Édito : Les prés carrés ne tournent plus rond

jeudi 27 juin 2024
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Observer le secteur de l'assurance est une chance tant il est riche et particulièrement ancré dans la vie quotidienne des gens. Il suffit de tendre l'oreille dans les transports en commun pour s'en rendre compte. Pas une semaine ne se passe sans que mon ouïe ne détecte une conversation qui évoque l'assurance. Avec une vingtaine de dossiers de sinistres traités par minute en dommages, rien d'étonnant.

Pourtant lorsque l'on scrute ce secteur quotidiennement, un étrange phénomène se produit. Une impression d'immobilité se fait jour. C'est finalement la même sensation qu'avec les enfants. Les côtoyer tous les jours nous empêche parfois de les voir grandir. Et il faut une personne extérieure pour nous révéler la réalité. Ou un événement suffisamment marquant pour nous jeter en pleine figure ce changement inéluctable.

C'est le cas pour l'assurance. Depuis plus d'une décennie que je la suis, j'ai parfois l'impression que l'histoire bégaie. La couverture de la dépendance patine. Les injonctions de l'ACPR sur les distributeurs se répètent à l'envi. Les mutuelles ont de vraies valeurs. Les résultats financiers sont globalement bons, à de rares exceptions près. Les ministres de la Santé font peu de considération des organismes complémentaires... Cependant, à travers un sujet qui nous occupe beaucoup ces dernières semaines, l'évidence est apparue. Le secteur n'a plus rien à voir avec ce qu'il était il y a 15 ans de cela.

Ce sujet, c'est celui de la PSC dont les résultats des appels d'offres réservent leurs lots de surprises. Les tenants historiques de certains ministères tombent comme des mouches. Et ils se débattent pour conserver leurs positions. En vain ? Peut-être. Car les prés carrés disparaissent, heurtés de plein fouet par des météorites réglementaires.

Le voilà ce changement profond que l'on ne voit pas au premier coup d'oeil mais que l'on ressent, à l'image des plaques tectoniques invisibles et pourtant sous nos pieds qui ne manifestent leur présence que par des séismes. Mais qui façonnent le paysage depuis des milliards d'années. La résiliation infra-annuelle, la fin des clauses de désignation et maintenant la réforme de la protection sociale complémentaire de la fonction publique rebattent les cartes. Avec un sous-jacent qui transpire de chacune de ces mesures : les marchés sont à tout le monde et pas seulement l'affaire d'une poignée. Une forme d'abolition de certains privilèges que ne renierait pas la France jacobine révolutionnaire. Mais brutale pour ceux qui paissaient paisiblement dans leurs prés.

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