Karim Irouche : "Nous lancerons prochainement 'La Plateforme Du Courtage'"
INTERVIEW - Karim Irouche, PDG du groupe Finare, fait le point sur l’ensemble des activités de son groupe. Entre acquisitions en épargne, résultats et ambitions chiffrées ou VAD, le dirigeant annonce également le lancement prochain d’une plateforme destinée aux relations entre intermédiaires et porteurs de risques.
Pouvez-vous nous faire un point chiffré sur l’activité du groupe Finare en cette rentrée ?
Nous avons bouclé l’exercice 2020 avec un chiffre d’affaires de 75M d’euros, en croissance de 15% sur un an. Au sortir de l’été, nous étions en ligne avec nos objectifs de développement et nous devrions ainsi atteindre notre objectif de 100M de CA à fin 2021.
Notre branche Assurance (ECA Assurances, Insurem, Coverity) continue de performer. Concernant notre branche Épargne (ECA Patrimoine, SelfEpargne), nous avons racheté en fin d’année dernière la société Almagest, gestionnaire d’actifs luxembourgeois, pour laquelle nous avons obtenu début septembre l’agrément nous permettant d’opérer.
Sur notre branche Services (Cergap, Weedo IT), Teletech International sera en capacité dès l’an prochain de lancer un outil d’intelligence vocale et digitale, qui a pour but de naviguer dans les espaces assurés de nos partenaires porteurs de risques, pour faciliter la relation client post souscription. Nous testons déjà cet outil sur ECA Assurances depuis septembre.
Quelles activités vous manque-t-il aujourd’hui au sein de la galaxie Finare ?
J’ai toujours eu le souci de coller à l’ensemble de la chaîne de valeur, même si cette dernière évolue dans le temps. Il y a 20 ans, se positionner sur internet était perçu comme utopique, mais nous étions une insurtech sans le savoir.
Sur notre branche assurance, je considère donc que nous sommes complets car nous sommes aujourd’hui capables d’aller d’un bout à l’autre de la chaine de valeur (génération de leads, vente full web, création du tunnel de souscription, création de produits, interrogation du marché, gestion, etc). Nous essayons désormais de créer la même chose sur la partie épargne. En plus d’Almagest (150M d’euros d’actifs), nous souhaitons faire l’acquisition de nouveaux gestionnaires d’actifs pour créer un pôle qui pèse dans notre branche Épargne autour d’un milliard d’euros avec la même offre.
Enfin, nous lancerons prochainement « La Plateforme Du Courtage », un outil 100% digital qui met en relation les fournisseurs de solutions d’assurance et les courtiers. Outre la mise à disposition d’une Marketplace permettant la souscription de produits d’assurance toutes branches, la plateforme donnera la possibilité aux courtiers de gérer leur cabinet dans le respect notamment des contraintes liées à l’autorégulation. De leur côté, au travers de cette plateforme, les assureurs pourront animer leurs réseaux de courtiers, en ayant la certitude d’échanger avec des intermédiaires 100% conformes. Cette plateforme sera totalement ouverte et indépendante du reste du groupe.
Où en êtes-vous de votre plan stratégique ?
Nous avons lancé l’an dernier un plan stratégique à 5 ans dans lequel les trois premières années étaient extrêmement bien déterminées. D’ici 2023, nous souhaitons porter le groupe à 150M d’euros de chiffre d’affaires, ce qui ne devrait pas être un problème. Il est plus complexe de se projeter à 5 ans mais nous restons sur des fondements simples : Continuer à être innovants pour créer une expérience unique à nos porteurs de risques avec de nouveaux maillons digitaux tout en prenant en compte la contrainte réglementaire.
Vous avez la réputation de ne pas vouloir de fonds d’investissements à vos côtés. Pourquoi ?
Je suis un entrepreneur et non un « faiseur de coup financier » et je n’ai donc pas forcément la même vision que certains de mes confrères. J’ai encore nombre d’idées et de projets pour mon groupe qui depuis 5 ans enregistre un taux de croissance moyen plus que satisfaisant. Quand je vois ce qu’implique certains rapprochements structurants récents, ce n’est pas toujours simple…
Entre ce qu’a fait Bruno Rousset chez April, Claude Bébéar chez Axa et Gérard Athias avec l’Afer, nous autres n’avons rien inventé. Je n’ai donc pas la prétention d’être l’un de ces trois, mais j’essaie de créer un groupe qui pérennise ses 25% de croissance organique tous les ans. Ce n’est donc clairement pas à l’ordre du jour aujourd’hui de faire évoluer le capital de l’entreprise. D’ici 3 à 5 ans nous doublerons sans problème de taille en croissance organique et il existe de nombreuses autres solutions que l’entrée d’un fonds d’investissement pour développer encore son outil de travail.
Concernant le sujet de la VAD, avez-vous revu vos process ?
Nous avons toujours été assez, voire très prudents avec le courtage. La VAD a toujours été associée aux installations « offshore » et depuis que nous nous sommes implantés au Maroc en 2003, nous connaissons très bien le sujet. Nous avons d’excellents collaborateurs marocains qui, à chaque fois que l’on doit travailler avec des courtiers offshore, ont la même exigence que sur nos propres plateformes. Je pense que si tous les courtiers avaient ce niveau d’exigence, nous ne parlerions pas de ça ! Lorsque l’on valorise certains cabinets à des niveaux qui n’ont pas de sens, cela pousse certains confrères à grossir très vite et à bruler quelques étapes…
En parallèle, les autorités fantasment beaucoup sur le sujet. Concernant la loi sur l’autorégulation et la VAD, pour lesquels nous n’avons toujours pas les décrets d’application, il ne faudrait pas qu’au travers de contrôles, on essaie de nous faire appliquer des textes qui n’existent pas. Nous avons déjà appliqué l’avis CCSF et cela nous a coûté cher même si nous avons les moyens. Le risque pèse davantage sur les petits courtiers et chacun doit prendre ses responsabilités.
Quelle sont vos perspectives de croissance à 12 mois ?
A horizon 12/18 mois, ECA Assurances, accompagné d’Insurem, a pour ambition de croître hors de l’Hexagone et de se développer dans deux ou trois pays de la zone Euro qui bordent la France.
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