Prévoyance : Une certaine forme d’acceptation de l'absentéisme de longue durée
Les arrêts de travail de plus de 90 jours ont augmenté de 10% en 2018, selon le 11e baromètre de l’absentéisme et de l’engagement réalisé par Ayming en partenariat avec AG2R La Mondiale. Cette étude qualitative se penche sur l’absentéisme de longue durée et analyse les différents leviers d’action.
Le taux d’absentéisme atteint 5,10% en 2018 en France, selon cette étude. Il augmente ainsi de 8% en un an. Les absences de plus de trois mois ont progressé de 10% en un an. Le phénomène évolue différemment en fonction de l’âge. Chez les salariés de moins de 40 ans, l’absentéisme de longue durée a augmenté de 23%, tandis que pour les salariés de plus de 40 ans, la hausse est de 9%.
Les restrictions médicales et les inaptitudes sont aujourd’hui plus nombreuses chez les salariés de moins de 40 ans qu’il y a quelques années. Hors maladie, une part importante des absentes de longue durée sont en lien avec le travail. La maladie professionnelle, les conditions de travail difficiles ou l’épuisement professionnel sont des causes citées par les salariés en arrêt long.
« Les mentalités et le rapport au travail ont changé, les jeunes générations ne sont plus prêtes à sacrifier leur santé pour leur travail, ils pensent davantage à se préserver », indiquent les auteurs de cette étude.
Les entreprises résignées
Les entreprises expriment des difficultés pour agir sur l’absentéisme de longue durée. Elles considèrent que « ce sont des salariés atteints de pathologies lourdes », que « ce ne sont pas les absences qui désorganisent le plus dans le quotidien de travail », que « ces absences ne représentent pas les coûts directs les plus élevés »... Certaines entreprises ne comptabilisent pas les absences de longue durée dans le calcul de leur taux d’absentéisme.
« L’absence de longue durée est trop souvent laissée de côté par les entreprises, elles apparaissent démunies. Elles peuvent et doivent pourtant agir car plus un salarié s’éloigne, plus il sera difficile à réintégrer dans le collectif », signale Christophe Godefroy, directeur de l’activité RH chez Ayming.
Parmi les difficultés exprimées, certaines entreprises n’ont pas la possibilité d’aménager les postes ou de reclasser des salariés. 44% des salariés disent qu’aucune action n’a été mise en place au retour du salarié absent. Par exemple, uniquement 18% des salariés absents ont bénéficié d’un entretien de reprise avec leur manager. Les auteurs de l’étude indiquent que le désengagement du salarié n'est pas souvent la cause mais peut devenir une conséquence de l’arrêt de longue durée.
Que peuvent faire les entreprises ? Après avoir effectué un diagnostic des causes de l’absentéisme, il convient de mettre en place un plan de prévention et de gestion adapté. La majorité des entreprises considèrent important que l’entreprise prenne des nouvelles des salariés en arrêt pendant leur absence. Travailler sur l’engagement des salariés est un bon levier d’action, tout comme « poursuivre les actions de prévention des accidents du travail et de la pénibilité, améliorer les conditions de travail et intégrer l’usure professionnelle à la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GEPEC) ».
Les salariés interrogés évoquent le manque de reconnaissance, l’absence de développement professionnel et le manque d’éthique de l’entreprise comme des facteurs qui interviennent dans le désengagement des salariés. À l'inverse, le contenu du travail, les relations de travail et la flexibilité de l’entreprise sont cités comme des vecteurs d’engagement pour les salariés.
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