Santé : Alan boucle une nouvelle levée de fonds

Jean-Charles Samuelian, CEO d'Alan et Marc Raisière, CEO de Belfius.
Jean-Charles Samuelian, CEO d'Alan et Marc Raisière, CEO de Belfius.

Le français Alan, trublion numérique du marché de l’assurance santé, a levé 173 millions d’euros, dans une opération menée par le bancassureur belge Belfius qui le valorise à 4 milliards d’euros, a-t-il annoncé vendredi dans un communiqué.

« La gouvernance de l’entreprise est inchangée » et reste « contrôlée par les deux fondateurs, premiers actionnaires (Jean-Charles Samuelian et Charles Gorintin), qui détiennent avec les salariés plus de 40% du capital et la majorité des droits de vote », a précisé l’entreprise dans un communiqué.

L’ex start-up fondée en 2016, est désormais valorisée 4 milliards d’euros, un quasi-doublement par rapport à sa dernière levée de fonds en mai 2022, il y a un peu plus de deux ans (2,7 milliards d’euros). Nouvel arrivant dans l’assurance santé face à de vénérables poids-lourds mutualistes, paritaires, ou issus de l’assurance traditionnelle, Alan vend des contrats collectifs, ses clients étant des entreprises ou organismes qui le proposent comme complémentaire santé à leurs salariés.

Rentabilité en 2026

La société dirigée par Jean-Charles Samuelian, qui compte environ 600 salariés, affiche une forte croissance depuis sa création, avec un modèle de fonctionnement reposant très fortement sur le numérique et désormais l’intelligence artificielle. Fin 2023, son chiffre d’affaires annuel atteignait 350 millions d’euros, en croissance de 38% sur l’année précédente, pour 59 millions euros de perte.

Alan vise l’équilibre pour ses activités françaises en 2025 et la rentabilité en 2026. L’entreprise, qui revendiquait 500.000 assurés début 2024, a franchi cette année une nouvelle étape en remportant les marchés du ministère de la Transition écologique et des services du Premier ministre.

A partir du 1er janvier, les fonctionnaires dépendant de ces ministères commenceront à être couverts par Alan pour leur complémentaire santé, soit 60.000 pour le ministère de la Transition écologique, et 4.900 pour les services du Premier ministre.

En bisbille avec la MGEN

La MGEN, la mutuelle de l’éducation nationale, perdante contre Alan dans l’appel d’offres du ministère de la Transition écologique a tenté de s’opposer devant le Conseil d’Etat, sans succès pour l’instant. Plusieurs syndicats – la CGT, FO et la FSU – ont protesté contre le choix d’Alan, estimant que le choix d’un « organisme financier non solidaire (…) fragilisait la protection sociale complémentaire de santé des Français ».

Selon Jean-Charles Samuelian, Alan est candidat à d’autres appels d’offres de ministères, et compte aussi viser la clientèle des fonctions publiques territoriales et hospitalières. Belfius, le nouvel arrivant dans l’actionnariat d’Alan, est l’ancienne filiale belge de Dexia, dont l’Etat belge avait pris le contrôle après l’effondrement du groupe durement frappé par la crise financière de 2008.

Belfius se définit aujourd’hui comme un bancassureur, avec une clientèle d’institutions publiques et d’entreprises, et affiche aujourd’hui un bénéfice net annuel de 1,115 milliard d’euros. Il distribuera les produits d’Alan en assurance santé.

Outre le nouvel arrivant Belfius, l’actionnariat d’Alan compte aussi des fonds d’investissements français et étrangers comme le fonds souverain singapourien Temasek ou OTTP, le fonds de pension des enseignants de l’Ontario

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