Selon nos informations, la Sambo et la Samap, deux mutuelles d’assurance dédiées à l’industrie de la pêche et aux marins, travaillent à un rapprochement. L’opération, qui pourrait être bouclée en fin d'année, permettrait de créer un acteur de poids sur ce marché.

Dans un marché de la pêche en proie à des difficultés économiques ces dernières années, la Sambo (Société d'Assurances Mutuelles Bretagne-Océan) et la Samap (Société d'Assurance Mutuelle des Armateurs et Professionnels de la mer) - mutuelles d’assurances spécialisées sur la couverture des navires et des marins - ont entamé des discussions en vue de se rapprocher, selon les informations de News Assurances Pro.

Contacté par la rédaction, la direction générale de la Sambo explique : « Notre réflexion autour d’un rapprochement avec la Samap est le fruit d’un constat de l’évolution de l’industrie de la pêche. Cette dernière se contracte alors que les exigences réglementaires et prudentielles se renforcent. Ce contexte de marché nous incite donc à vouloir créer un nouvel ensemble plus fort et plus diversifié », précise Patrick Tudal, ex-DG de la mutuelle depuis début mars. Ce dernier a été remplacé par Anthony Nahelou, actuaire et jusqu'alors conseiller à la direction et à la gouvernance de la Sambo. Le nouveau dirigeant devrait par ailleurs prendre la direction du futur nouvel ensemble.

Avec un chiffre d’affaires 2023 avoisinant les 29M d’euros, la Sambo couvre les dommages aux navires professionnels et aux bateaux de plaisance, mais également les marins et les équipages avec des offres en santé individuelle et collective. De son côté, la Samap, qui enregistre environ 7,5M d’euros de chiffres d’affaires annuel, est uniquement positionnée sur la couverture des corps de navire à usages professionnels. « Regrouper nos deux marques est donc une évidence à tous points de vue, tant pour la taille - la future structure unifiée pèserait près de 40M d’euros de CA – que pour sa présence géographique entre nos implantations dans l’ouest et la localisation des agences de la Samap. Surtout, l’ensemble de nos produits IARD et ADP combinées, nous permettraient de proposer à l’industrie de la pêche une offre complète et une offre complémentaire santé tous secteurs d’activités confondus mieux distribuée géographiquement », ajoute Patrick Tudal.

Fusion ou adossement ?

Reste que ce futur rapprochement pose encore questions. D’abord celle de la finalité de l’opération. Si la Sambo, plus importante en taille, s’oriente in fine vers une fusion-absorption de sa société sœur, « nous voulions plutôt discuter d’égal à égal avec la Sambo et lui proposer un projet d’adossement qui nous aurait permis d’aller chercher des affaires nouvelles tout en faisant des économies d’échelle », tempère un responsable de la Samap sous couvert d'anonymat. « Nos mutuelles respectives ont beaucoup de capital en déshérence avec des SCR extrêmement élevés. Nous devons prendre plus de risques pour nous développer côte à côte », ajoute-t-il.

Ensuite, d‘autres interrogations se font jour autour des outils communs ou de la conservation des deux marques. « Le positionnement géographique de la Samap est également très différent et plus avantageux que celui de la Sambo. A contrario, cette dernière est experte dans la gestion du régime spécial de sécurité social des marins (ndlr : ENIM - Établissement National des Invalides de la Marine). Les deux mutuelles ont de sérieux atouts qu’il faut veiller à ne pas perdre », fait valoir un réassureur.

Enfin, la question de la réassurance est aussi de taille. Jusqu’alors, les deux mutuelles d’assurance s’appuyaient sur des programmes différents, mais la rigidification des conditions de renouvellements vont pousser les deux structures à travailler à une réassurance commune pour le 1er janvier 2024.

« Une fois les délais d’informations règlementaires publiés et les AG extraordinaires de nos deux mutuelles convoquées dès que possible, ce rapprochement pourrait être bouclé en fin d’année 2023 », explique la direction générale de la Sambo. Toujours selon nos informations, une fois ce projet de rapprochement validé par le régulateur, il sera à effet rétroactif au 1er janvier 2023.