INTERVIEW - Aviva France vient de lancer un fonds d'investissement doté de 100M d'euros et dédié, notamment au financement des start-up françaises. Gilles Pavie Houdry, directeur stratégie M&A et investissements innovants de l'assureur revient sur les ambitions de ce fonds.
Quels sont les objectifs d'Aviva France Ventures, votre fonds d'investissement ?
Dans le prolongement de la loi Pacte nous souhaitons réaffirmer notre rôle en tant qu’investisseur institutionnel dans le financement de l'économie réelle, en mettant en place des moyens conséquents pour financer l'innovation. Nous avons donc relancé le fonds Innov’ Now que nous avions créé en 2015 pour le mettre en cohérence avec la stratégie d'Aviva France. Il est devenu Aviva France Ventures. Nous visons des investissements directs, mais également des investissements indirects par le biais d'autres fonds.
Quel type de start-up visez-vous pour vos investissements directs ?
Nous investissons en direct dans des sociétés dont le projet est en parfait alignement avec les priorités stratégiques d’Aviva France. Ces investissements répondent à une logique de co-développement qui dépasse une logique purement financière. Nous souhaitons plutôt investir dans des sociétés de level A qui ont déjà des clients, une solution qui fonctionne, avec finalement un niveau de risque maîtrisé et qualifié. Toutefois, en fonction des opportunités, nous ne nous interdisons pas de participer à des premiers tours de table. Mais cela ne sera pas notre cœur de cible. Enfin, nous privilégions les sociétés françaises. Au niveau du groupe Aviva, il existe en effet un fonds, Aviva Ventures, doté de 100M de livres sterling. Il a une logique d'investissement internationale. Nos activités sont coordonnées.
Pourquoi investir par l'intermédiaire d'autres fonds ?
Nous souhaitons pouvoir toucher des activités corrélées à notre cœur de métier et porteuses d'innovation pour l'avenir. Passer par des fonds nous permet de diversifier notre approche. Cela peut être des technologies qui pourraient trouver des applications in fine dans l'assurance. C'est le cas de l'aide à la gestion client par l'intelligence artificielle. Ce ne sont pas nécessairement des produits créés par des assurtech au départ. Mais ils pourraient se révéler extrêmement efficaces pour nos activités.
Quels sont les segments prioritaires que vous recherchez dans vos investissements ?
Le premier domaine que nous ciblons est la performance commerciale. Nous cherchons des technologies capables de soutenir nos ambitions de croissance commerciale à travers deux axes : la vente digitale pure et le support à nos réseaux, pour étendre les services commerciaux, par exemple, au-delà des horaires d'ouverture par exemple. Le deuxième domaine concerne l'excellence opérationnelle pour être plus efficace dans la gestion de nos activités administratives et de back office, au bénéfice de nos clients. Enfin, le troisième pilier touche à la réglementation. Les technologies en cours permettront de repenser l’organisation des contrôles. Une des technologies phare de ces trois segments prioritaires est l'intelligence artificielle.
Pourquoi investir plutôt que nouer des partenariats ?
L’approche partenariale est toujours complémentaire de nos démarches d’investissement. Les deux fonctionnent en synergies sur les domaines qui nous sont stratégiques. Nous soutenons ces entreprises à la fois financièrement et opérationnellement dans une logique de co-développpement. Ce fut par exemple le cas avec Fundvisory. Nous avons commencé à collaborer ensemble sous forme de partenariats avant de nouer des liens capitalistiques. Pour des sociétés comme H4D, dans laquelle nous venons d'investir, nous étions d’emblée persuadés de la pertinence de la solution et du potentiel de partenariat.
Après H4D, avez-vous d'ores et déjà des investissements prévus ?
Nous avons effectivement plusieurs dossiers en cours d’étude sur des domaines variés sur la table. Sans vous dévoiler les noms, je peux vous dire que l'intelligence artificielle est réellement devenue une technologie incontournable dans nos activités.
Quel horizon pour l'enveloppe de 100M d'euros ?
Nous nous donnons un horizon d’investissement de 5 ans. Pour autant, au gré des opportunités, cela pourra se faire plus vite, sachant que nous visons essentiellement, pour les investissements directs, des participations comprises entre 1 et 5M d'euros et de 5 à 10M d’euros pour les investissements indirects.
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