Édito : Vraies mutuelles, pourquoi les Français ne font pas la différence
Les Français ne font pas la distinction entre une société d’assurance, un groupe de protection sociale ou une mutuelle parce que leurs méthodes de tarification et leurs pratiques commerciales sont de plus en plus convergentes. Les partenariats entre des mutuelles et des sociétés d'assurance contribuent à la confusion.
Qu'est-ce qu'une vraie mutuelle ? La campagne de la Mutualité française a relancé le débat sur l’identité mutualiste. La FNMF souhaite ainsi rappeler aux Français qui mettent dans le même sac les trois familles de complémentaires santé, les vraies spécificités des mutuelles.
Selon la Mutualité française, une vraie mutuelle « n’exclut personne en matière de santé » ; « investit 100% de ses bénéfices au service de tous » et « vous donne le pouvoir de participer à ses décisions », entre autres. Une campagne donc qui insiste sur les valeurs mutualistes. Mais si les Français ne font pas la distinction entre une société d’assurance, un groupe de protection sociale ou une mutuelle c’est peut être parce que leurs pratiques commerciales sont de plus en plus convergentes.
Par exemple, la méthode de tarification des acteurs non-lucratifs se rapproche de plus en plus de celle des sociétés d’assurances. Par définition, une société d’assurances construit ses tarifs en fonction du risque, en prenant en compte l’âge et la zone géographique de la personne. En revanche, historiquement certaines mutuelles comme celles de la fonction publique, appliquent des transferts de solidarité. Selon le principe du transfert indiciaire, le tarif de la prime évolue en fonction des revenus et les écarts de tarif peuvent aller jusqu’à 50% entre les gros et les petits revenus. Sauf que ceci est de moins en moins vrai. Les mutuelles ont revu leurs méthodes de tarification ces dernières années et ces écarts de tarifs se sont drastiquement réduits. Pas question pour une mutuelle aujourd’hui de laisser partir les cadres à la concurrence.
Les transferts familiaux et générationnels sont également supérieurs chez les mutuelles. La Drees le confirme. Pourquoi alors la Mutualité française n'ajoute pas le critère, "une vraie mutuelle ne fait pas évoluer le coût de la cotisation avec l'âge" ?
Les écarts sur les frais de gestion restent stables
Les mutuelles peuvent se vanter d’avoir des frais de gestion plus faibles que les sociétés d’assurances : 20% pour les mutuelles contre 23% pour les sociétés d’assurances et 15% pour les institutions de prévoyance en 2016 selon la Drees. Les écarts restent stables au fil des ans, mais jusqu’à quand ? Bientôt aux frais d’acquisition et autres frais d’administration, il faudra ajouter la colonne « frais de rapprochement ». Le mouvement de concentration que vit le secteur mutualiste est censé créer des d’économies d’échelle à long terme mais à court terme, les coûts juridiques, informatiques et de communication pour rassembler toutes les activités de différentes mutuelles méritent d’être comptabilisés.
Enfin, la porosité entre les différentes familles de complémentaires santé n’a échappé à personne. Intériale qui s’associe avec Axa pour remporter le référencement du ministère de l’éducation nationale ; CNP Assurances qui gère la prévoyance de la MGEN, Maif Parnasse (société d’assurance), qui passe un partenariat avec le groupe Vyv pour faire de l’assurance vie… Les exemples de collaboration entre le monde lucratif et non-lucratif ne manquent pas.
Voici donc pourquoi le mot "mutuelle" restera de plus en plus galvaudé et pourquoi les Français ne sont pas prêts à mettre fin aux confusions entre les vraies mutuelles et les autres.
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