Mutuelles communales : Deux codes, deux ambiances
Depuis leur apparition en 2014, les « mutuelles communales » figurent en bonne place du top ten des promesses électorales. Impossible en revanche de savoir comment cet engouement des élus pour la complémentaire se traduit sur le marché, faute de statistiques.
Un seul indice : deux chiffres souvent cités font état de 2.800 mutuelles communales pour 26.000 adhérents en 2018. Axa France à lui seul revendique aujourd’hui 3.600 communes et 24.000 contrats… Alors que l’assureur affirme y aller moderato. « C'est une opération sociale, qui vise à redonner du pouvoir d'achat aux seniors, avec une réduction de 25 à 30% par rapport aux tarifs Axa France », explique Nadège Stroher, Inspecteur conseil Axa France, à l’origine d’une offre dans son département des Pays de Loire, déployée ensuite au niveau national.
Pour la complémentaire territoriale Axa, l’agent mandataire se déplace à domicile, car nombre de demandeurs, des personnes âgées, n'ont pas forcément accès à internet. Mais la réduction des tarifs n’attire pas que cette catégorie de population. « Depuis trois ans, nous constatons qu'il y a beaucoup de demandes de TNS, dans la mesure où le contrat est éligible Madelin », indique Nadège Stroher. A noter que l’offre Axa officiellement réservée aux communes de moins de 10.000 habitants, existe notamment à L’Haÿ-les-Roses, 33.000 habitants.
Groupama Loire Bretagne marche dans les pas d’Axa, avec une remise de l’ordre de 30% sur les tarifs du contrat Groupama Santé Active, la Caisse régionale est du coup souvent citée – fréquemment en doublon avec Axa d’ailleurs - dans les colonnes du quotidien Ouest-France comme la nouvelle mutuelle communale de tel ou tel village. A terme, si le succès est au rendez-vous, comment les deux assureurs feront-ils coexister leurs « mutuelles communales » avec leur gamme habituelle ? Dans l’immédiat, ce sont surtout les mutuelles actives sur ce segment de marché qui jugent qu’ils ont dévoyé le concept.
Un axe stratégique pour les petites mutuelles
Le marché des couvertures territoriales constitue en effet pour certaines mutuelles petites et moyennes un axe stratégique, et parfois un retour aux sources. C’est le cas de la Mutuelle Générale d’Avignon (MGA), pionnière du genre à Caumont-sur-Durance. Certes, le tarif a été revu à la hausse (à 47 euros par mois en 2014, il est passé en 2018 à 60 euros après le départ d’adhérents salariés suite à l’ANI, puis à 67 euros avec le 100% santé), mais il est resté unique quel que soit l’âge, le principe de départ.
Le contrat, fermé aux nouvelles adhésions, reste attractif et équilibré, indique Nathalie Meyer, directrice de la MGA. Suite à ce coup d’essai, la MGA propose sa « mutuelle de village » avec cinq niveaux de garantie (dont un non responsable) et quatre tranches tarifaires, adoptée par 73 communes de la zone de chalandise de la mutuelle. Ce qui représente un volume significatif de « 3.500 à 4.000 personnes protégées » pour une mutuelle de 10.000 adhérents, et une démarche militante, car tous les adhérents de la MGA se voient proposer l’adhésion lorsque leur commune devient partenaire.
Redressement tarifaire « vigoureux »
Pour Philippe Mixe, président de la mutuelle Just et de la FNIM, la mutuelle communale est un axe de développement prioritaire, au détriment des contrats collectifs d’entreprise… « Retour inattendu au mutualisme » et « proximité » sont cités par Philippe Mixe qui indique que son offre Label’Ville est partenaire de près de 400 communes pour 17.000 à 18.000 personnes. Comme à la MGA, les projets de tarif unique ont capoté et il y a eu des redressements tarifaires « vigoureux » convient Philippe Mixe. Mais son offre reste attractive, et l’équilibre technique est « très satisfaisant ».
Même si c’est un peu à contre-cœur, Solimut fait aussi partie des mutualistes présents sur ce segment. « Solimut déplore la segmentation du marché amenée par l’ANI et l’AC2S. Celle-ci a induit l’émergence des mutuelles communales, qui s’adressent à ceux qui sont exclus des deux premières offres », pointe Pierre Méry, chargé de l’animation du réseau militant chez Solimut. Il poursuit, « Solimut va sur le marché des mutuelles communales là où le groupe est un acteur de santé, avec des services de soins et d’accompagnement ou un projet territorial d’accès aux soins ». Opérateur de l’AC2S, le mutualiste met aussi un point d’honneur à aiguiller ceux qui n’auraient pas fait jouer ce dispositif alors qu’ils peuvent y prétendre.
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