INTERVIEW - Engagés dans un vaste plan d'économie et de refonte du modèle de la MAE, Philippe Bénet, PDG et Stéphane Coste, directeur général délégué de la mutuelle d'assurance, font le point sur l'avancée des travaux. Ils évoquent l'impact sur l'emploi, sur le maillage territorial, ou encore le développement des partenariats dans le cadre de Mætamorphose.
La MAE a engagé un vaste plan de transformation en 2020. Où en êtes-vous de sa mise en œuvre ?
Philippe Bénet : L'objet de ce plan Mætamorphose est de revoir le modèle de la MAE qui célèbre cette année ses 90 ans. Nous prenons acte des nouveaux modes de consommation de nos adhérents qui se tournent aujourd’hui de plus en plus vers le digital et le téléphone.
Stéphane Coste : Ce changement de modèle doit nous permettre de retrouver une capacité bénéficiaire, notamment sur notre résultat d'exploitation, c'est-à-dire nos activités d'assurance. Pour y parvenir, nous devons revoir nos structures de coût.
Quels sont ces objectifs d'économies ?
Stéphane Coste : Pour notre exercice 2019/2020, notre ratio frais sur primes s'élevait à 59%. Il a baissé de 3 points pour atterrir à 56% l'exercice suivant. Mais nous visons 40%. Une telle marche impose nécessairement un effort structurel.
Comment allez-vous parvenir à ce chiffre de 40% ?
Stéphane Coste : Nous travaillons sur la réduction de plusieurs coûts. Les frais généraux qui représentent 10% de l'effort, les charges externes (25%), l'immobilier (50%) et la masse salariale (15%).
Par masse salariale, faut-il comprendre suppressions de postes ?
Philippe Bénet : Nous avons lancé un vaste programme de mobilité interne qui concerne 300 collaborateurs de la MAE sur les 500 salariés que compte la mutuelle. Ces salariés ont plusieurs choix. Ils peuvent accepter la mobilité que nous leur proposons, postuler sur un autre poste ou bien choisir de quitter l’entreprise.
Stéphane Coste : Dans les faits, ces modifications de contrats de travail imposent la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi, conformément aux dispositions de la loi. Mætamorphose prévoit 40 suppressions de postes et par ailleurs 2/3 des collaborateurs se voient proposer une mobilité géographique ou fonctionnelle.
Quelles mesures d'accompagnement mettez-vous en place pour les collaborateurs concernés ?
Stéphane Coste : Nous avons négocié un accord, signé par 100% des organisations syndicales. Pour les salariés qui acceptent la mobilité, nous offrons un accompagnement ambitieux. Il prévoit la prise en charge des frais de transports, des frais de déménagement, du double loyer pour ceux qui souhaiteraient attendre la fin de l'année scolaire pour déménager par exemple. Mais également un solide plan de formation ou encore un accord de télétravail renforcé pour les collaborateurs qui changent d'affectation mais qui ne souhaitent pas déménager (3 jours au lieu de 2 pour l'accord cadre). Pour les salariés qui choisissent la mobilité externe, nous avons mandaté un cabinet avec un engagement au résultat. Chaque salarié doit retrouver un parcours professionnel choisi.
Le poste le plus important de maîtrise des dépenses concerne l'immobilier. Par quoi vont passer les mesures d'économie ?
Philippe Bénet : Par le redimensionnement de notre réseau d'agences. Nous fermons 75% de nos agences. Cela va nous permettre de faire des économies substantielles sur les amortissements immobiliers. La mise en place du nouveau maillage territorial (24 agences commerciales et 7 centres de gestion) a pour objectif de concentrer nos activités sur le terrain et optimiser la professionnalisation de nos collaborateurs pour toujours mieux servir nos adhérents.
Ne risquez-vous pas de perdre le lien avec vos adhérents ?
Philippe Bénet : Nous constatons un fort développement des canaux à distance dans la relation que nous avons avec nos adhérents. Dans une logique de regroupement de nos agences, notre priorité est de continuer à répondre à l’ensemble des demandes et faciliter les démarches pour plus d’accessibilité, de disponibilité, de réactivité et de conseil. C’est pourquoi, nous avons noué un partenariat avec Brinks. A partir du mois d'avril, nos adhérents pourront se rendre chez un buraliste pour régler leurs cotisations d'assurance. Ce partenariat nous permet d'offrir 1.200 points de contacts à travers tout le territoire.
Tous vos contrats sont-ils concernés par ce partenariat ?
Stéphane Coste : Cela concernera dans un premier temps nos contrats de protections individuelles (assurance scolaire) et l'assurance habitation. Ils représentent 95% des 60.000 paiements en espèce que nous recevons chaque année. Tous ces buralistes sont agréés individuellement par l'ACPR via l’établissement de paiement de Brinks.
Ce plan signifie-t-il que la MAE est en difficulté ?
Stéphane Coste : Malgré les pertes que nous enregistrons depuis plusieurs années sur notre cœur de métier, la MAE demeure extrêmement solide. Le ratio de solvabilité de la SGAM a perdu 19 points en un an mais reste à 237%. Il s'établit à 147% pour la SAM et à 343% pour la mutuelle.
Philippe Bénet : Nous menons ce plan de transformation parce que nous en avons justement les moyens. Il intègre une partie d'investissement pour nous permettre de changer notre modèle. Nous avons par ailleurs noué plusieurs partenariats innovants pour continuer notre développement. Je pense notamment à l'assurance emprunteur avec Mutlog ou à l'assurance scolaire avec Intériale ou encore à notre projet de détection précoce des troubles DYS avec Mila qui doit nous redonner une longueur d'avance en matière d'assurance scolaire.
Avez-vous songé à un rapprochement avec un autre acteur de l'assurance ?
Philippe Bénet : La MAE reste indépendante mais pas solitaire, en nouant des partenariats utiles aux besoins de ses adhérents.
À voir aussi
Mutualité Française : La Cour d’appel invalide partiellement le PSE
Mutualité Française : Deux directeurs sur le départ
Mutualité Française : Les syndicats contestent le PSE devant les tribunaux
Aésio Mutuelle : L’accord PSE signé à l’unanimité par les syndicats