce type d’événement, mais pas forcément une hausse de l’intensité », analyse Stéphane Dedeyan.

Les dirigeants du groupe Vyv ont également commenté la demande faite aux organismes complémentaires par les ministres Gérald Darmanin et Olivier Véran de participer financièrement aux dépenses exceptionnelles de l’assurance maladie liées à la crise.

La vérité des prix

« Depuis le début, nous disons qu’il serait inconvenant et pas moralement acceptable de tirer un quelconque bénéfice de la crise. Mais il ne faudrait pas qu’à la crise sanitaire succède demain une crise plus importante d’accès aux soins parce que, dans la période, des structures auraient été fragilisées et ne pourraient plus répondre aux besoins de la population. Je plaide pour la plus grande transparence. Nous voudrions travailler à livre ouvert avec l’Assurance Maladie, prendre des mesures à intervalle régulier, pour, le moment venu, reverser dans le système de santé les sommes qui lui reviennent », déclare pour sa part Thierry Beaudet, président du groupe Vyv. « Est-ce que le temps de la transparence est le temps du politique. J’aimerais qu’il n’y ait pas une mesure qui tombe dans les prochaines semaines et qui ne nous laisse pas le temps de faire la vérité des prix ».

Vyv prêt à mettre 100 millions sur la table

Le président du groupe Vyv a proposé de « mettre au pot commun » certaines dépenses prises en charge de manière exceptionnelle par l’assurance maladie obligatoire pendant la crise et qui, en temps normal, reviennent aux organismes complémentaires. C'est par exemple le cas du ticket modérateur des actes de téléconsultation, les tests sérologiques, les recettes des établissements de santé, sur la base des exercices précédents. Vyv est donc prêt à engager, dès à présent, une centaine de millions d’euros correspondants à ces dépenses de santé. Le groupe souhaite faire trois points d’étape avec l’Assurance Maladie, fin juin, fin décembre, puis fin mars 2021, pour comptabiliser les éventuels gains et pertes liés à la crise.

Faut-il craindre une taxe ?

Mais ce geste suffira-t-il ? Faut-il craindre une taxe, dans le cadre du prochain PLFSS ? « S’il devait y avoir une mesure de cette nature, je souhaite que ce soit plutôt une contribution qui puisse venir impacter notre résultat technique et pas nos frais de gestion, que cela participe aux prestations », a demandé Thierry Beaudet.

De fortes ambitions sur l'offre de soins

Le groupe Vyv souhaite enfin accélérer sa stratégie de développement sur l’offre de soins et de services et structurer le pôle non lucratif. Cette activité s’est fortement développée ces dernières années. Elle ne représentait que 400.000 euros de chiffre d’affaires en 2009 contre 1,9 milliard d’euros aujourd'hui et 28.000 collaborateurs. Elle a enregistré en 2019 -20 millions d'euros de déficit mais le groupe a défini une trajectoire de retour à l'équilibre dans les trois prochaines années. « Nous allons développer davantage nos activités d’offre de soins et de services dans les années qui viennent », annonce Stéphane Junique, président de Vyv3.

Le groupe a prévu d’investir 40 millions d’euros sur les prochains exercices pour acheter de nouvelles structures dans trois secteurs prioritaires : l’accueil de la petite enfance (crèches), les soins de premier recours (cliniques et centres de soins et d’adaptation) et le grand âge (Ehpad).

Pour Stéphane Dedeyan, qui porte le projet de transformation Forces Vyv, la crise sanitaire a été « un test grandeur nature de validation de notre stratégie. Nous ne sommes pas un assureur qui vend des contrats, active des garanties et rembourse des soins. Nous sommes présents aux côtés des adhérents pour les accompagner pendant des moments de vie. Nous avons été capables d’assembler les services. L’assurance est une façon de solvabiliser le coût de ces services ».

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