Edito : Cas d'école, assurément
C'est la rentrée, et si les vacances ont été reposantes, on peut compter sur l'assurance pour se remettre rapidement dans le bain.
La rentrée est arrivée, telle qu'on (je) les aime. Avec son lot de petits nouveaux sur les bancs du Conseil des ministres, un prof principal qui dévoile un programme autrement plus intéressant pour l'entreprise que ce qui était prévu avant les vacances, et malgré la rudesse annoncée de cette nouvelle année scolaire, quelques signaux positifs sont tout de même bien là, notamment ces bulletins rendus public fin juillet.
Tout cela serait enthousiasmant s'il ne restait pas quelques interrogations. Notamment sur la tenue de l'école elle-même. Dans quel état sont ses fondations ? Et qu'attendre des clients, qui semblent à bout de souffle, craintifs au point d'épargner un maximum alors que se profilent encore des évolutions réglementaires de nature à faire des prix le thème central de cette année scolaire.
Dans ce contexte, voici un cas d'école à destination d'un cours d'éducation "civique", dévoyé par l'intérêt commercial.
Une famille "classe moyenne", profil bon père de famille, compte en banque fournissant son lot d'agios mensuels dans des limites rentables et acceptables. Rendez-vous donné à quelques jours des vacances par la directrice de l'agence. Discours servi : "vous bénéficiez d'un pack de services que vous n'utilisez pas, je vous propose donc de nouveaux services plus utiles à votre situation".
La situation bancaire étant connue de la directrice, (découverts récurrents en fin de mois, hausse des prélèvements des impôts, coût à venir de la rentrée, taux d'épargne d'environ 5% des revenus, crédit immobilier au plafond des 33%), les clients se disent que l'offre ne peut-être qu'intéressante, que cette délicate attention va dans leur sens.
Bilan : ont été vendues, une protection juridique (doublon complet de l'assurance habitation), une assurance "des appareils nomades" limitée aux téléphones portables du ménage, dont l'un est d'une vétusté dépassant la franchise de 60 euros. Travail de la "conseillère" : vente. Devoir d'information : nul. Coût total à l'année majoré de 30%.
Appelé à la rescousse par le couple, je n'ai pu que constater les dégâts : deux ventes faites en dépit du bon sens, à la limite de la désinformation ("tous les appareils sont couverts dans toutes les situations"), sans remise des conditions générales ("vous les trouverez sous votre espace en ligne").
Questions : Si vous êtes ministre de la consommation, que vous désirez redonner du pouvoir d'achat et un vrai pouvoir (tout court) aux clients, un délai de rétractation de 7 jours après une vente, même en agence, est-il une solution ?
Si vous êtes l'ACPR, que diriez-vous des conditions de ventes des agences bancaires et de la qualité de la formation/information des réseaux intéressés aux ventes ?
Si vous êtes un (banc)assureur (mutualiste, sans actionnaire bla bla bla bla), la rentabilité de ces produits permet-elle d'assouplir les conditions de crédits aux entreprises, aux ménages, à l'économie réelle ou d'assouplir les conditions d'indemnisation ?
Si vous êtes un client, qu'attendez-vous pour changer d'établissement ? Ou pour "utiliser" ces contrats ?
Si vous êtes à ma place, placeriez-vous cette rentrée sous le signe d'un désenchantement sur la survivance de coutumes indignes ou sous celui d'une nouvelle motivation à dénoncer les dérives (nombreuses) d'un secteur qui se trouve trop régulé ?
Si vous êtes déçu par la situation du pays, par la médiocrité des élites, par l'attitude des gouvernants, par le matraquage fiscal, par le pouvoir donné aux clients et leur tendance à choisir le prix le plus bas, balayez devant votre porte.
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