Retraites : "Le régime français, l’un des plus inégalitaires au monde"
Selon une enquête réalisée par l'institut Odoxa pour Groupama, les Français restent toujours frileux sur le nouveau système de retraites, puits d’inégalités femmes-hommes. Pour pallier ce problème, ils plaident notamment en faveur d'un PER interruption de carrière.
Un mois après son entrée en vigueur, « la réforme des retraites ne passe {toujours} pas ». Gaël Sliman, co-fondateur et président de l'institut Odoxa donne le ton. À l’occasion des troisièmes rencontres sur les retraites organisées par Groupama et Sapiendo, dirigeants, intellectuels et universitaires ont pointé du doigt une réforme « complexe » dans un système français à l’origine abscons. Il existe aujourd’hui 42 caisses de retraite en France. De quoi enchevêtrer les esprits. Et la nouvelle réforme n’arrange pas les choses. Selon une étude réalisée par l’insitut Odoxa pour Groupama, 69% des Français affirment avoir une vision moins claire de la retraite aujourd’hui qu’il y a un an.
« Ce manque de lisibilité augmente la défiance », a regretté Valérie Batigne, présidente de Sapiendo qui déplore par ailleurs un défaut d’indicateurs clairs. Ce qui explique « les comportements vociférants à l’encontre de la réforme, conséquence d’un texte mal préparé », a répliqué Bruno Palier, politiste au centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po et spécialiste des réformes des retraites. Mais de fait, un « système de retraites doit évoluer », a-t-il concédé. « Il s’agirait presque d’habituer la population à une régularité des réformes », complète Monika Queisser, cheffe de la division des politiques sociales de l’OCDE, membre du conseil d’orientation des retraites (COR). Le tout est de trouver un juste milieu. Or « si en France l’objectif était de mettre fin aux inégalités, c’est raté. Car le régime tricolore figure parmi les plus inégalitaires au monde », a-t-elle précisé.
Un système inégalitaire
Une vision ressentie par le panel sondé*. Selon le baromètre, 63% des Français estiment que cette réforme désavantage les femmes. Mais pour réduire ces inégalités, ils regorgent d’idées. Ils sont par exemple favorables, à 82%, à l’octroi de points de retraite complémentaires en cas d’interruption de travail liée à l’éducation des enfants ou au rôle d’aidant et à 77%, au transfert de droits entre conjoints. 76% des Français plaident par ailleurs pour la création d’un PER interruption de carrière.
En attendant, les Français se mettent en ordre de bataille pour préparer leurs vieux jours. Ils préfèrent à 59% épargner que travailler après l’âge légal de départ à la retraite. Un taux en hausse de 7 points sur un an. Dans le détail, ils privilégient l’épargne sur livret (30%), l’assurance vie (22%), l’épargne salariale (12%) ou encore l’achat de la résidence principale (27%).
Génération désenchantée
Les non-retraités mettent en moyenne 234 euros de côté par mois, une somme en hausse de 12 euros sur un an. Selon le baromètre, cette préparation financière a commencé avant le trentième anniversaire pour environ 30% des Français. Pour cause, les jeunes croient de moins en moins à un système de retraite par répartition. Le signe d’une génération désenchantée.
*Baromètre « Les Français et la retraite », vague 3, réalisé par l’institut Odoxa pour Groupama, auprès d’un échantillon de 4.020 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (sexe, âge, niveau de diplôme, profession, région). Ils ont été interrogés par Internet du 21 juin au 13 juillet 2023.
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