PLFSS : La Mutualité rappelle ses priorités au nouveau gouvernement
Sans aucun signal sur les mesures phares destinées à juguler le trou de l’assurance maladie, la Mutualité a une nouvelle fois énoncé leurs solutions : passer du médecin traitant à l’équipe traitante, supprimer les dépenses inutiles, booster la prévention et financer la dépendance par une assurance mutualisée.
« La pédagogie est affaire de répétition ». C‘était sans doute le mantra qu’avaient à l’esprit les dirigeants de la Mutualité Française lorsqu’ils ont préparé la présentation de la deuxième édition de leur Carnet de santé. En l’absence de signaux sur la tournure que pourraient prendre le PLFSS et le PLF, Éric Chenut, président de la Mutualité Française, a en effet choisi de marteler les mêmes messages que l’année dernière, indiquant « être prêt pour échanger avec l'exécutif ».
Selon la Mutualité Française, quatre mesures sont nécessaires pour espérer une remise à l’équilibre de l’assurance maladie, dont le déficit est attendu à 16 milliards d’euros pour 2024. Il faut d’abord basculer du système du médecin traitant à celui de l’équipe de soins traitante, il faut s’assurer de la pertinence des soins et des prescriptions, faire davantage de prévention, plus inclusive, et enfin créer une couverture dépendance pour tous. Rien de nouveau, mais rien qui n’ait jusqu’ici été mis en œuvre.
« Le parcours de soins comme il a été conçue en 2004 est inopérant » juge Éric Chenut, qui rappelle que 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant aujourd’hui. La proposition d’une équipe de soins traitante « répond aux attentes de tous », ajoute Éric Chenut , qui rappelle que des exemples d’expérimentations existent, financée dans le cadre de l’article 51 du PLFSS 2018.
Prévention et assurance dépendance
Pour faire des économies, la hausse des franchises, un outil encore récemment utilisé pour juguler les dépenses du régime obligatoire – mais les reporter l’assuré -, n’est pas une bonne idée, selon les mutuelles. « Les franchises fragilisent les plus précaires et les plus fragiles et n’ont pas montré leur efficacité », accuse Eric Chenut, qui rappelle en revanche que les soins inadéquats ont été chiffrés en 2020 à près de 50 milliards par la HAS,… sur un total de 315 milliards d’euros. « Il faut s’attaquer sans tabou aux prescriptions inutiles », renchérit Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française. « Pourquoi ne pas expérimenter l’opposabilité des directives de la HAS ? », ajoute Séverine Salgado, rappelant que la France reste un pays compétiteur de haut niveau sur les antibiotiques, dominant de 20% la moyenne européenne et avec quatre prescriptions sur dix contraires aux recommandations de la HAS.
Du côté de la prévention, les dirigeants mutualistes regrettent aussi que les choses évoluent trop lentement. « La prévention est toujours considérée comme un coût. Elle est toujours perçue comme péjorative par les professionnels de santé », a regretté Séverine Salgado qui appelle de ses vœux un assouplissement de l’accès aux données des patients. Enfin, le dernier cheval de bataille est celui du financement de la dépendance, alors que le coût moyen d’un EHPAD dépasse légèrement les 2.000 euros pour un montant moyen de l’ordre de 1.500 euros, et alors que le maintien à domicile, de plus en plus souvent promu, se traduit souvent par un coût supérieur à l’accueil en établissement, puisque les services d’aides ne sont pas mutualisés. « On espère vraiment qu’en 2025 cela puisse se mettre en œuvre », a souligné Éric Chenut, rappelant que sur ce point, les mutualistes et les assureurs avaient une solution commune à proposer, sur laquelle le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) avait rendu au printemps un avis favorable. « Je ne vois pas ce qui pourrait obliger le gouvernement à attendre » a conclu Éric Chenut.
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