MGEN : "Nous avons trois ans pour nous préparer à la réforme de la PSC"
La MGEN plaide pour intégrer l’action sociale, la prévoyance et la solidarité inter-générationnelle dans le cadre de la réforme de la protection sociale des fonctionnaires.
A quelques jours de l’assemblée générale de la MGEN qui aura lieu le 7 et 8 juillet à Lyon, le président Roland Berthilier donne sa dernière conférence de presse, aux côtés de Fabrice Heyriès, le directeur général. C’est l’occasion de revenir sur les résultats de l’année 2020 et de partager leurs inquiétudes sur la future réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires.
Concernant l'exercice 2020, la MGEN a enregistré une hausse de 4,5% de son chiffre d’affaires à 2,5Mds d’euros. « Cette progression assez vive a deux origines. D’un côté, l’augmentation des tarifs à hauteur de 2%, en ligne avec la progression de la consommation des soins. D’un autre côté, les gains de portefeuille. Nous nous sommes développés sur la couverture santé d’expatriés à l’international (140M d’euros de chiffre d'affaires, en hausse de 15% en 2020) et sur la couverture des entités de l’économie sociale et solidaire (environ 100M d’euros de chiffre d'affaires, avec un taux de croissance à deux chiffres) », détaille Fabrice Heyriès.
La MGEN n’a pas rencontré de difficultés pour encaisser les cotisations en 2020 et a enregistré 120M d’euros de prestations en moins, comme conséquence du confinement. La taxe covid de 83M d’euros a partiellement compensé cette baisse. La mutuelle a également dû provisionner 50M d’euros supplémentaires sur l’assurance prévoyance, en raison du contexte de taux bas. Au final, elle a dégagé 61M d'euros de résultat net sur l'activité d'assurance.
Pas de rattrapage des dépenses de santé
« Depuis le premier déconfinement, nous ne constatons pas de rattrapage de la consommation de soins. Nous sommes sur des niveaux similaires aux années précédentes. Cependant, ces phénomènes peuvent être différents d’une mutuelle à une autre, car au sein du groupe Vyv, d’autres mutuelles, plus présentes sur le collectif, constatent une hausse des remboursements », signale Fabrice Heyriès.
Fort démarrage des consultations psy
La MGEN a également présenté les premiers chiffres sur le remboursement des consultations psychologiques à hauteur de 60 euros, dans la limite de 4 consultations par an. Sur le seul mois de mai, la MGEN a remboursé 15.000 consultations. Elles concernent 8.100 adhérents et cela représente un coût supplémentaire de 800.000 euros, uniquement sur le mois de mai. Ce coût est à comparer avec les 2 millions d’euros par an que la mutuelle rembourse habituellement au titre du remboursement des consultations psy. « Ces chiffres démontrent qu’il y a un vrai besoin de prise en charge des consultations psychologiques, qui ne sont pas remboursées par l’Assurance maladie. Nous avons constaté une sur-représentation des jeunes : 23% des consultations remboursées concernent les moins de 18 ans et 41% les moins de 30 ans », souligne Fabrice Heyriès.
Le dispositif transitoire dès 2022
Concernant la protection sociale complémentaire des fonctionnaires, la réforme doit entrer en vigueur en janvier 2022 dans la fonction publique d’Etat, mais elle ne s’appliquera qu’au terme des différents référencements, et donc de 2024 pour l’Education nationale. Le gouvernement a annoncé un dispositif transitoire dans la fonction publique d’Etat qui prévoit le remboursement de 15 euros par mois et par agent pour les fonctionnaires couverts par un contrat responsable.
« Qui va payer pour les retraités ? »
Roland Berthilier a déclaré : « Cette réforme est une bonne nouvelle parce que l’employeur public va enfin prendre en charge la couverture des agents mais le risque est de recopier ce que l’on a fait sur le privé, avec les conséquences néfastes pour les retraités lorsqu’ils sortent du contrat groupe ».
La MGEN couvre aujourd’hui 1,2 millions d’adhérents à l’Education Nationale, dont presque 50% sont des retraités. Les tarifs sont indexés en fonction du niveau de revenus. « La réforme est très attendue pour les actifs, mais pourrait amener un enrichissement sur les couvertures des retraités. Aujourd’hui, nos actifs paient pour nos retraités. Demain, qui va payer pour les retraités ? Notre ratio prestations sur cotisations est de 80% sur les actifs et de 130% pour les retraités. La hausse de cotisation pourrait donc atteindre 50%, si aucun mécanisme de solidarité inter-générationnelle n’est prévu », prévient Fabrice Heyriès.
L’enjeu pour la MGEN est donc de convaincre les partenaires sociaux pour intégrer de l’action sociale, de la prévoyance et des dispositifs de solidarité inter-générationnelle dans la définition du cahier de charges de l’offre. « Le risque est d’aller vers des offres low cost, d’entrer dans une guerre de prix comme c’est souvent le cas dans le marché du collectif, qui présente aujourd’hui un ratio combiné moyen de 104% », pointe Fabrice Heyriès.
La sur-complémentaire va se développer
La MGEN est-elle en mesure de faire du collectif ? « Nous sommes capables de faire du collectif et nous avons trois ans pour nous y préparer. Cela nécessite des travaux sur la structure de nos offres, sur le système d’informations, sur les tarifs. Notre offre historique, qui intègre à la fois la santé et la prévoyance, prévoit des garanties élevés. Si demain, le développement se fait comme pour le secteur privé, le risque c’est que cela se fasse uniquement sur la santé, avec des garanties plus faibles. Nous attendons de connaître le cahier des charges. Nous allons très certainement le compléter, plus qu’aujourd’hui, par des garanties additionnelles facultatives », se projette Fabrice Heyriès.
Des rapprochements en vue ?
La mutuelle de l’Éducation nationale se dit ouverte à collaborer avec des mutuelles de la fonction publique de plus petite taille : « Pour entrer dans cet environnement nouveau, il va falloir collaborer. Nous ne sommes pas dans une logique hégémonique. Nous avons la même culture, si on peut partager les choses, voir s’associer dans une logique de partenariat, c’est du gagnant-gagnant pour tout le monde », conclut Fabrice Heyriès.
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