Mondial Assistance : « Que chaque femme en danger bénéficie d’une assistance sans que ce soit une charge pour les policiers »

lundi 16 juillet 2012
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Déjà mis en place dans trois départements (93, 67 et 95), le dispositif de téléassistance pour les femmes en très grand danger géré par Mondial Assistance, a été adopté par Paris. Il pourrait bientôt être étendu à l’échelle nationale.  

Vendredi 13 juillet, la ville de Paris a adopté le dispositif destiné aux femmes en très grand danger, dont la plateforme d’appel est gérée par les services de Mondial Assistance. Testé depuis 2009 en Seine Saint-Denis sous l’impulsion du procureur de Bobigny François Molins, puis étendu notamment à Strasbourg par le procureur Patrick Poiret, ce dispositif d’urgence permet aux femmes en très grand danger de bénéficier d’une assistance gratuite, 24h/24 et 7j/7 grâce à un téléphone spécial.

Ce procédé de téléassistance s’adresse aux femmes en danger de mort, c’est-à-dire qui ont été la cible de menaces de mort ou de faits de violence avérés. 70 d’entre elles ont déjà pu en bénéficier. Et le test a été concluant puisque à chaque fois l’intervention de la police a permis soit d’éviter le contact physique, soit d’intercepter l’ancien compagnon avant qu’il ne soit trop tard. « Pour ces femmes, c’est aussi le moyen de sortir de chez soi et de se réinsérer dans la vie réelle, en n’ayant plus peur en permanence », confie Pascal Paris, responsable des marchés télécoms de Mondial Assistance.

Identifier la personne

A partir d’un appel lancé à l’aide d’un téléphone spécialement dédié à cet usage et fourni par Orange, la plateforme de Mondial Assistance identifie directement la personne et réceptionne l’appel qu’elle redirige ensuite vers les services de police en cas d’urgence.

Le téléassisteur reconnaît chaque femme sans que celle-ci n’ait besoin de s’identifier, à partir d’informations propres à chacune et définies en amont par le parquet. Lieux d’habitation, supermarchés, écoles ou environnement familial, les points de fréquentation habituels sont donc connus de Mondial Assistance.

La plateforme téléphonique ne traite pas que les appels d’urgence mais gère aussi les moments où ces femmes ont besoin d’être rassurées. En 2011, Mondial a traité 737 appels, qui ont donné lieu à 63 interventions de police. La grande majorité des appels sont donc générés par de l’inquiétude ou des questions juridiques, que l’assisteur redirige vers les services dédiés des associations ou le parquet.

Maintenir le contact

« Nous avons une mission importante de maintien du contact, précise Pascal Paris. Chaque femme doit utiliser son téléphone tous les 15 jours afin de vérifier qu’elle va bien et que tout fonctionne. Si nous n’avons pas de nouvelle, c’est nous qui la sollicitons, et contactons son entourage dans le cas où  elle ne répond pas. »  

La réception des appels s’effectue depuis la plateforme de Mondial Assistance située à Châtillon et spécialisée dans le traitement des appels de secours. Si l’assisteur possède différentes plateforme de gestion des appels, dédiés au voyage, à l’auto, la santé ou aux appels à caractère social, une cinquantaine de téléassisteurs à Châtillon traitent 1.600 appels d’urgence par jour, principalement de personnes âgées et désormais de femmes en très grand danger.

La création du dispositif à l’échelle nationale

« Nous espérons la création prochaine de ce dispositif à l’échelle nationale, déclare Pascal Paris.  L’arrivée d’un nouveau ministre dédié à la cause des femmes est bienvenue dans la mise en place de ce dispositif ». Une étude du Sénat va dans le sens d’une généralisation, mais aucun calendrier n’est encore défini. S’il a été lancé en Seine-Saint-Denis avec la complicité du Conseil général où se situe l’Observatoire des violences envers les femmes, la gestion et le traitement des appels à l’échelle nationale serait d’une autre ampleur.

En Espagne le dispositif existe depuis plusieurs années.  « Si on considère que la France est dans une situation un peu meilleure que l’Espagne où 8.800 femmes sont bénéficiaires, elles seraient tout de même plusieurs milliers  à recourir au dispositif sur le territoire », précise M. Paris. Et les chiffres dépassent l’entendement, puisqu’une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son actuel ou ancien conjoint dans la 5e puissance mondiale. Et celles qui ne meurent pas sont aussi concernées par un tel dispositif.

La mise en place d’une téléassistance sur l’ensemble du territoire nécessiterait la mise en place d’une organisation des opérations entre les différents acteurs à l’échelle nationale, ministères, procureurs, TGI, associations et forces de police. Le dispositif nécessite dans un premier temps la collaboration de la justice pour l’attribution du dispositif mais aussi la définition d’un cadre juridique.

Bientôt un appel d’offre ?

Le rôle de l’assisteur est de permettre un large accès à la protection sans engorger les services d’intervention, puisque seuls 10% des appels mènent à une intervention des forces de l’ordre. « Le plus important est que chaque femme en danger bénéficie d’un portable et d’une assistance 24h/24 sans que ce soit une charge pour les policiers », précise M. Pascal.

Côté financement, rien n’est encore sûr mais les pistes tournent du côté du ministère de la justice et des collectivités locales, conseils généraux ou régionaux, voire un mélange des deux. L’objectif étant qu’il soit toujours gratuit pour les bénéficiaires. Un appel d’offre sera alors lancé et Mondial Assistance sera en première position.

« Nous avons contribué depuis 2009 à la mise à tous les travaux préparatifs et à la mise en place des processus d’échange entre les acteurs. Nous souhaiterions donc mettre cette expérience à profit pour qu’elle se transforme en quelque chose de un projet de long terme » conclut Pascal Paris.

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