RC Pro : Pas de médecins impliqués dans le dossier Mediator, 46 dossiers validés
Seulement 46 dossiers de victimes présumées du Mediator ont jusqu'ici reçu un avis favorable ouvrant la voie à leur indemnisation, une « lenteur » dénoncée par des associations d'aide aux victimes.
Selon un bilan fourni mercredi à l'AFP par le directeur de l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam) Erik Rance, « 46 avis positifs d'indemnisations ont été notifiés au laboratoire Servier à ce jour ». Quelque 7.500 dossiers d'indemnisation ont été déposés au total depuis 2011 devant l'Oniam, dont environ 750 ont fait l'objet d'un avis définitif.
Un rythme jugé « inadmissible » par le Dr Dominique Courtois, président de l'Avim (association d'aide aux victimes de l'Isoméride et du Mediator) qui dénonce également « le rejet élevé de dossiers » par le collège indépendant des experts qui examine les demandes.
« Les critères sont devenus tellement restrictifs qu'à peine 5% trouvent grâce à leurs yeux, c'est inadmissible ! On ne peut pas dire que le doute bénéficie aux patients » souligne le Dr Courtois. « On demande maintenant aux gens d'apporter la preuve qu'ils n'avaient pas de lésions des valves avant la prise du Mediator, qu'ils n'ont pas été victimes d'angines graves dans leur enfance, qu'ils n'ont pas pris de médicaments contre la migraine. La moitié des personnes ne peuvent pas répondre à ces questions », ajoute-t-il.
Il regrette que les « règles du jeu » aient été changées par rapport à l'esprit qui a prévalu au moment de la création du fonds d'indemnisation avec Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé: le collège d'experts « retoque beaucoup trop de dossiers et n'argumente pas ses décisions au prétexte qu'elles sont confidentielles ».
Selon M. Rance, aucun professionnel de santé n'a été mis en cause dans les 46 dossiers ayant fait l'objet d'un avis positif, mais le directeur de l'Oniam n'exclut pas que cela arrive « un jour ou l'autre » dans la mesure où près 10% des victimes ont mis en cause un professionnel de santé dans leur demande d'indemnisation.
Jeudi, à Paris, des associations de victimes doivent faire le point sur les « dysfonctionnements du dispositif de l'Oniam » et sur les moyens d'y remédier. « Nous allons proposer, avec l'association Cadus (Conseil Aide Défense des Usagers de la Santé) et Irène Frachon (le médecin qui a fait éclater l'affaire du Mediator), d'autres critères clairs et plus simples, afin que chaque dossier soit évalué dans la transparence », indique à l'AFP le président de l'Avim.
Le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Destiné aux diabétiques en surpoids, mais largement prescrit comme coupe-faim, il a causé 500 à 2.000 décès, selon plusieurs études. Paris, 05 décembre 2012 (AFP)
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