Élection présidentielle : l’épineuse question de la retraite
Alors que 87% des Français se disent inquiets quant à l’avenir du système de retraite, ils ne sont pas prêts à travailler plus longtemps ni à diminuer le montant des pensions de retraite. Les propositions des candidats à la présidentielle pour reformer le système des retraites se heurtent à une opinion publique réticente.
Le vieillissement de la population française et la diminution de la durée de la vie active remettent en question la viabilité du système de retraite français. Système par répartition ou par capitalisation, durée de cotisation, âge de départ, niveaux des pensions, régimes spéciaux, épargne retraite… Le déséquilibre financier à venir demande des reformes. Mais selon le baromètre 2017 sur l'épargne retraite réalisé par Ipsos pour le Cercle des épargnants, les Français sont conscients du problème mais ne sont pas prêts à faire des concessions.
Le baromètre montre que 87% des français se disent inquiets quant à l’avenir du système de retraite. Ils sont un peu moins nombreux à être angoissés quant à leur situation personnelle (60%), mais ils restent majoritaires à avoir une attitude pessimiste. Cette préoccupation ne provoque pour autant une adhésion aux différentes solutions envisagées. 8 français sur 10 s’opposent à une réduction du montant des pensions de retraite, 59% rejettent l’idée de reculer l’âge de départ et 42% ne veulent pas augmenter le montant des cotisations tout au long de la vie. L’idée de développer les fonds de pension ne séduit que 46% des Français interrogés.
Les propositions des candidats à la présidentielle sur la retraite
La proposition de François Fillon de porter l’âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans risque donc d’être très impopulaire, comme ce fut déjà le cas lors de la dernière reforme des retraites de 2010, appelé « réforme Woerth » qui a vu l’âge de départ passer de 60 à 62 ans et le relèvement progressif de l’âge de liquidation d’une retraite sans décote de 65 à 67 ans.
Emmanuel Macron promet de ne pas toucher à l’âge légal de la retraite mais envisage de supprimer les régimes spéciaux. En effet, aujourd’hui, 37 régimes différents coexistent, avec des âges de départ différents en fonction du statut. Son projet de retraite universelle permettrait d’aligner le public sur le privé, de regrouper tous les régimes en un seul et les règles de calcul seraient les mêmes pour tous. Ses propositions ne vont donc à l’encontre de l’opinion des Français et risquent d’être acceptées sans difficulté. En revanche, sa proposition d’alourdir la fiscalité de l’assurance vie en mettant un place un prélèvement unique de 30% sur les nouveaux versements fait grincer les dents des associations d’épargnants. « Nous avons constaté que la loi Sapin 2 a eu un impact sur la collecte brute de l’assurance vie dans le dernier semestre de 2016 et nous pensons donc que toute mesure visant à modifier la fiscalité de l’assurance vie risque d’avoir un fort impact sur la collecte », signale Stellane Cohen, du cercle des épargnants.
Le candidat d’En Marche ! prend en compte le facteur pénibilité qui concerne 510.000 travailleurs, alors que François Fillon envisage de supprimer le compte pénibilité. Sur ce point, Benoît Hamon maintient les engagements pris lors du dernier quinquennat et assure vouloir prendre en compte dans le calcul des droits à la retraite la pénibilité du travail et l’engagement associatif. Le candidat socialiste déclare vouloir revaloriser des minima sociaux de 10% (dont le minimum vieillesse) ainsi que les petites et moyennes pensions. Il propose également de “revenir à l’indexation des pensions sur les prévisions d’inflation plutôt que sur la hausse des prix constatée au cours des douze derniers mois”.
Enfin, sur le sujet de la retraite, les propositions de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon se rejoignent. Ils partagent l’idée d’avancer l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, avec l’obligation d’avoir cotisé pendant 40 ans pour percevoir une retraite à taux plein. Au regard du Baromètre 2017 sur l’épargne retraite, cette mesure même si elle ne résout pas le problème de la la pérennité du système, risque de séduire une bonne parti de l’électorat.
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