Guillaume Borie : "Malgré les chocs, le monde reste assurable"

mercredi 3 avril 2024
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A l'occasion d'une rencontre avec la presse, Guillaume Borie, directeur général d'Axa France, revient sur l'exercice 2023 de l'assureur dans l'Hexagone. Il détaille par ailleurs le plan stratégique 2024-2026 et commente l'actualité.

Un peu plus d'un mois après le groupe Axa, c'est au tour du vaisseau amiral français de détailler son plan stratégique et ses résultats 2023. Dans l'Hexagone, la compagnie enregistrait un chiffre d'affaires de 24,9Mds d'euros (+4% sur un an). « Il se répartit en un tiers pour l'assurance dommages, un tiers en santé et prévoyance et un tiers en épargne et retraite », détaille Guillaume Borie, directeur général à l'occasion d'une rencontre avec la presse. Sur l'exercice, il glanait par ailleurs 425.000 contrats en net dont 128.000 sur la clientèle particulière. Son résultat opérationnel grappillait quant à lui 5% à 2Mds d'euros.

1 million de contrats en plus

Durant la même période, son réseau de distributeurs exclusifs (agents généraux collaborateurs et conseillers salariés) s'étoffait de 3% pour atteindre 18.000 personnes. D'ailleurs, sur la durée du nouveau plan 2024-2026, Axa France entend bien continuer à faire grossir ses forces commerciales à travers le recrutement de 500 nouveaux distributeurs. « C'est un chiffre en net, c'est-à-dire en plus des remplacements naturels », poursuit le directeur général. L'objectif est de « partir en conquête ». Et d'engranger 1 million de contrats sur les trois ans à venir. Sur le plan financier, l'entité française s'inscrit dans les pas de sa maison-mère en visant une croissance annuelle moyenne de 4 à 6% de son résultat opérationnel. Cela passe par « le renforcement de l'excellence technique ». En 2023, elle se matérialisait par un ratio combiné en dommages de 92%.

Mais excellence technique ne rime pas « avec politique de stop & go ou sortie erratique de certains marchés », affirme Guillaume Borie. Y compris sur les marchés en difficultés. « Nous sommes l'assureur de 10% des communes en France, relève le dirigeant. Mais depuis une dizaines d'années, nous avons fait évoluer nos politiques de souscription. Nous ne nous positionnons plus sur les communes de plus de 10.000 habitants ». La raison avancée est celle d'un code du marché public trop rigide et contraignant.

« Il faut appeler un chat, un chat »

Mais pas seulement. « Il faut appeler un chat un chat. Nous étions dans un marché qui n'avait plus aucune logique tarifaire, poursuit Guillaume Borie. Un seul acteur pratiquait des tarifs incompréhensibles ». Entre les lignes, le directeur général évoque Smacl Assurances, en proie à des difficultés ces dernières années. À cet égard, il estime que les récentes propositions de la mission sur l'assurabilité des collectivités territoriales vont dans le bon sens.

« Le monde reste assurable malgré les chocs auxquels nous faisons face, lance Guillaume Borie. Des réponses assurantielles doivent être trouvées, car les Français ont besoin de plus de protection ». En ce sens, il juge que le rôle des différentes missions lancées ces derniers mois est une bonne chose. « Elles permettent de mettre les sujets sur la table et nous obligent à nous assoir pour discuter ».

Pas de stratégie d'évitement

Le dirigeant se réjouit d'ailleurs de la publication du rapport Langreney ce 2 avril. « Il acte la préservation de notre modèle d'indemnisation des catastrophes naturelles que le monde entier nous envie, pointe Guillaume Borie. Mais nous pouvons également nous féliciter de l'accent porté sur la prévention ». Sur les différentes mesures de pilotage de la surprime pour inciter les assureurs à rester dans les zones exposées, il préfère toutefois attendre les détails de mises en œuvre pour se prononcer, tout en affirmant qu'Axa France ne pratiquait pas de politique de sortie de zones. « Nous ne pouvons pas. Nous sommes présents sur tout le territoire, indique le directeur général. Nous ne pouvons pas expliquer à certains de nos agents ou distributeurs que nous arrêtons de travailler dans certaines zones. En revanche, il est évident que les montants des primes ne sont pas les mêmes selon le degré d'exposition ».

Enfin, sans jamais le nommer, Guillaume Borie répond aux récents propos de Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France accusait nommément huit assureurs de ne toujours pas avoir proposé d'indemnisation aux sinistrés des différentes inondations de ces derniers mois. Si l'élu ne nomme pas Axa, il évoque Direct Assurance, une de ses filiales. « À date, 90% des dossiers ont reçu un premier versement, affirme le dirigeant. Mais heureusement que les dossiers ne sont pas clos. Car ce sont des assurés qui ont vécu 2 ou 3 inondations successives. Et nous devons refaire des expertises et procéder à des opérations techniques à chaque fois ». Guillaume Borie appelle d'ailleurs les pouvoirs publics à structurer des filières qui manquent de main d'oeuvre comme celle des couvreurs.

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