Justice : Le "Madoff de l'Essonne" un séducteur flambeur qui aurait escroqué 7M d'euros
Modeste employé de banque devenu directeur d'agence puis gestionnaire de patrimoine, Francois Gibiot, 60 ans, un flambeur aux multiples maîtresses, est jugé depuis mercredi à Evry pour une vaste escroquerie à la Madoff dont le préjudice s'élèverait a 7 millions d'euros.
Pendant près de treize ans, "le Madoff de l'Essonne" aurait escroqué près de 40 personnes selon un stratagème simple: il proposait à ses clients des taux d'intérêts très alléchants et rémunérait ces faux placements grâce aux sommes que lui confiaient de nouveaux clients. Cette technique pyramidale dite de Ponzi est la même que celle rendue célèbre récemment par le banquier américain Bernard Madoff, condamné en 2009 à 150 ans de prison.
Au cours de la première journée du procès, François Gibiot a reconnu la totalité des faits, disant avoir agi au départ pour rembourser des dettes avant d'entrer dans un "engrenage infernal". Ses victimes étaient souvent d'anciens clients de l'agence bancaire dans laquelle il exerçait à Savigny-sur-Orge (Essonne). Il n'hésitait pas à faire des centaines de kilomètres pour se rendre lui-même chez ses clients et leur verser les intérêts par chèque.
Pour que personne ne soupçonne une supercherie, il leur fournissait de faux bordereaux de remboursements ainsi que des relevés de compte.
"Je ne cherchais pas à prendre de l'argent pour moi-même. Ce n'était pas mon intention première", a-t-il déclaré calmement à la barre, avant de reconnaître avoir dilapidé l'intégralité des sommes perçues. "C'est vrai, je flambais, j'avais beaucoup d'argent, voilà je faisais plaisir à tout le monde", a-t-il admis.
Avec l'argent que lui rapportaient ces faux placements, il a remboursé le prêt conclu avec son épouse pour un appartement au bord de la mer, a acheté un appartement pour une de ses maîtresses, acquis une maison pour une autre et un fonds de commerce pour chacune.
L'audience a ainsi permis de lever le voile sur la double vie rocambolesque que menait François Gibiot. Séparé depuis 2008 de son épouse, avec qui il a trois enfants, il avait fondé parallèlement une deuxième famille avec une Albanaise de 30 ans sa cadette rencontrée alors que celle-ci était en voyage de noces à Paris.
A cette dernière, il faisait croire que sa femme était morte d'un cancer ou encore qu'il faisait partie des cinquante plus grandes fortunes de France. "Je me suis inventé un personnage pendant toutes ces années", a-t-il reconnu, donnant pour toute explication avoir "pété les plombs".
A la barre, François Gibiot, qui dit vivre aujourd'hui du RSA et des allocations familiales, a exprimé ses remords et ses excuses, provoquant le ricanement des plaignants présents dans la salle. "Comédien !", a lancé l'un d'eux.
Les juges vont notamment essayer de déterminer ce qu'est devenu l'argent détourné. "Selon toute vraisemblance", a déclaré le président du tribunal, les victimes de cette vaste escroquerie ne seront pas remboursées. "Les victimes ne se font pas beaucoup d'illusions, enfin j'espère pour elles", a-t-il dit.
Ce procès "fait remonter des émotions fortes", a confié à l'AFP l'une des plaignantes qui estime son préjudice à plus de 200.000 euros. "Toute ma retraite est partie là-dedans", a-t-elle ajouté.
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