Placement : Investir les actifs, le dilemme de l’assurance-vie

mardi 21 mai 2013
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La forte collecte nette, de plus de 6 milliards d’euros, en assurance-vie donne le sourire aux assureurs mais elle pose des questions sur l’avenir des investissements comme sur les rendements.

Avec une collecte nette de 6,7Mds d’euros entre janvier et mars, l’assurance-vie retrouve des couleurs après une année 2012 marquée par une collecte négative, une première dans l’histoire du placement. Assez logique­ment, les assureurs ont servi au titre de l’année 2012 des taux de rendements en baisse. Mais une baisse peut-être moins importante qu’attendue. "Selon nos estimations, la moyenne du marché se situe aux alentours de 2,88% pour l’année 2012", confie Cyrille Chartier Kastler, fondateur de Facts and Figures et auteur d’un baromètre annuel sur l’épargne.Ce rendement n’est pas de nature à attirer les fonds des épargnants, même si son concurrent direct qu’est le livret A est lui aussi en perte de vitesse sur son rendement, avec un taux ramené à 1,75% le 1er février dernier et qui pour­rait encore baisser dès le mois d’août. Un taux limite, au regard de l’inflation qui était de 1,9% en 2012 et est attendue à 1,2% sur 2013 selon les prévisions de Bercy.

Baisse annoncée des rendements Dans ce contexte, les assu­reurs se doivent de faire un effort sur les rendements. "Nous nous attendons à une nouvelle baisse des rendements à 2,50 ou 2,60 % pour 2013" prévient Cyrille Chartier Kastler, "mais dans un scénario de forte baisse des taux, le rendement pourrait être de 2,20%". "On peut raisonnablement anticiper à ce stade une nouvelle diminution des taux servis au titre de l’exercice 2013, relève de son côté Marc-Philippe Juil­liard, Directeur senior, responsable de l’équipe Assurance du bureau parisien de Fitch Ratings, mais il peut encore se passer beaucoup de choses, dans les deux sens, nous ne sommes qu’au mois de mai". Rendements et taux d’intérêt sont plus que jamais liés. "La vraie question est de savoir si on continuera sur une baisse tendancielle, avec une diminution de 20 à 40 centimes par an, ou on peut imagi­ner un phénomène de marche d’escalier pour re-baser les rendements sur les taux d’intérêts". Avec l’OAT qui tombait à 1,67% le 3 mai dernier, le "Bund" allemand à 1,24 % sur le même jour, il ne fait pas bon chercher du rendement dans des placements sécurisés.

Une situation pas encore catastrophique

"Les assureurs vont devoir arbitrer avec du souverain d’Europe du Nord, des obligations d’entreprises bien notées et on a vu qu’elles étaient générale­ment sur-souscrites. Pour ce qui est des emprunts d’Europe du Sud, il est clair que ça ne pourra constituer qu’un actif de diversification. D’autant que tout n’a pas été vendu, loin de là, au cours de la crise. Les assureurs ont pour l’essentiel porté leur exposition aux dettes italiennes, espagnoles ou portugaises. La stratégie était de ne pas en racheter, mais la réduction de l’exposition a été limitée, surtout pour les échéances longues" ajoute Marc-Philippe Juilliard. A la marge, les assureurs se tournent donc vers d’autres classes d’actifs : obligations et actions d’entreprises, fonds de crédit, infrastructures, immobilier ou "quelques opportunités sur certaines dettes souveraines à court terme avec de belles plus values" complète un spécialiste des investissements. "Les assureurs regardent depuis longtemps les possibilités sur les infrastructures, c’est un gisement important". Une solu­tion qui ne pourra s’appliquer que sur des parts de flux des assureurs.

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