Croissance des données liées à l’espace, développement de l’économie cislunaire ou encore apparition de nouveaux acteurs et investisseurs privés, l’économie spatiale, en plein essor, devrait aussi profiter au secteur de l’assurance.
Avec une économie annuelle de près de 360Mds de dollars, l’industrie spatiale (civile) est en pleine explosion ces 15 dernières années. « 70 pays ont aujourd’hui des capacités spatiales (dont 12 avec leurs propres moyens d’accès direct à l’espace) et on compte désormais 55 nations avec une agence spatiale, dont 20 créées depuis 2000. Cela montre l’engouement et l’intérêt que suscite l’espace », lance Murielle Lafaye, expert prospective et impacts économiques au Cnes, à l’occasion d’une matinée sur l’espace et l’assurance organisée par la FFA et le Centre national d'études spatiales.
Au-delà des programmes classiques de lancements de satellites et de sondes interplanétaires ces 60 dernières années, le domaine spatial est devenu en quelques années un nouvel espace économique, notamment grâce à l’arrivée de nouvelles entreprises dans un marché dominé depuis des décennies par quelques mastodontes, ainsi que d’investisseurs privés. « Le développement des projets allant au-delà de l’orbite géostationnaire a également boosté l’industrie, sans parler de la digitalisation et de l’arrivée des données spatiales. Il y a désormais une quantité infinie de datas spatiales à disposition, ce qui entraîne notamment l’apparition de nouveaux services », poursuit Murielle Lafaye.
Nouvelles problématiques assurantielles
Ainsi, entre la gestion du trafic entre satellites et la prise en compte des déchets spatiaux, c’est toute une économie cislunaire qui se développe, avec des besoins de « refueling » ou de réparation d’engins dans l’espace, des besoins liés à des projets de bases vie permanentes hors de l’atmosphère ainsi que de nombreuses autres initiatives visant à sortir du puits gravitationnel.
« Le spatial est clairement un nouvel espace économique pour l’assurance », lance Hélène de Boissezon, application et services aval – risques, crises et assurances au Cnes. Et d’ajouter, « cela va permettre d’automatiser le case management, d'avoir une meilleure modélisation et prévention de risques (avec des cartographies plus précises), de découvrir de nouveaux métiers et de nouvelles techniques à assurer et une nouvelle approche assurantielle, notamment grâce à l'approche indicielle ».
Surtout, la multiplication de lancements des trois familles de satellites (télécommunication, observation de la terre et géolocalisation) avec des bouquets satellitaires toujours plus importants va accélérer encore la course aux données, avec un nombre d’acteurs nouveaux et de fournisseurs de services toujours plus importants. « Les assureurs joueront un rôle non-négligeable dans la régulation des capacités qui seront envoyées dans l'espace dans le futur », prévient Mureille Lafaye.
« Au-delà des technologies résilientes et de la multitude de datas qualifiées qui émergeront du « New Space » (comprenez le nouvel âge spatial), d'autres atouts seront utiles à l'industrie de l'assurance. Cela permettra une meilleure compréhension, qualification et localisation des phénomènes extrêmes, avec une possibilité d'authentification (images, localisation) là aussi qualifiée. Surtout, ce nouvel essor va permettre d'améliorer la compréhension du risque climatique », conclut Hélène de Boissezon.
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