L'assureur suisse Zurich Insurance, qui envisage de faire une offre sur son rival britannique Royal & Sun Alliance (RSA) Insurance, a publié jeudi des chiffres inférieurs aux attentes pour le premier semestre, plombé par des pertes dans l'assurance dommages.
Sur les six premiers mois de l'année, le bénéfice net s'est replié de 3% par rapport à la période comparable de 2014, à 2 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros), tandis que le bénéfice opérationnel a chuté de 15% à 2,2 milliards, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Les analystes interrogés par l'agence AWP tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 2,1 milliards de dollars et un bénéfice opérationnel de 2,5 milliards. L'assurance dommages, la plus grosse division du groupe, a vu son bénéfice opérationnel se contracter de 31%, à 1,1 milliard, en raison de pertes importantes au Royaume-Uni et dans les activités dédiées aux entreprises aux États-Unis.
S'y sont ajoutées des pertes plus élevées pour les catastrophes naturelles et les événements météorologiques ainsi qu'une hausse des dépenses, a précisé le groupe zurichois. Dans cette division, le ratio combiné, un indicateur de l'efficacité des assureurs, s'est établi à 98,3%.
Le bénéfice opérationnel dans l'assurance vie s'est par contre étoffé de 21% en monnaies locales, mais de 6% une fois converti en dollars, sur fond de hausse des primes encaissées. Les activités liés à la couverture des risques agricoles aux États-Unis ont quant à elles décliné de 5%.
Stefan Schuermann, analyste chez Vontobel, a jugé dans une note la performance de l'assurance dommages et des activités agricoles "décevantes", tout en soulignant le développement "positif" de l'assurance vie. Comme d'autres analystes, il a cependant salué l'objectif concernant les capitaux que le groupe souhaite redéployer.
Le groupe s'attend désormais à ce que ses réserves en espèces atteignent 3,5 milliards de dollars pour l'ensemble de l'année et 10 milliards pour la période 2014-2016, soit un montant supérieur à l'objectif initial de 9 milliards.
"C'est une bonne nouvelle au regard de la capacité à payer le dividende (et d'acquisition potentielle)", a commenté Stefan Schuermann. Zurich Insurance est sur le devant de la scène depuis qu'il a confirmé fin juillet s'intéresser à son rival britannique Royal & Sun Alliance (RSA) Insurance, en réponse à des rumeurs de marché.
"Nous pensons qu'une transaction pourrait apporter des bénéfices significatifs pour nous et nos investisseurs en termes de complémentarité des activités de RSA avec nos propres opérations et en termes financiers", a déclaré Martin Senn, le directeur général du groupe suisse, cité dans le communiqué de jeudi.
"Mais tout redéploiement de capital devra répondre aux mêmes obstacles que ceux que nous appliquons à tout autre investissement", a-t-il ajouté, tempérant ainsi les attentes quant au montant que le groupe pourrait débourser.
Des chiffres importants ont circulé dans la presse quant au prix que Zurich Insurance pourrait payer pour s'emparer de RSA, certaines sources avançant la somme de 5,6 milliards de livres (8 milliards d'euros).
Une telle acquisition permettrait au groupe suisse de se renforcer au Royaume-Uni, en Europe du Nord ainsi qu'en Amérique latine. Si cette opération aurait un sens d'un point de vue stratégique aux yeux de certains analystes, elle est cependant loin de faire l'unanimité.
"Nous ne pensons pas que l'acquisition de RSA créerait une valeur substantielle pour les actionnaires de Zurich", ont jugé les analystes de Bernstein dans une note, disant douter du niveau de retour sur investissement.
À voir aussi
Ouragans Hélène et Milton : Un coût de 360M $ pour Zurich Insurance
Résultats 2024 S1 : L'assurance vie porte Zurich Insurance
Paolo Ribotta (Zurich) : "La captive est un outil stratégique pour nos clients"
Grands risques : Zurich Insurance se développe en Inde