Épargne : Les assureurs toujours peu friands des actions
En 2020, la part d’actions représentait seulement 3% des actifs du portefeuille des acteurs de l’assurance, selon Optimind. Un chiffre en baisse par rapport à 2019 malgré un appel à la participation au financement de l’économie par les autorités.
Optimind publie le 21 juillet un benchmark sur l’épargne individuelle et analyse les indicateurs d’activité, financiers et de solvabilité des 23 principaux acteurs de l’assurance. Dans un contexte de taux bas continu, la crise sanitaire aura provoqué une réelle réorientation de l’épargne des Français. La réglementation Solvabilité II aura permis aux acteurs du marché de garder la tête hors de l’eau, alors même que la revoyure de la directive a été reportée et que les indicateurs s’affaiblissent.
Le conseiller en gestion des risques a constaté que la part d’actions du portefeuille d’actifs de tous les acteurs confondus en 2020, s’élevait à 3%, contre 3,3% en 2019. « Les évolutions mises en œuvre sur le choc action dans le cadre de la revoyure 2018 de Solvabilité II, ayant pour vocation d’inciter les assureurs à investir plus dans les actions et à contribuer au financement de l’économie n’ont apparemment pas eu l’effet escompté », indique le benchmark. Par acteurs, les bancassureurs comptaient une part de 2,5% d’actions dans leurs portefeuilles, les assureurs 3,5% et la part des mutuelles s’élevaient à 3,1% sur l'année 2020. « Cela peut s’expliquer par la complexité associée à ce mécanisme, qui fait d’ailleurs l’objet de propositions de modification dans l’avis définitif de l’EIOPA » explique le rapport.
De leurs côtés, les actifs obligataires ont conservé leur place majoritaire, représentant 54,1% des actifs, contre 55,2% en 2019. Les investissements étaient également répartis, pour tous acteurs confondus, entre les obligations d’entreprise à hauteur de 44,5% et les obligations d’État représentant 50,6%, le reste étant les titres structurés et les titres garantis.
Une chute des affaires directes
Basé sur les 23 principaux acteurs du marché en matière d’épargne individuelle, le rapport montre un réel impact de la crise sur le choix des épargnants. En effet, les cotisations brutes en affaires direct chutent de 22% en 2020, elles s’élevaient à 103Mds d’euros, contre 131Mds d’euros en 2019 et 125Mds en 2018. Avec des rendements décroissants, les épargnants ont eu tendance à se tourner vers des supports à forte liquidité comme les livrets réglementés et comptes courants, ce qui a affecté principalement les bancassureurs et assureurs. Ils enregistrent chacun une baisse de 23,9% et 20,9% d’affaires directes tandis que les mutuelles affichent une collecte en baisse de 9,4%. En revanche « les investissements sur les supports en unités de compte ont mieux résisté, avec une diminution pour les bancassureurs (- 3 %) et les compagnies d’assurance (- 2 %) alors que la collecte en UC des mutuelles a augmenté (+9 %) », indique le benchmark.
Les mutuelles en bonne santé
Le poids des fonds propres éligible à la couverture du SCR continue à peser dans le passif du bilan des acteurs de l’assurance. Les bancassureurs qui ont été mis à l’épreuve durant cette crise ont enregistré une baisse de 4,2% de leurs fonds propres éligibles à la couverture du SCR, Quant aux assureurs, le montant de fonds propres a baissé de 7,63Mds d’euros en 2019 à 7,37Mds d’euros en 2020, soit une chute de 3,5%. Bien qu’elles soient face à des exigences moindres, les mutuelles ont prouvé leur résilience avec des fonds propres éligible à la couverture SCR en hausse depuis 2018. Elles enregistrent un total de 3,46Mds d’euros de fonds propres en 2020, contre 3,44Mds en 2019 et 2,84Mds d’euros en 2018.
Dans un contexte de crise sanitaire, le besoin en capitaux réglementaires de chacun des acteurs du marché a augmenté. Alors que les bancassureurs se comptent comme les acteurs ayant le plus grand volume de SCR avec 4,51Mds d’euros en 2020, les mutuelles, de leur côté, ont enregistré l’augmentation la plus importante en deux ans. En effet, elles ont comptabilisé une hausse de 17,1% entre 2018 et 2020, contre 16,2% pour les bancassureurs et 6,3% pour les compagnies d’assurance.
Enfin, sur l’année 2020, le ratio de couverture SCR moyen s’élevait à 236% avec tout de même une baisse globale et de fortes disparités entre les acteurs allant de 132% à 469% pour certains. En détail, les compagnies d’assurance ont été les acteurs enregistrant la plus faible baisse, soit -8,4%, suivis par les mutuelles avec une chute à hauteur de 9%. Quant aux bancassureurs, leurs ratios de couverture SCR ont décru de 13,8% entre 2019 et 2020.
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