Dominique Joseph, secrétaire générale de la FNMF et présidente du réseau MutElles pour la promotion de la parité, fait un bilan sur la féminisation des conseils d’administration des mutuelles.
L’ordonnance 2015-950 du 31 juillet 2015 relative à l’égal accès des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration des mutuelles leur impose d’avoir au moins 40% de femmes dans les conseils d’administration à horizon 2021. “Cette loi est une opportunité pour réfléchir à la gouvernance des mutuelles et pour renouveler nos conseils d’administration ”, considère Dominique Joseph.
En 2017, un an après la création de MutElles, il y a 26% de femmes dans les conseils d’administration des mutuelles de livre 2 de la FNMF, soit une progression de 3 points en un an. “La création de MutElles le 1 juin 2016, grâce au soutien du président et du directeur général sortants (Etienne Caniard et Emmanuel Roux) et du président entrant, Thierry Beaudet, a contribué à accélérer la prise de conscience au sein des mutuelles”, affirme sa présidente.
Le taux de féminisation de 26% est encore éloignée des 40% exigés par la loi d’ici 2021, mais, selon Dominique Joseph, cela amorce une tendance. “Cette dynamique est très encourageante. En 10 ans, entre 2003 et 2013, le taux de féminisation avait uniquement progressé de deux points, passant de 21 à 23%”, souligne-t-elle. La tendance pour l’année 2018 sera connue d’ici début 2019.
Cette moyenne de 26% cache de fortes disparités. Certaines mutuelles de la fonction publique ont une longueur d’avance, comme, entre autres, la Mgen, la Mgefi, la MCEDEF ou la MNT dont le conseil d’administration compte depuis le mois dernier près de 48% d’administratrices. “Certaines mutuelles ont totalement intégré la parité dans leur stratégie, telle Harmonie Mutuelle, Intériale ou Adréa”, pointe Dominique Joseph.
D’autres mutuelles, comme Unéo ou la Mutuelle des sapeurs-pompiers présentent un déséquilibre de représentation des femmes, du fait de la forte proportion d’hommes parmi leurs adhérents.
Les mutuelles qui présentent un faible taux de féminisation sont souvent des mutuelles de taille intermédiaire, avec un âge moyen élevé, qui ont souffert suite à la généralisation de la complémentaire santé. Pour certaines mutuelles en difficulté financière, la féminisation de leurs instances n'est pas la principale priorité.
“Cela prend du temps, mais le réseau MutElles est très jeune. Il sera très intéressant de voir la progression du taux de féminisation des instances en 2018 et 2019, car la plupart des mutuelles renouvellent leur conseil d’administration par tiers tous les deux ans, et le mandat d’administrateur ou administratrice dure 6 ans. De plus, nous ne sommes pas sur un mode d’élection par listes, mais sur un scrutin uninominal avec des candidatures individuelles”, rappelle Dominique Joseph. La présidente du réseau MutElles n’exclut pas un « effet boule de neige » les prochaines années.
Pourtant, les rapprochements en cours dans le monde mutualiste ne contribuent pas toujours à la féminisation des instances. “J’appelle cela l’effet entonnoir. Quand deux conseils d’administration de 40 personnes passent à un seul CA de 30, ce n’est pas forcément l’année de la création de la mutuelle que la parité va être renforcée”, regrette Dominique Joseph.
Le réseau MutElles a organisé une cinquantaine d’évènements depuis sa création en juin 2016. Un des outils du réseau est la sensibilisation par des pairs. " Des membres de MutElles reçoivent d’autres représentants de mutuelles sur la base du volontariat”, explique-t-elle. Le président de la mutuelle a souvent un rôle décisif pour augmenter le taux de féminisation de son conseil. “Demander aux hommes de faire une place aux femmes est un travail de longue haleine qui demande du temps”, dit D. Joseph. Le réseau accompagne également les mutuelles dans la recherche de candidates et la formation des administratrices.
Depuis le 1er janvier, MutElles est également ouvert aux hommes. Aujourd’hui, il compte environ 280 membres, des ambassadeurs de la parité.
Le sujet de la féminisation des instances a été peu visible lors du Congrès de la Mutualité. La réforme sur le reste à charge zéro a focalisé une grande partie de l’attention. “Il y a des moments où des priorités sont données comme par exemple avec l'innovation et le prix innovation mutuelle, mais une présence de MutElles a été assurée sur le stand fédéral”, reconnaît Dominique Joseph. Le sujet reviendra en force au prochain congrès car 2021 est également la date fixée par la loi pour avoir 40% de femmes dans les conseil d’administration des mutuelles.
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