Pour le 100ème numéro de la revue Risques, 101 personnalités ont été interrogées sur la vision des risques associés à leur secteur d’activité.
Que les assureurs spécialisés dans la couverture des grands risques se rassurent : sur 101 personnes interrogées dans la revue Risques à l’occasion de son 100ème numéro (à paraître le 3 février), aucune n’a couru le risque de répondre que son métier ne comportait aucun risque. Du côté des grands patrons, le manque de sécurité et l’inflation normative constituent les risques principaux pour le PDG du groupe Accor, tandis que la fraude et les problèmes informatiques sont le principal souci de la PDG de Boursorama.
Pour Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, le risque de black-out et les risques de cyber-attaques sont à prendre au sérieux. Sur le front des hauts fonctionnaires, Pervenche Bérès mentionne le risque technocratique, qui « décharge le politique de la prise de risque mais constitue un risque encore plus grand d’immobilisme et de processus autobloquant ». Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, considère, lui, que « le premier risque est celui de ne pas être écouté. Le second, celui de ne pas être entendu ».
Du risque de ne pas prendre de risque
Pour Laurent Bayle, président de la Philharmonie de Paris, le risque est aussi « de ne plus prendre de risque du tout, compte tenu des contraintes économiques croissantes qui conduisent à minorer les artistes émergents et la création, à ne s’appuyer que sur les mêmes valeurs repérées du répertoire ou sur une simple stratégie événementielle ». Même constat pour Mercedes Erra, président exécutive de Havas Worldwide, qui considère aussi le manque d’audace comme un risque majeur.
Tandis que le président du Centre des monuments nationaux place en tête de liste les risques associés à la sécurité des biens et des personnes, aussitôt suivis par les risques culturels, qui pourraient se traduire à l’avenir par l’émergence d’une génération qui n’apprécierait plus l’héritage du passé. Le pianiste Michel Dalberto tire quant à lui la sonnette d’alarme sur le risque de disparition de la musique classique. L’écrivain Monique Canto-Sperber et le philosophe Pascal Bruckner se rejoignent : le principal risque consiste pour eux à sortir du lot, à échapper à l’anonymat littéraire. Non moins philosophe, le navigateur Michel Desjoyeaux estime que « le principal risque est d’être déçu soi-même » et… le risque de se perdre.
L’effet négatif de la peur du risque
Sur l’évolution des risques, les économistes citent l’incertitude liée aux effets des politiques monétaires menées depuis une quinzaine d’années pour Patrick Artus, les risques d’erreur, d’incohérence et de surréaction pour Christian de Boissieu. Et concernant spécifiquement l’évolution des risques dans le secteur de l’assurance, Marie-Louise Antoni de Generali France estime que « le principal risque est la pénurie de talents face à l’escalade des exigences de compétences ».
Pascal Demurger, DG de Maif et président du Gema, cite pour sa part tous les « risques de rupture » (technologique, sociologique ou de marché), et Jérôme Grivet, DG de Crédit Agricole Assurances mentionne l’environnement macro-économique dégradé, les évolutions réglementaires et les aléas climatiques. En tête de liste de Thierry Martel, DG de Groupama, figurent les fluctuations des marchés financiers, le risque de réglementation et le risque de réputation. Au final, Sylvain Mortera, DG d’Aréas Assurances, considère que « le premier risque serait, paradoxalement, la peur exagérée du risque. Cette peur entraîne des contraintes réglementaires et prudentielles qui peuvent elles-mêmes être génératrices de risques ».
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