Si à l’international certains assureurs procèdent à des destructions de postes, en France les entreprises du secteur ont tendance à protéger leurs ressources humaines. Le point avec Stéphane Romano, Managing Partner du cabinet de conseil en recrutement Cala Partners.
Quelle est la situation actuelle du marché de l’emploi dans le secteur de l’assurance ?
Beaucoup d’assureurs internationaux font encore le choix de l’offshoring, délocalisant certaines de leurs activités vers des pays à bas salaires. A l’inverse, en France, les acteurs du marché choisissent de conserver leurs emplois. À l’heure actuelle, nous observons une réflexion accrue de la part des DRH sur les postes qu’il convient d’ouvrir, ou pas, au recrutement. Lorsqu’un poste doit impérativement être pourvu, plutôt que de recruter à l’extérieur, il y a une forte mobilisation à l’intérieur des organisations, pour favoriser la mobilité interne. Dans un souci d’efficacité, on recrute moins, mais mieux. Cette prudence devrait se poursuivre, sauf si survient une réelle dynamique d’accroissement de l’activité.
Cette tendance n’est-elle pas le corollaire de nombreux secteurs d’activités ?
En effet. Toutefois, certains acteurs du secteur assurantiel, notamment les mutuelles et les institutions de prévoyance, sont dans un schéma totalement différent. Face à une pyramide des âges pour le moins avancée, beaucoup sont dans une dynamique de transformation, voire de réorientation stratégique. Cela va être illustré ces prochains mois par de nombreux recrutements. Du côté des grands risques, l’embauche repart elle aussi, mais il s’agit là du remplacement de collaborateurs partis à la concurrence. Rares seront les équipes qui s’étofferont en raison d’une reprise de l’activité. Sauf, peut-être, chez quelques courtiers.
N’y a-t-il pas des profils particulièrement recherchés ?
Sur divers aspects, effectivement, les entreprises ne disposent pas des compétences en interne, donc le marché de l’emploi est tendu. Il s’agit d’abord des nouvelles orientations liées à Solvabilité II, qui nécessitent des profils très spécifiques, dans l’actuariat, dans le pilotage des risques... Ensuite, dans le cas d’un réalignement stratégique (en termes de gestion de la relation client, du multi canal...), les équipes marketing ou informatiques vont être renforcées. En embauchant des talents de ces secteurs-là, l’assurance va s’ouvrir.
Qu’en est-il de la rémunération ?
Il n’y aura pas de baisse des salaires à l’embauche, mais les entreprises devraient exiger une inflation moins forte de la rémunération, car les résultats restent nettement moins bons qu’ils n’ont pu l’être par le passé. Observée depuis quelques années, cette tendance devrait se maintenir. En revanche, ce qui devrait changer radicalement, c’est la rémunération des cadres dirigeants. Nous venons de le voir, avec la démission du patron d’Aviva, poussé vers la sortie par les actionnaires. Désormais, la question de la rémunération des dirigeants intéresse l’ensemble de l’entreprise, il faut être vigilant.
Comment la situation devrait-elle évoluer d’ici la fin de l’année 2012 ?
Au cours du second semestre 2012, nous devrions constater une forme de ralentissement des recrutements, quelles que soient les fonctions et les structures (banques-assurances, mutuelles, institutions de prévoyance, assureurs grands risques d’entreprises...). Mais globalement - en comparaison avec de nombreux assureurs internationaux qui continuent à procéder à des destructions de postes, dans le cadre de réorientation stratégique ou de développement dans certaines régions du monde - les acteurs français du secteur n’ont pas à rougir : en majorité, ils ont fait le choix de protéger et de consolider l’emploi.
Propos recueillis par Julie Le Bolzer
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