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REPORTAGE - Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, et le président d’Eovi-Mcd, Maurice Ronat, ont effectué un voyage de presse le 9 février à Saint-Étienne pour montrer les dernières réalisations mutualistes. Face aux intellectuels et politiques qui prônent une assurance maladie universelle et une réduction du rôle des complémentaires, les dirigeants mutualistes se serrent les coudes et revendiquent leur rôle incontournable d’acteur de l’offre de soins.
« Aujourd’hui, la Mutualité c’est 15.000 professionnels de santé présents sur tout le territoire. L’activité sociale et médico-sanitaire représente 3,7Mds d’euros. Il y a des endroits, où pour se soigner, il ne reste que la Mutualité », explique Thierry Beaudet aux journalistes présents dans le TGV à destination de Saint-Étienne.
La question du financement de la santé n'est pas le seul enjeu
Le président de la FNMF se félicite que la santé soit un des sujets centraux de l’élection présidentielle mais il se dit « irrité » de la tournure des débats : « La question du financement est importante, mais la question de l’accès aux soins et du reste à charge l’est beaucoup plus », indique T. Beaudet qui ajoute : « J’en ai marre du terme ‘complémentaire’ qui nous enferme dans notre rôle de ‘remboursement des soins’. Nous sommes des acteurs à but non lucratif et investissons les excédents dans l’offre des soins. »
Le choix de Saint Etienne n’est pas un hasard. Bastion d’Eovi-Mcd, la Loire et la Haute Loire sont deux départements avec une forte concentration de réalisations mutualistes. Tout au long de la journée, nous allons visiter une centre santé spécialisée dans les pathologies de la femme, une clinique mutualiste spécialisée dans la médecine sportive, avec un étage dédié à l’orthopédie, un service pluridisciplinaire spécialisé dans la prise en charge de l’obésité… Les installations sont récentes, le matériel à la pointe technologique et les tarifs opposables. « Il faut en finir avec cette fausse idée selon laquelle les établissements mutualistes offrent des soins au rabais pour une population cabossée. Aujourd’hui nous voulons offrir le meilleur service de santé à des tarifs accessibles », explique le candidat à la présidence du groupe MGNE-Istya-Harmonie
Fleuron mutualiste, la clinique Clinique Mutualiste Chirurgicale de Saint-Étienne fait 300 opérations du cancer du sein par an. La clinique a lancé une expérimentation autour des thérapies non médicamenteuses. Ainsi, l’hypnose est testée auprès des patients atteints de cancer afin de réduire la douleur. La kinésithérapie en amont de l’opération de cancer du sein est également expérimentée afin de mieux préparer les patientes à l’opération. Des infirmières pivot suivent les patientes en amont et en aval de l’opération. « L’accent est mis sur le parcours de soins, et non pas dans la prise en charge de l’acte médical, afin que les patientes ne se sentent pas trimballées », pointe un des médecins présents. « La grande difficulté est de dépasser la phase de l’expérimentation et de réussir à financer ces innovations dans la durée pour en assurer la pérennité », signale le responsable de la clinique.
Qui finance ? Qui gère ?
Les établissements sont gérés par la Mutualité française, mais dans le conseil d’administration, 80% des postes reviennent à Eovi-Mcd. Pour rénover la clinique mutualiste, 5 millions d’euros ont été nécessaires, financées par la mutuelle stéphanoise, qui prête de l’argent à la Mutualité. A plusieurs reprises, Thierry Beaudet souligne l’interdépendance entre les mutuelles effectuant des opérations d’assurance et les mutuelles gestionnaires de réalisations sanitaires et sociales. « Si on n’a pas le livre 2 pour soutenir l’innovation, on n’y arrivera pas », martèle-t-il.
« À l’Assemblée Nationale, les mutuelles sont riches mais sur le terrain, les élus nous disent ‘votre richesse nous intéresse’ », signale Maurice Ronat en référence au débat autour de l’élection présidentielle. Thierry Beaudet inscrit les réalisations mutualistes dans un contexte national. Il cite quelques-uns des 2.600 Services de Soins et d’Accompagnement Mutualistes (SSAM) qu’il y a en France.
Le président de la FNMF explique comment est dépensé le montant des cotisations des adhérents : « La moitié est destiné à faire fonctionner la fédération et l’autre moitié est investie dans la prévention santé sur le territoire et dans un fond de développement des SSAM ». Dans le passé, ce fond venait soulager les établissements en déficit. Aujourd’hui, pour éviter les dérapages budgétaires, un système de prévention des risques a été mis en place.
La Mutualité française, en partenariat avec la Ville de Saint-Etienne, est également un des porteurs de projets de La Cité des Ainés, un quartier de logements pour des personnes âgées à 25 millions d’euros, dont 1,5 porté par la Mutualité française Loire – Haute Loire SSAM pour l’aménagement.
"Le solidarité n'est pas réductible à l'Etat"
La visite guidée des réalisations mutualistes continue dans l’après-midi avec la visite d’un EHPAD qui mène actuellement une expérimentation avec le robot Paro auprès des personnes atteintes d’alzheimer. Le petit phoque blanc et douillet est un « robot-compagnon » qui favorise le développement de la communication et de la socialisation des patients déments en établissement. Une première étude clinique permettra d’évaluer l’intérêt de Paro pour prévenir les manifestations de douleur induite par les soins. La seconde étude permettra d’analyser les interactions, en présence du robot, du résident avec le personnel soignant et les familles.
« Dans le débat d’aujourd’hui, il y en a qui pensent que l’État peut tout faire. Moi, je pense que la solidarité n’est pas réductible à l’État. Les mutualistes réinvestissent l’offre de soins de premier recours, du médico-social, du sanitaire jusqu’au handicap. Vouloir que l’Etat supporte 42 milliards de dette supplémentaire, c’est de la folie ! », insiste Thierry Beaudet. « Libérons les énergies et faisons le pari de la confiance avec les acteurs », plaide-t-il.
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