Industrie verte : Négociations âpres autour du private equity
La loi relative à l’industrie verte a été promulguée et publiée au Journal officiel. Des détails – notamment sur la dose du private equity dans les produits d’épargne – doivent encore être fixés. L’heure est aux négociations.
C’est désormais acté. La loi relative à l’industrie verte a été promulguée par le président de la République. Présenté début janvier par le ministère de l’économie et des finances en guise de bonne résolution, ce texte doit permettre à la France « de devenir la première puissance industrielle décarbonée en Europe ». Cette réindustrialisation « verte » passera notamment par le secteur financier. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, compte particulièrement sur les assureurs et les gestionnaires d’actifs. Pour ce faire, Bercy pousse les feux du capital-investissement. La loi ouvre, en effet, la voie à l’intégration d’une quote-part minimum de private equity dans certains produits d’épargne à l’instar de l’assurance vie et du PER.
Au départ, le texte ambitionnait d'appliquer une quote-part minimale dans tous les produits d’épargne retraite et d’assurance vie. Ce qui a provoqué l’ire des professionnels concernés. « Aujourd’hui, nous avons des véhicules qui permettent d’investir dans des fonds verts au sens ESG du terme. Avoir des quotas dans l’assurance vie qui exigent d’investir dans le private equity, ne semble pas une priorité », expliquait dans nos colonnes Eric Le Baron, directeur général assurance et patrimoine chez Swiss Life.
À la recherche du bon dosage
Finalement, cette obligation ne s’applique qu’aux profils de gestion pilotée appliqués par défaut aux produits d’épargne retraite depuis la loi Pacte. Du côté de l’assurance vie, la loi industrie verte impose désormais d’en référencer au moins une pour chaque produit.
Tout l’enjeu repose aujourd’hui sur la recherche du bon dosage du private equity. Ce qui ne s’annonce pas être une mince affaire. L’association française des investisseurs pour la croissance, France Invest, mentionnait un taux de 10% dans les colonnes de News Asset Pro (groupe Seroni).
Faire face au risque d'illiquidité
Un taux jugé « beaucoup trop élevé », par les assureurs. Selon un dirigeant, il faudrait trouver « des niveaux plus raisonnables en gardant à l’esprit ce qu’attendent les clients, à savoir la sécurité et la liquidité avant le rendement ». Le marché s’orienterait vers un taux inférieur à 5% tout en faisant valoir que la dose diffèrerait selon les profils des assurés. Pour les profils prudents, les assureurs proposent un taux nul tandis que pour les profils équilibrés et dynamiques il s’agirait de trouver la bonne dose. « Comme pour les médicaments, à trop forte dose, ils induisent des effets secondaires », métaphorise un dirigeant. Le secteur craint, en effet, un risque fort d’illiquidité ce qui dénuerait l’assurance vie de sa raison d’être.
Le bras de fer est engagé entre les assureurs et les asset managers. Le bon dosage passera par décret « dans les prochaines semaines », selon une source proche du dossier.
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