La MAE lance Mætamorphose, son grand plan de transformation. Philippe Bénet et Stéphane Coste, respectivement président directeur général et directeur général délégué de la mutuelle nous en détaillent les contours. Ils reviennent également sur un exercice marqué par la crise et qui a confirmé le besoin de transformation de la mutuelle rouennaise.
Comment s'est déroulé l'exercice 2019/2020* pour la MAE ?
Philippe Bénet : Nous venons de clôturer un exercice avec un chiffre d'affaires en hausse de 3,7%. Nous dépassons les 103M d'euros. Notre ratio frais sur primes est en baisse, mais il demeure trop élevé puisqu'il s'établit à 59%. Cela s'explique notamment par le fait que nous avons beaucoup de petites primes et des coûts d'acquisition élevés. Le ratio sinistres à prime est quant à lui en légère hausse à 49%.
Stéphane Coste : Notre exercice a par ailleurs été marqué par le choc sur les marchés financiers à partir du mois de mars. Et en clôturant au mois d'août, nous ne bénéficions pas du redressement observé cet automne. Cela nous a imposé de passer des provisions sur les actifs placés auprès de gestionnaires d'actifs. Nous avons également des investissements ayant comme sous-jacents des projets immobiliers qui ont souffert de la crise. Là aussi, nous avons dû passer des provisions importantes. Au total, elles représentent 15 à 20% de notre chiffre d'affaires, ce qui est très impactant puisque nous enregistrons finalement une quinzaine de millions d'euros de pertes sur l'exercice. Malgré cela notre solvabilité reste confortable autour de 254% pour le groupe, 394% pour la mutuelle et 144% pour la SAM.
Quel a été l'impact de la crise sur votre sinistralité ?
Stéphane Coste : Sur notre activité cœur de métier, elle est restée a peu près identique à l'exercice précédent. En MRH, nous n'avons pas constaté de sinistralité inhabituelle. En revanche, elle est en nette hausse sur nos contrats de coopératives scolaires. Le confinement a eu un impact sur les voyages scolaires du fait des annulations liées à la crise sanitaire.
Comment se sont comportés vos portefeuilles durant cet exercice ?
Stéphane Coste : Sur le cœur de métier qu'est l'assurance scolaire, il y a une très légère érosion directement liée à la crise sanitaire. Nous faisons le gros des adhésions au démarrage de l'année scolaire. Mais ensuite, nous avons un volant de souscriptions au fil de l'année liées aux activités extra-scolaires, aux voyages scolaires ou encore aux colonies de vacances... Avec la crise, la production était moins intense. Sur les autres contrats comme la MRH ou la Prévoyance familiale, nous sommes en développement.
Vous souhaitez réduire vos frais. Comment allez vous y parvenir ?
Philippe Bénet : Jusqu'à présent, nous travaillions sur les achats, la sinistralité ou encore les impayés. Mais cela ne suffira pas. Nous allons de ce fait devoir mener à bien une transformation du modèle de la MAE pour répondre, notamment, aux besoins de nos adhérents. Ils se rendent de moins en moins dans nos agences et se tournent de plus en plus vers le digital ou les canaux téléphoniques. Nous allons dès lors travailler sur notre modèle relationnel, en priorisant la réduction des coûts immobiliers. Historiquement nous disposons d'une agence dans chaque département.
Cela signifie-t-il moins d'agences ?
Stéphane Coste : La crise a été un accélérateur de ce besoin de transformation de la MAE. Il faudra sans doute revoir le maillage territorial pour investir plus dans les canaux à distance. C'est une discussion que nous allons mener avec les représentants du personnel dans les mois qui viennent dans le cadre de notre plan MAEtamorphose.
Quel maillage visez-vous ?
Philippe Bénet : Nous n'en sommes qu'aux prémisses de la réflexion. Mais nous nous appuierons sur l'immobilier que nous détenons pour constituer des agences de tailles plus importantes.
Stéphane Coste : Le maillage régional, mais pas sous format nouvelles régions, permettrait aux adhérents de ne pas être trop loin d'une agence s'ils en ont besoin. Car la MAE reste aussi attachée à être en mesure de recevoir physiquement le public, et tout particulièrement dans le cadre des actions de solidarité qu'elle mène avec les familles du Secours Populaire ou des Restos du Coeur et qui fréquentent nos agences.
Cela aura-t-il une incidence sur l'emploi au sein de la MAE ?
Philippe Bénet : Nous proposerons d’abord des opportunités d’emplois dans le cadre du futur maillage territorial. Si départ il doit y avoir, nous privilégierons les départs naturels.
Quelles sont les orientations du plan MAEtamorphose ?
Philippe Bénet : MAEtamorphose s'articule autour de trois grands axes qui doivent nous emmener jusqu'en 2026 : améliorer la performance opérationnelle, développer le chiffre d'affaires et rendre notre fonctionnement plus efficient. S'agissant des agences, cela passera notamment par l'optimisation des activités. Actuellement, nous avons des agences généralistes. Nous souhaiterions nous organiser entre agences plus spécialisées et des centres de gestion. Notre ambition est également d'accroître notre performance téléphonique dans le but de mieux servir nos sociétaires et de développer des partenariats.
Quels types de partenariats recherchez-vous ?
Philippe Bénet : Jusqu'à présent, la MAE a toujours tout fait toute seule. Je crois qu'il faut nous nous tournions vers des partenaires afin de répondre aux besoins de nos adhérents sur des produits que nous pouvons pas développer nous-mêmes.
Stéphane Coste : Cela signifie que la MAE ouvre une nouvelle page de son histoire en acceptant d'être distributeur d'offres dont elle n'est pas la productrice. Nous veillerons à ce que les partenaires partagent nos valeurs de l'économie sociale et solidaire.
Cela pourrait-il passer par l'intégration dans un groupe ?
Philippe Bénet : Non, il s'agit bien de partenariats de distribution. Nous ne cherchons pas à entrer dans une Sgam ou toute autre forme d'intégration.
*L'exercice comptable de la MAE est calé sur l'année scolaire et non sur l'année civile
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