Après quatre années de hausse répétées des tarifs auto et MRH, le secteur - qui a pu reconstituer ses résultats techniques - va revenir à une certaine modération en 2014, prévoit Facts&Figures.
Le seuil de tolérance des consommateurs aux hausses tarifaires des assurances dommages semble avoir été atteint. Après avoir pu redresser leur rentabilité grâce à des séries d'augmentation de tarifs bien supérieure à l'inflation, le secteur ne peut plus continuer sur la même pente, il est arrivé à un point de rupture, a indiqué le cabinet Facts&Figures lors de la présentation du baromètre 2013 des assurances dommages. Son président fondateur Cyrille Chartier-Kastler dit s’attendre l'année prochaine à "une nette décélération des hausses de tarifs par rapport aux années passés".
Des hausses de 0 à 2% en auto et de 3% en MRH
En automobile, le cabinet prévoit des hausses comprises entre 0 et 2% en 2014 contre des augmentations annuelles en moyenne de 2% (jusqu'à 3,16%) depuis 2010 par le secteur. En MRH, les analystes s’attendent à une croissance de 3% l’année prochaine alors que les opérateurs ont appliqué des hausses supérieures à 5% jusqu’à 5,80% en moyenne annuelle depuis 2010.
Mais, le cabinet estime qu’en habitation, certaines régions pourraient connaître une inflation de 5 à 10% en raison de leur exposition accrue aux risques naturels. La mutualisation des risques arriverait à une certaine limite selon le cabinet.
Point de rupture
En MRH comme en auto, cette modération tarifaire s’explique par l’impossibilité croissante des consommateurs d’absorber des revalorisations continues des primes, si bien que "les opérateurs qui se situeront entre 3 et 5% de hausse perdront des affaires au 1er janvier 2014", souligne Facts&Figures.
"Bien souvent les hausses affichées par les assureurs ne peuvent pas être appliquées. Les consommateurs sont à bout de souffle, ils renégocient, revoient à la baisse leurs garanties. Les portefeuilles fondent. Les réseaux d’agents ont des chutes de contrats qu’ils ne peuvent plus se permettre de voir continuer", explique Cyrille Chartier-Kastler. D’ores et déjà, la Maif a annoncé un gel des tarifs pour 2014 en automobile.
Les hausses significatives des années précédentes ont permis au secteur depuis 2011 de voir les résultats techniques revenir dans le vert en auto et MRH. En auto, "on peut prévoir de très bons résultats techniques pour 2013", pronostique le cabinet. En MRH, le secteur ne va pas trop souffrir des inondations de début juin. "Le marché se porte beaucoup mieux qu’il y a 5 ans" et "les hausses passées permettent désormais d’absorber un montant annuel d’événements climatiques de 500M d’euros à 1Md d’euros". Christian Baudon, nouveau DG de Covea, a pourtant déjà annoncé une hausse des tarifs liée aux inondations dont le coût est estimé à 500M d’euros au total pour l’assurance.
La loi Hamon : "un non-événement"
Enfin, selon Cyrille Chartier-Kastler, les assurances dommages ne devraient pas non plus se renchérir à cause de la loi Hamon, rendant possible la résiliation à tout moment après un an d'engagement. Le président du cabinet tacle une certaine "excitation du secteur qui ne fait pas sens".
Il explique : "l’assurance n’est pas un bien de consommation courante, une préoccupation quotidienne des Français. Les assureurs qui tiennent bien leur portefeuille et le suivi-après vente ne risquent pas de ruptures de contrats en masse". En revanche, l’arrivée récente de Google sur le marché des comparateurs automobiles constitue un enjeu majeur d’après le cabinet. Le géant d’Internet va indiscutablement aiguiser la concurrence tarifaire grâce à son positionnement incontournable.
À voir aussi
Assurance : Le marché des PME-TPE, mirage ou eldorado ?
Assurance : Qui sont les champions de la rentabilité ?
Comparateur : Les Furets en discussion avec des bancassureurs
Auto : Maaf n'augmentera pas ses tarifs en 2014