Reste à charge zéro : Les propositions des réseaux de soins

mardi 30 janvier 2018
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Les cinq principaux réseaux de soins ont formulé des propositions communes pour parvenir au projet de reste à charge zéro en soins optiques et auditifs pour faire baisser le coût tout en préservant la qualité. Santéclair détaille également ses propositions en dentaire, le sujet le plus délicat.

La concertation sur le reste à charge zéro a officiellement démarré le 23 janvier mais les cinq principaux réseaux des soins ont déjà formulé leurs propositions. Parvenir à une offre sans reste à charge en optique et audioprothèse apparaît comme un objectif réalisable. En revanche, dans le domaine dentaire, le coût des soins semble incompressible.

Optique : un enjeu de communication

En optique, les réseaux de soins proposent déjà des offres sans reste à charge. « Nous avons une offre qui s'adapte aux planchers de prise en charge du contrat responsable et qui est compatible avec 92% des cas de défauts de vision. Pour 50 euros en unifocal et 200 euros en multifocal, nous proposons une monture et des verres avec des traitements basiques (durçis, antireflets et un amincis si nécessaire) », explique Marianne Binst, directrice générale de Santéclair. « Cette offre pourrait être rediscutée pour qu'elle corresponde à un reste à charge zéro », ajoute-t-elle.

Aujourd'hui, cette couverture sans reste à charge est uniquement utilisée par 15% des assurés ayant une complémentaire santé avec des petites garanties. Cette faible adhésion s'explique en partie par le choix limité de montures et par un défaut d'information. « Les opticiens ne font pas de promotion des offres sans reste à charge, car leurs marges sont faibles sur ces produits », justifie Marianne Binst.

Si Santéclair ne propose que des verres de marques reconnues, la présence sur le marché de verres d'origine non déterminée alimente les craintes sur la perte de qualité des offres sans reste à charge. « Nous avons constaté 8% de verres d'origine inconnue via notre outil de tiers payant généralisé », constate Marianne Binst, qui plaide pour « qu'un organisme indépendant évalue la qualité des verres, comme c'est le cas des médicaments. Cela rassurerait les consommateurs ».

Pour Marianne Binst, la proposition de la Mutualité Française de baisser le remboursement des montures ou de réduire la TVA sur les lunettes de 20% à 5,5% pour tirer les prix vers le bas n'est pas forcément la solution à privilégier. « Cette solution est trop macroéconomique et donc hors sujet. Il est préférable de réfléchir filière par filière car parler de fiscalité est peut-être utile mais revient à une forme de diversion », pense-t-elle.

Audioprothèse : réorganiser la filière

En ce qui concerne les audioprothèses, les réseaux de soins reprennent les recommandations formulées par l'Autorité de la concurrence, à savoir de découpler l'achat de l'appareil et son entretien. Pour les réseaux de soins, le reste à charge zéro devrait concerner uniquement la vente de l'appareil. « « Payer d'avance 4 ou 5 ans un réglage hypothétique en audioprothèse est un handicap en termes d'accès aux soins », explique Marianne Binst.

Le principal obstacle reste aussi le recrutement d'audioprothésistes. Pour les réseaux de soins, « il faudrait donc augmenter le numerus clausus dans les formations d'audioprothésistes pour créer des emplois, faire baisser leurs salaires et donc les prix pour les consommateurs », considère la directrice générale de Santéclair.

Enfin, les réseaux de soins proposent d'équiper les magasins d'optique d'audioprothésistes. « Nous avons mené des études qui montrent que les malentendants sont plus satisfaits d'aller dans un magasin d'optique que dans le cabinet d'un audioprothésiste. C'est plus convivial, fréquenté par des personnes d'âges mélangés et moins ostracisant », explique Marianne Binst

Découpler l'achat de l'appareil (environ 600 euros) de son entretien permettrait d'étaler le coût de l'entretien, soit 912 euros, sur quatre ans, sous forme d'abonnement ou bien à l'acte. Il existe déjà des offres avec l'entretien sous forme d'abonnement pour 19 euros par mois. « Nous avons constaté que beaucoup de malentendants hésitent à retourner chez l'audioprothésiste pour ajuster le réglage de l'appareil. S'ils paient un forfait mensuel pour l'entretien, ils sont plus enclins à s'en servir », pointe un observateur.

La difficile équation en dentaire

Les cinq réseaux de soins n'ont pas encore de position commune sur le dentaire, mais Santéclair propose, à partir de l'état de la bouche du patient, d'instaurer un système de plafond annuel afin de permettre à chaque assuré de bénéficier de prothèses dentaires dans la limite de 1.300 à 1.500 euros. Cette enveloppe budgétaire pourrait couvrir quatre types de soins différents et non-cumulables :

  1. En cas de plusieurs dents manquantes, au-delà de deux dents par arcade, on pourrait proposer d'installer un ou deux appareils amovibles. Le but est de ne laisser personne avec des dents manquantes car c'est une priorité de santé publique dans le domaine dentaire.
  2. S'il manque une ou deux dents en bouche, Santéclair propose un panier constitué d’un bridge. Celui-ci serait en métal lorsque la dent manquante est placée sur le fond de la bouche, « une solution plus économiquement soutenable que la céramique pour les dents non visibles ».
  3. En revanche, s'il manque une seule dent sur le devant de la bouche, on peut imaginer un bridge céramo métallique, voire un implant.
  4. Lorsque le patient a des dents dévitalisées ou abîmées qu'il faut consolider, Santéclair propose que le zéro reste à charge s’applique à deux couronnes avec un inlay core si nécessaire.

Ces paniers ne seraient pas cumulatifs mais alternatifs. « Il est difficile de chiffrer le coût du reste à charge zéro sur le dentaire. En revanche, il est intéressant de réfléchir de façon alternative, dans le cadre de plafonds, car cela permet de limiter l'équation économique. C'est une façon plus astucieuse d'un point de vue actuariel et qui répond aux besoins en termes de santé publique », affirme Marianne Binst. Quoiqu'il arrive, les offres sans reste à charge dans le domaine dentaire vont augmenter inéluctablement la facture et par ricochet les cotisations.

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