Le chiffre d’affaires de Groupama est en hausse pour l'exercice 2022. Entre programme de réassurance et cession d’actifs, le groupe jugule le recul de son résultat opérationnel et de son bénéfice net.
« Toutes les planètes sont alignées contre nous », a déclaré Thierry Martel, le directeur général de Groupama, avant d’énumérer la litanie des périls qui guettent les assureurs : la remontée de l’inflation, avec des coûts des sinistres payés bien après la perception des primes, et donc bien plus élevés que prévu, le choc des taux, « très violent » pour le secteur. Et bien sûr les risques climatiques, faits de catastrophes naturelles et autres épisodes de grêle qui à eux seuls ont coûté entre 5 et 6 milliards d’euros au secteur. Cette entrée en matière tranchait étrangement avec les quelques mots de Jean-Yves Pagès, président du groupe qui se disait juste avant « très fier des résultats ».
En fait, les performances de l’assureur se situent quelque part entre les deux et attestent surtout de situations très contrastées selon les marchés. Globalement, le chiffre d’affaires de l’assureur progresse de 4,3% à 15,9 milliards d’euros, porté en partie par la croissance fulgurante d’une filiale roumaine après la disparition d’un concurrent. « On est numéro un avec 30% du marché, l’activité a triplé en deux ans », indiquait, presque étonné, Cyril Roux, directeur général adjoint de Groupama. Mais en France, sur son métier d’origine, l’assurance de biens et de responsabilité, Groupama affiche aussi une activité en progression, avec un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros (+5,6%), où tous les segments sont au vert, de l’habitation à l’agricole en passant par l’auto et les entreprises et collectivités.
L’assurance de personnes patine un peu avec un chiffre d’affaires de 7,1 milliards d’euros en très modeste hausse de 0,7%. Ici, c’est la vie qui pêche : le chiffre d’affaires recule de 5,3% - traduisant notamment une décollecte de l’ordre du milliard d’euros sur les fonds en euros, que Groupama constate depuis plusieurs années et ne fait rien pour l’empêcher. Sur les autres métiers, santé et prévoyance, l’activité progresse assez nettement. « Avec 1,1 million de contrats en santé individuelle, Groupama est numéro deux sur le marché français », a expliqué Cyril Roux.
La réassurancce amortit le recul du résultat
En termes de performances économiques et financière, l’assureur présente aussi un bilan contrasté, ou mitigé, c’est selon. Le ratio combiné toutes activités confondues est à 99,4%, en détérioration de 1,6 point, et cette sinistralité élevée fait chuter le résultat opérationnel de 480 millions en 2021, à 349 millions d’euros en 2022.
Mais la politique de réassurance du groupe a adouci la chute, a longuement expliqué Thierry Martel. Le coût du climatique pour le groupe, évalué à 1,5 milliard, a pour moitié été cédé aux réassureurs, et la politique de tuilage mise en œuvre depuis quelques années, a un effet d’amortisseur qui va aplanir la brusque hausse des tarifs de réassurance. L’assureur a pris l’habitude de renégocier par moitié, mais tous les deux ans, sa réassurance, et n’a donc encaissé qu’à moitié le choc des renouvellements de la fin d’année.
Fonds propres en net recul
Enfin, en matière de contraste, c’est sur sa solvabilité que Groupama dévoile des chiffres étonnants. Les fonds propres en IFRS reculent de plus de 3 milliards, passant de 10,7 milliards fin 2021 à 7,5 milliards fin 2022. Ainsi, sous l’effet de la baisse des taux, les plus-values, majoritairement obligataires, se sont évaporées, et même plus : le portefeuille, en plus-value globale de 6 milliards d’euros fin 2021 était en moins-value de 4 milliards un an plus tard.
Les actions et l’immobilier, en dépit d’une cession très lucrative d’un immeuble sur les Champs-Elysées qui ont dopé le résultat exceptionnel et donc le bénéfice net, demeurent en plus-values. Mais en parallèle, la valeur des engagements s’est encore plus nettement contractée, et la marge de solvabilité s’améliore donc de 24 points à 207%. « Le contexte pour notre activité est très compliqué », a conclu Thierry Martel.
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