Mutuelles : Un duel inédit pour la présidence de la Mutualité Française

lundi 4 octobre 2021
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L’assemblée générale de la Mutualité Française doit élire son président le mardi 5 octobre. Eric Chenut, le favori, affronte le général Jean-François Furet-Coste dans un duel inédit.

Il ne reste plus que quelques heures pour connaître le nom du successeur de Thierry Beaudet à la tête de la Mutualité Française. Eric Chenut et Jean-François Furet-Coste briguent la présidence de la fédération mutualiste pour un mandat de 5 ans. Cette pluralité de candidats est exceptionnelle dans l'histoire de la fédération, puisqu'il faut remonter à 1979 pour retrouver la même situation. Marc Salingue, président de la mutuelle CCMO, avait également envisagé de se présenter, mais sa candidature n'a pas abouti car il a dépassé la limite d'âge de 70 ans.

Les deux candidats en lice sont issus de la fonction publique, mais ont des profils très différents. Eric Chenut, vice-président de la MGEN, du groupe Vyv et de la Mutualité Française, est le favori. « La vraie question n’est pas de savoir s’il va gagner mais de combien », commente un dirigeant mutualiste. Eric Chenut a une solide carrière mutualiste derrière lui. Étudiant, il menait des campagnes de prévention santé sur le terrain. Il a été président fondateur de la LMDE puis a gravi les échelons de la MGEN, jusqu’au poste de vice-président. Il aurait aimé présider la MGEN, mais le conseil d'administration a choisi l'autre candidat, Matthias Savignac. C'est alors que la fonction de président de la Mutualité Française a pris tout son sens. On dit de lui qu’il est "un fin stratège, un animal politique redoutable, un excellent orateur, imbattable sur les sujets de protection sociale, d’éducation, citoyenneté, culture".

Eric Chenut incarne les mutuelles grandes et puissantes. Il a le soutien du groupe Vyv, du groupe Aésio et même de l’aile gauche de la mutualité représentée par la Fédération des Mutuelles de France. Non-voyant depuis ses 23 ans, il défend à la perfection la diversité et les droits des minorités. Certains l’ont qualifié de « radical », surtout après ses positions en faveur de la PMA qui ont dérangé l’aile conservatrice du mouvement mutualiste. Son image est encore très associée à la MGEN et son principal défi sera de rassembler autour de lui afin de représenter les intérêts de toutes les mutuelles.

En face, le général de l'Armée de l'Air Jean-François Furet Coste, l’outsider, a été parachuté en Mutualité en 2015. Il veut porter la voix des petites et moyennes mutuelles, celles qui ne se sentent pas suffisamment entendues par le conseil d’administration de la fédération mutualiste. Pendant sa campagne, il a insisté sur la fragilisation du mouvement et la crainte des mutuelles sur l'avenir du modèle mutualiste. Son principal obstacle est d’être un président non élu, car c’est le ministère des Armées qui l’a nommé à la tête d’Unéo puis de Solidarm. Jean-François Furet-Coste a le soutien des mutuelles de l’union de représentation affinitaires et solidaires (Unéo, MNH et MGP).

Une campagne en ligne

Ces derniers mois, les deux candidats ont sillonné la France, à la rencontre des représentants mutualistes sur le terrain. Le constat est partagé autour d'une certaine crise d'identité du mouvement mutualiste. Eric Chenut veut travailler sur la "raison d'être" de la fédération. Jean-François Furet-Coste veut repenser son rôle et son organisation.

Quelques clichés de ses réunions sont disponibles sur Twitter. Aucun débat en tête à tête n’a été organisé, mais les deux candidats ont présenté leur programme dans un espace intranet de la Mutualité Française. Eric Chenut a également tenu un carnet de campagne dans lequel il détaille son programme et ses réflexions suite à ses rencontres. S’il est élu, il souhaite « renforcer les moyens de la fédération en termes de communication externe pour faire davantage rayonner l’action mutualiste ». Il compte également se doter des moyens pour mesurer l’impact des actions mutualistes. Son objectif est de « renforcer les moyens de plaidoyer, pouvoir valoriser l’action mutualiste auprès des adhérents, des partenaires et des pouvoirs publics ».

Le suspense sera levé le mardi 5 octobre. Les délégués éliront directement leur président, puis les membres du conseil d’administration. Les statuts de la fédération ne permettent pas à Jean-François Furet-Coste d’intégrer le conseil d’administration en cas de défaite. En effet, il est simple délégué de la fédération. Le président de Solidarm plaide pour changer les règles et obtenir un poste de « co-président ». Par ailleurs, le général Marc Leclère, président de la mutuelle Unéo, vient d’être élu président de l’Unocam. Les défenseurs d’Eric Chenut espèrent que les généraux trublions vont poser les armes après cette élection.

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