L’autorité de la concurrence s’est autosaisie pour enquêter sur les pratiques du secteur de l’entretien et de la réparation automobile. Les prix ont fortement augmenté ces dernières années, ce qu'avaient constaté les assureurs dans la dérive des sinistres.
Le président de l’Autorité de la concurrence, Bruno Lasserre, a livré ses chiffres lundi 4 juillet. Entre 1998 et 2007, les prix de l’entretien ont augmenté de 35% (soit 2,5 fois le montant de l’inflation) et ceux des pièces détachées de 30%.
Une hausse qui se répercute par une augmentation de 50% des dépenses de réparation et d’entretien pour les Français. Ces augmentations sont payées directement par le consommateur soit par les assureurs qui ont vu leur sinistralité automobile augmenter fortement ces dernières années. Selon les chiffres de la FFSA, le coût des sinistres auto a augmenté de 45% en bris de glace entre 2000 et 2009, celui des RC matériels et dommages de 10% chacun.
Le manque de concurrence du secteur
L’Autorité impute ces niveaux à la hausse du prix des matières premières mais surtout au manque de concurrence dans le secteur. Celui-ci s’explique par l’introduction de l’informatique dans la détection des pannes, avec des logiciels que les garagistes indépendants ne possèdent pas contrairement aux grosses enseignes.
Surtout, le marché des pièces détachées « visibles » (vitres, carrosserie) n’est pas libéralisé en France, contrairement à d’autre pays européens. Une récente enquête de l’UFC Que Choisir montre que les différences de prix dans ces pays peuvent dépasser les 40% entre les marques constructeur et les indépendants, moins chers.
L’enquête de l’Autorité de la concurrence (dont les conclusions sont attendues en mars 2012) est une bonne nouvelle pour les assureurs, qui se plaignent depuis longtemps des dérives tarifaires des réparateurs. Par exemple, la Maif refuse de travailler avec Carglass, leader du marché du pare-brise qui pratique des tarifs 36% supérieurs à ceux des indépendants, selon l’association de défense des automobilistes.
Les primes d'assurance touchées
L’entreprise aurait une stratégie marketing visant à faire peur au consommateur pour l’inciter à remplacer son pare-brise, à 540 euros l’unité en moyenne. De plus, le succès des injections de résine dans les pare-brise a fait monter les primes d’assurance.
Le directeur général de Sferen, Paul Le Bihan, a d’ailleurs déclaré lundi 4 juillet que les trois mutuelles Maif, Macif et Matmut « vont sélectionner les synergies à mettre en œuvre afin de renforcer la performance et la qualité de gestion » en réparation automobile, plus particulièrement en matière de collision et de bris de glace. Chaque année, la réparation en général coûte 1,2Mds d’euros aux trois mutuelles. Un accord dans ce sens pourrait d'ailleurs intervenir très prohainement entre la Sgam et les réparateurs auto.
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