Étude : Les crises énergétiques et alimentaires vont remodeler l'assurance (Swiss Re)
La crise énergétique et la crise alimentaire vont redéfinir les priorités des assureurs qui ont un rôle à jouer pour contribuer à la résilience de l'économie et la transition climatique, selon une étude publiée vendredi par Swiss Re. La pandémie de covid-19 et la guerre en Ukraine ont exacerbé la déglobalisation, créant un environnement dans lequel prédominent les inquiétudes concernant les chaînes d'approvisionnement, l'énergie et la sécurité alimentaire, constatent les auteurs de l'étude. Il ajoutent que l'environnement économique, qui est également en train de changer avec la remontée des taux d'intérêt pour contrer l'inflation, met un terme à une longue période de politiques monétaires accommodantes. "Nous sommes en train de vivre un changement de paradigme", a déclaré Jérôme Haegeli, chef économiste de Swiss Re, lors d'une conférence de presse à la veille d'un congrès réunissant assureurs et réassureurs à Monte Carlo. "Nous faisons face à une véritable tempête économique", qui s'apparente non pas à "un ouragan" dont les effets finissent par "se dissiper", "mais plutôt à un tsunami qui vient par vagues", a-t-il imagé. En l'espace de six mois, l'économie mondiale est passée d'un monde globalisé à un monde de plus en plus multipolaire, la guerre en Ukraine accélérant le mouvement de déglobalisation et de relocalisation de la production qui s'était déjà amorcé avec la pandémie de covid-19, a-t-ajouté. Le réalignement des chaînes d'approvisionnement qui se profile risque de peser sur les assurances maritimes et la couverture des crédits commerciaux qui leur sont associés. Mais il ouvre également un nouveau marché pour les assureurs, selon cette étude. La relocalisation dans les pays producteurs ou dans des pays alliés pourrait générer un surcroît de croissance pour l'économie mondiale de 0,18% par an entre 2022 et 2026 avec la construction de nouvelles usines, d'après une simulation effectuée par les économistes de Swiss Re. Selon les scénarios, le mouvement de relocalisation, qui devrait bénéficier à des pays comme l'Allemagne, le Royaume Uni, les États-Unis et le Japon, et dans une certaine mesure au Mexique et au Vietnam, pourrait représenter jusqu'à 30 milliards de dollars de primes supplémentaires pour les assureurs au cours des cinq prochaines années. La transition énergétique, avec les infrastructures à construire et donc à assurer, pourrait de son côté représenter jusqu'à 237 milliards de dollars de primes supplémentaires dans le secteur de l'énergie d'ici 2035. Selon les économistes de Swiss Re, les assureurs ont également un rôle à jouer dans la lutte contre l'insécurité alimentaire à travers les assurances agricoles qui permettent aux agriculteurs de mieux couvrir les risques pour leur récoltes face au changement climatique et la hausse de leurs coûts de production. La couverture des risques agricoles pourrait représenter 80 milliards de dollars de primes d'ici 2030, contre 46 milliards en 2020. Le réassureur Swiss Re, qui fait office d'assureur pour les assureurs, publie depuis 1968 une étude qui traque chaque année les grandes évolutions géopolitiques, économiques et climatiques afin d'évaluer les implications pour le secteur de l'assurance.
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