Après les événements climatiques de 2017, la réassurance dite alternative a servi les cédantes comme les réassureurs qui s’étaient couverts auprès des marchés financiers. Quant aux investisseurs, ils en redemandent !
D’année en année, les émissions et l’encours des obligations catastrophes augmentent. En 2017, selon Artemis, 12,5 milliards de dollars (10,7 milliards d’euros) de cat’ bonds et d’ILS (insurance-linked securities) ont été émis et leur encours atteignait 31 milliards de dollars. Des montants qui ont quasiment doublé en dix ans : en 2007, 8,3 milliards de dollars de cat’ bonds étaient émis et l’encours s’élevait à 15,9 milliards de dollars. Et sur le seul premier trimestre 2018, les émissions frôlent déjà les 12 milliards de dollars tandis que les encours se chiffrent à près de 37 milliards de dollars.
L’essentiel de la réassurance dite alternative vise cependant à couvrir les risques de catastrophes naturelles aux états-Unis ou au Japon. Les séismes aux Etats-Unis représentent ainsi 10,7% des encours des cat’ bonds et ILS, les risques liés à l’assurance de prêts hypothécaires 7,9%, les séismes au Japon 7,3%, et les tempêtes et ouragans aux Etats-Unis 5,9%, selon Artemis.
Il existe également une forte demande en Amérique latine, où les Etats investissent même directement. Le Chili a par exemple souscrit à ce jour 500 millions de dollars de cat’ bonds, la Colombie 400 millions de dollars et le Pérou 200 millions de dollars.
Arme de négociation
En France, les émissions ont plutôt valeur de test et de monnaie d’échange. « En France, ce marché a certes été peu utilisé, mais il est bien présent et joue probablement un rôle dans la stabilisation des prix des réassureurs traditionnels », constate Catherine Bourland, directrice générale de la branche réassurance d’Aon France. Covéa a par exemple souscrit 90 millions d’euros auprès d’Hexagon Re pour couvrir le risque de tempête en France métropolitaine à partir du 1er janvier 2018.
« Covéa a émis une obligation de 90 millions d’euros sur quatre ans pour couvrir son programme d’événements naturels force de la nature (Covéa achète une capacité de 1,6 milliard d’euros pour ce programme). L’objectif, pour Covéa, était de connaitre le marché des ILS et de nous faire connaître. Cette première émission a été un succès, salué par le marché des capitaux. Fort de ce succès, nous sommes en mesure d’utiliser cette carte comme une alternative à la réassurance traditionnelle en terme de prix et dans une certaine mesure », explique Michel Elbilia, responsable de marché réassurance chez Covéa.
Philippe Renault, PDG de Guy Carpenter France, confirme ce positionnement stratégique des cédantes françaises : « à ce jour, elles n’ont pas vraiment besoin de capacités alternatives, mais s’y intéresser aujourd’hui pourrait se révéler utile dans le cas où le prix des capacités traditionnelles augmenterait de manière déraisonnable ou si la capacité faisait défaut. Les acheteurs auront alors développé un savoir-faire pour travailler différemment ».
Pourtant, les investisseurs auraient bien pu se retirer, du fait des pertes subies par ces cat’ bonds en 2017. « Pour la première fois dans l’histoire des cat’ bonds, celles-ci ont répondu pour partie à la sinistralité en 2017 et les marchés de capitaux ont maintenu leurs capacités. Ainsi, certaines des obligations ont bien été touchées et les investisseurs n’ont pas été effrayés », note Catherine Bourland. S&P Global Ratings avait notamment listé 13 obligations catastrophes qui pouvaient subir des pertes après les dommages causés par le seul ouragan Irma. « Après les événements climatiques aux Caraïbes, nous pensions que la réassurance alternative allait se contracter, ce qui n’a pas été le cas. Elle évolue même vers une plus grande accessibilité », avance Philippe Renault.
D’ailleurs, son usage se diversifie : la Banque mondiale a par exemple émis 300 millions de dollars de « pandemic catastrophe bonds » en 2017 et les « terrorism bonds » devraient également voir le jour. La réassurance alternative a encore de beaux jours devant elle. « Les réassureurs traditionnels réassurent quant à eux de plus en plus leurs engagements sur les marchés de capitaux. Le niveau de la réassurance alternative devrait donc a minima se maintenir », estime C. Bourland. Seule ombre au tableau : le niveau des taux d’intérêt. En effet, si une hausse des taux devait intervenir, les ILS deviendraient moins attractives et les capacités se raréfieraient.
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