Gérard Bekerman (Afer) : "Laissons l’assurance vie tranquille !"
Hausse des taux, PLF 2024, PER des mineurs... Lors d'un entretien accordé à News Assurances Pro, Gérard Bekerman, président de l'Afer est revenu sur les sujets brûlants de l'assurance vie.
La hausse des taux inquiète le marché. Comment l’Afer s’est-elle préparée pour s’adapter à ce nouvel environnement ?
Les mouvements de taux sont assez imprévisibles. Nous avons longtemps vécu dans un univers de baisse des taux et c’est au sein de cet univers que l’on a connu les pires crises financières. Donc l’Afer, contre vents et marées, a conscience de ces risques et s’efforce de les neutraliser par une structuration du portefeuille qui apporte une sorte de bouclier à ces tendances. Aujourd’hui, le marché associe la hausse des taux à une baisse des valeurs obligataires et anticipe ainsi des portefeuilles en perte. Or, le problème ne se pose pas à l’Afer. L’association a parfaitement géré le risque de la hausse des taux d’intérêt. L’enveloppe de liquidité de notre canton a doublé depuis le début de l’année avec une rémunération proche de 3,5-4%.
Par ailleurs, le taux de rachat à l’Afer est l’un des plus faibles du marché. Il se situe à 2,9%, contre 6,5% en moyenne. Cela nous permet d’un côté de porter nos obligations à échéance. De l’autre, il n'y aura pas de moins-values latentes dans la mesure où nous ne serons pas amenés à honorer les éventuels rachats car ces derniers sont faibles. Nous avons par ailleurs pu reconstituer notre liquidité. Ce qui nous permet ainsi de racheter du nouveau papier avec une duration supérieure, un échéancier plus lointain et donc des rendements futurs probables. Enfin, nous avons dans le portefeuille des poches à taux variables et indexés sur l’inflation (environ 10%), donc quand les taux montent, nous sommes satisfaits car la performance suit.
Concernant le projet de loi de finance 2024, l’assurance vie est plutôt épargnée…
Le PLF ne s’attaque pas à l’assurance vie. C’est une volonté forte du ministre. Mais il y a parallèlement au projet de loi de finance, le projet Sansu/Mattei. Messieurs les députés pensent sauver le budget en alourdissant la fiscalité de l’assurance vie. Ils préconisent de revoir à la hausse les modalités de la fiscalité appliquée à la transmission des contrats. Soit de passer d’un taux actuel de 31,25%, à 45%. L’Afer est contre ces mesures et voit d’un mauvais œil ce rapport mort-né. Nous n’hésiterons pas à monter au créneau pour s’opposer à tout amendement allant dans ce sens. Laissons l’assurance vie tranquille ! Elle ne demande pas de subvention.
Que pensez-vous de l’interdiction des PER aux mineurs ?
Je trouve cette proposition regrettable. Cela veut-il dire qu’il faut que l’on souscrive un PER que lorsque l’on est âgé ? Ce n’est pas tellement une question d’argent, car les jeunes de 16-17 ans dépendent en principe de leurs parents, mais c’est un acte de prévoyance pour l’avenir. Et c’est une erreur de la part des députés que d’interdire la souscription de ces contrats à des mineurs.
Voyez-vous d’autres amendements à venir lors des débats parlementaires ?
Moins on verra d’amendements, mieux les Français se porteront. Nous n’avons pas besoin d’amendements. Les 1.850Mds d’euros n’appartiennent pas aux élus de la Nation, mais aux épargnants.
Que pensez-vous de la place du private-equity dans les contrats d’assurance vie ?
Cette tendance n’est pas nouvelle. Il s’agissait d'une préconisation d’Emmanuel Macron lorsqu’il était à Bercy. Et il avait raison. J’avais moi-même donné, en tout humilité, une impulsion forte, voire même une influence assez décisive sur notre ancien partenaire Aviva qui n’était pas très enthousiaste au regard des règles de solvabilité. Car le private equity coûte cher. Mais il a permis de dégager une plus-value latente et représente une source de revenus futurs importants pour les assurés et l’Afer se félicite d’avoir été l’étendard de la cause du private equity.
Les assureurs craignent une bulle d’illiquidité faute de profondeur du marché. Que répondez-vous à cela ?
Qu’ils n'ont pas raison. Au-delà du rendement qu’il offre, le private equity va aider les jeunes, l’emploi, la frenchtech. A l’Afer, nous sommes favorables à cette vertu de l’assurance vie qui investit dans ce type d’entreprises.
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