Étienne Champion (Axa XL) : "La gestion des capacités et la sélectivité sont vitales"
INTERVIEW – Etienne Champion, chief underwriting officer APAC & Europe pour Axa XL, livre à News Assurances Pro sa vision du marché des grands risques en ce début d’exercice 2022. De l’appétit de souscription en passant par la politique de coassurance de l’assureur, il fait également le point sur la question du cyber et sur les opportunités offertes par les captives.
En quoi le "hard market" actuel modifie-t-il l’appétit de souscription d’Axa XL en Europe et en Asie ?
Après un long cycle baissier, les tendances de marché de ces dernières années nous permettent de retrouver un équilibre sur des lignes où les primes et les risques assurés n’étaient plus en adéquation. Ceci n’est pas propre à Axa XL, c’est une réalité à l’échelle du marché. Nous opérons actuellement dans un cycle où la course au prix n’est pas d’actualité et où nos conversations avec nos courtiers et leurs clients tournent davantage autour de notre analyse technique des risques et de notre capacité à les accompagner sur le long terme, dans une logique de partenariat, via certains services que nous sommes en mesure de proposer, comme le risk consulting. Nous sommes par ailleurs dans une phase où nous cherchons à nous assurer que nos portefeuilles soient structurés de manière à pérenniser nos activités, au-delà du cycle actuel – ce qui a plus à voir avec notre niveau de profitabilité et la valeur que nous apportons à nos clients, dans les domaines où nous les accompagnons, qu’avec le « hard market ».
Quelle est votre politique en matière de coassurance ou d’apérition suivant vos zones d’activité et la typologie de risques et de clients que vous adressez ?
Pour des raisons qui varient d’une ligne à l’autre, l’intensité des sinistres a augmenté ces dix dernières années, que ce soit en dommages, en responsabilité civile générale ou bien encore en responsabilité civile des mandataires sociaux. Pour les assureurs, la gestion des capacités et une plus grande sélectivité sont devenues vitales. Il en va de la pérennité de l’écosystème de l’assurance dans son ensemble. Les porteurs de risque doivent justifier l’utilisation de leur capacité auprès de leurs réassureurs, qui doivent en faire de même auprès des investisseurs qui leur fournissent des capitaux. On a ainsi vu apparaitre des stratégies de parts plus marquées, qui visent à lisser la sévérité des risques de nos clients en partageant leur volatilité avec d’autres acteurs. Cela étant dit, chez AXA XL, le souhait de privilégier l’apérition ou la coassurance dépend des circonstances spécifiques du client et prend en compte de nombreux facteurs – dont son secteur d’activité, son historique de sinistres, sa stratégie de gestion du risque, son recours à l’ingénierie du risque, etc.
Sur quels segments de clientèle pouvez-vous encore prendre des parts de marché ? Cela passe-t-il par d’avantage de multi-équipement ? Le montage de plus de programmes internationaux ?
Notre business unit APAC & Europe couvre une étendue géographique extrêmement vaste et nos ambitions varient d’un pays à l’autre. Sur nos marchés européens les plus matures, nous cherchons à développer un accompagnement holistique de nos clients, qui sont souvent déjà dotés d’un arsenal sophistiqué, via le multi-équipement, notamment sur des lignes encore relativement nouvelles, comme le risque politique et l’assurance-crédit. Sur nos autres marchés européens, tout comme en Australie, nous comptons continuer à accompagner les entreprises dans leur développement à l’international, qu’il s’agisse de grandes entreprises ou bien de « local champions », via les programmes internationaux.
Avez-vous décidé de ne plus souscrire certains risques aujourd’hui trop sinistrés ? Quid vos positions sur les Cat Nat ou encore le risque cyber ?
La question n’est pas de continuer à souscrire certains risques ou de ne plus en souscrire d’autres. Par définition, la souscription est un travail d’analyse des expositions de nos clients et de calcul d’une prime qui nous permette – en cas de sinistre – d’indemniser nos clients. Sur les lignes « sinistrées », on voit, à l’échelle du marché, un recalibrage à la hausse qui rendra cet accompagnement possible ces prochaines années. Les risques liés aux catastrophes naturelles ou au cyber sont, quant à eux, en pleine évolution. Les expositions ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans et le marché travaille, de manière collective, à développer de nouvelles solutions.
Dans les deux cas, il est essentiel que nous communiquions de manière transparente sur notre perception de ces risques. Pour les risques liés au cyber, par exemple, nous utilisons un outil – la security scorecard – pour mesurer la qualité de sécurité informatique de nos clients afin que nous parlions le même langage. Cela leur permet d’orienter leurs investissements en prévention et, à terme, d’avoir accès à des capacités plus élevées et à davantage d’options en termes de solutions de transfert de risque.L’engouement retrouvé pour les captives et la rétention grandissante de certaines entreprises vous pose-t-elle problème sur le marché ?
Au contraire, nous accueillons cet engouement à bras ouvert. Lorsqu’une entreprise entend retenir une plus grande partie de ses risques, c’est un signe qu’elle dispose d’une forte culture du risque et de stratégies de gestion des risques très sophistiquées. Pour un assureur, c’est toujours une bonne nouvelle ; cela nous permet de proposer davantage d’options à ce client. Nous disposons par ailleurs d’une équipe dédiée à ce type de véhicules, qui accompagne les entreprises dans la création et la gestion de leurs captives, et qui a été fortement sollicitée ces dernières années.
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