Pandémie : Moins de 1% des pertes d'exploitation couvertes dans le monde
Dans son rapport annuel 2020, Insurance Europe revient largement sur la crise de la Covid. Face au « protection gap », la fédération en appelle aux gouvernements.
Le 31 mai, Insurance Europe a publié son rapport annuel pour l'année 2020. Le fédération des assureurs européens consacre évidemment une large partie de son bilan à la crise de la Covid-19. « Un retour progressif à la vie normale doit intégrer les enseignements tirés de l'expérience de COVID-19 et, alors que les sociétés européennes commencent à rouvrir, la discussion sur la résilience deviendra de plus en plus importante », pointe Insurance Europe. Et la fédération d'assortir son argumentation de plusieurs chiffres qui donnent le tournis.
Un mois de confinement engendrerait 1.700Mds de dollars (1.400Mds d'euros) de pertes d'exploitation pour les entreprises dans le monde. Au global, s'appuyant sur des chiffres livrés par les Banque Mondiale et l'Association de Genève, Insurance Europe relève que les pertes d'exploitation dans le monde avoisinent les 4.500Mds de dollars. Soit environ 1,7 fois le PIB de la France.
A titre de comparaison, la fédération rappelle que jusqu'ici, l'évènement le plus couteux en termes de pertes d'exploitation était le tremblement de terre survenu au Japon en 2011. La facture grimpait alors à 276Mds de dollars, soit 16 fois moins que la pandémie.
Un risque inassurable
Surtout, Insurance Europe met en avant le « protection gap » sur les pertes d'exploitations relatives à une pandémie. Ainsi, seuls 40Mds de dollars seraient couverts par le secteur de l'assurance, soit un peu moins de 1% du coût total pour 2020. Par ailleurs, le volume de primes encaissées sur tout le segment IARD en 2020 s'élevait à 1.600Mds d'euros. La conclusion est simple pour la fédération européenne : « L'enjeu ici ne réside pas seulement dans l'ampleur des pertes mais dans leur caractère global ; des risques qui se matérialisent partout et à la fois empêchent les mécanismes de diversification et de mutualisation qui sont au cœur du modèle économique de l'assurance privée ». Le risque de pertes d'exploitation consécutif à une pandémie est donc inassurable par le seul secteur privé de l'assurance.
Insurance Europe appelle dès lors les gouvernements à se pencher sérieusement sur le sujet et à anticiper de futures pandémies. « Les gouvernements devront s'impliquer en tant qu'assureurs de dernier recours dans tout programme d'atténuation des risques, tout en s'appuyant sur l'expertise importante de la secteur de l'assurance privée », estime la fédération qui se félicite que certains pays ait lancé des réflexions sur la mise en place de régimes se rapprochant de ceux couvrant le terrorisme ou les catastrophes naturelles.
Au-delà de la mise en place de partenariat public/privé, il est nécessaire pour le représentant des assureurs européens de revoir fondamentalement Solvabilité 2. « Bien qu'elle présente de très bonnes caractéristiques, Solvabilité II ne saisit pas correctement l'économie et les risques réels des activités à long terme des assureurs. Cela conduit à une surestimation des exigences de fonds propres et à une volatilité excessive des mesures de solvabilité. Ces failles ont été particulièrement visibles dans les premiers mois de la pandémie de Covid-19, qui a déclenché une forte volatilité des marchés ». Insurance Europe déplore une directive qui pourrait amener les assureurs à avoir des comportements procycliques alors que ce sont des investisseurs de long terme. Le message est passé pour le future présidente de l'Eiopa qui doit plancher sur le révision de Solvabilité 2 en relation avec la commission européenne.
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